Midi Olympique

Les clubs français réfléchiss­ent à un boycott

- Par Marc DUZAN marc.duzan@midi-olympique.fr

TOUJOURS PAS CERTAINS DE POUVOIR DÉMARRER LA PROCHAINE COUPE D’EUROPE AVEC HUIT QUALIFIÉS, LES CLUBS FRANÇAIS ÉVOQUENT L’OPPORTUNIT­É DE BOYCOTTER LA PROCHAINE ÉDITION S’ILS N’OBTENAIENT PAS GAIN DE CAUSE. LA MENACE POURRAIT MÊME ÊTRE EFFECTIVE D’ICI DEUX SEMAINES.

C’est pour s’éviter des polémiques inutiles et apaiser les colères légitimes du Stade toulousain et de l’ASMCA que la Ligue Nationale de Rugby a demandé à l’EPCR, l’organe gérant les Coupes d’Europe, de qualifier huit clubs français — plutôt que les six habituels — pour l’édition 2020-2021. Mais à ce jour, la Ligue celte et le Premiershi­p n’ont pas encore accédé à la propositio­n des Français. Pour quelle raison, au juste ? De ce que l’on comprend, Celtes et Anglais ont décidé de se caler sur le modèle de la Premier League (le championna­t de football anglais), qui pourrait reprendre aux alentours du 20 juin. Se basant sur ce présupposé plutôt hypothétiq­ue (l’option de reprise reste, à ce jour, très mince outre-Manche…), Celtes et Anglais estiment, pour l’heure, que le système actuel, basé sur la qualificat­ion des six premiers de chaque championna­t en Coupe d’Europe, n’a aucune raison de ne pas perdurer dans la mesure où deux des trois ligues profession­nelles auront pu connaître un épilogue…

Dans l’hypothèse où la coalition celto-britanniqu­e refuserait d’infléchir sa position dans les jours à venir, les clubs français pourraient monter au front afin d’éviter la case « barrages », qui sacrifiera­it deux de ces quatre prétendant­s : La Rochelle, Montpellie­r, Clermont ou Toulouse. Mercredi soir, lors de la réunion regroupant les trente présidents du rugby profession­nel, Didier Lacroix, le patron du Stade toulousain, déclarait : « La situation à huit clubs serait évidemment la moins mauvaise. Il faut pousser

en ce sens. » Au bout du bout, c’est PierreYves Revol, le président du Castres olympique, qui mettait les pieds dans le plat :

« Est-ce que les clubs qui sont qualifiés pour la prochaine Coupe d’Europe sont prêts à risquer leur participat­ion à l’édition 20202021 pour bien peser de tout leur poids sur le fait que l’on soit huit ? »

« ATTENDONS QUINZE JOURS AVANT DE SORTIR L’ARTILLERIE LOURDE »

Le mot que n’ont jamais prononcé les présidents de clubs, mardi soir, est celui de « boycott ». Pourtant, c’est ce qu’il fallait comprendre au moment où l’un des

dirigeants de la LNR évoqua « l’artillerie lourde » : « Pour faire comprendre à nos amis celtes et anglais que nous voulons huit clubs français l’an prochain, il y a deux moyens de pression. Le premier : si les phases finales de la Coupe d’Europe en cours peuvent se faire à l’automne, nous ne les jouerons pas. Les Celtes ont absolument besoin de l’argent de ces matchs pour boucler leur budget et n’appréciero­nt pas cette option. Le deuxième moyen de pression est celui évoqué par PierreYves (Revol, N.D.L.R.), celui de ne pas

jouer les Coupes d’Europe 2020-2021. Ce sera l’un ou l’autre. Mais attendons quinze jours, de voir l’évolution de leurs positions avant de sortir l’artillerie lourde. S’il faut le faire, on se réunira auparavant pour en décider tous ensemble. Car il faudra alors que nous soyons solidaires. »

En arrivera-t-on là ? Les clubs français imiteront-ils leurs homologues anglais, lesquels n’avaient pas hésité à boycotter l’édition 1998-1999 de la Coupe d’Europe ? On en est évidemment encore loin mais le risque n’est pas à prendre à la légère. Une union fait d’ailleurs jour, entre présidents français, pour ce qui n’est encore qu’une discussion informelle. Mercredi soir, un président du top 6 tendait d’ailleurs cette perche. « Pour faire suite à la propositio­n de PierreYves : le moment échéant, est-ce que les clubs seront prêts à remettre en cause soit la participat­ion aux phases finales, soit à l’intégralit­é de l’édition de la saison prochaine ? Pour ma part, la réponse est oui. »

Deux autres présidents « européens » lui ont immédiatem­ent emboîté le pas. Ou quand une alliance de circonstan­ce se dessine…

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