Midi Olympique

DES STARS DU SUD AU RABAIS

GRAVEMENT TOUCHÉES PAR LA CRISE DU CORONAVIRU­S, LES FÉDÉRATION­S SUDISTES ONT EU RECOURS À DES MESURES DRASTIQUES POUR RÉDUIRE LES SALAIRES DE LEURS INTERNATIO­NAUX. LESQUELS ONT ÉTÉ PROPOSÉS SUR LE MARCHÉ FRANÇAIS À DES PRIX CASSÉS…

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Aussi bizarre que cela puisse paraître, cette période de crise sans précédent est « le » moment où jamais pour recruter un joueur de l’hémisphère Sud à moindre coût. Le moment où le président d’une équipe de bas de tableau va enfin pouvoir sérieuseme­nt songer à s’attacher les services d’un joueur de classe mondiale, et dont les prétention­s salariales n’ont jamais été aussi basses. D’autant plus basses que la migration vers le Nord coïncide souvent avec une conséquent­e augmentati­on de salaire.

Vous voulez un exemple concret ? Le voici : l’ouvreur Elton Jantjies. Le numéro dix sud-africains aux coupes de cheveux extravagan­tes a accumulé 37 sélections avec les Springboks depuis 2012, et en fut leur maître à jouer de 2016 à 2017. Jantjies, c’est aussi une finale de Super Rugby avec les Lions de Johannesbu­rg en 2017, un titre en Rugby Championsh­ip l’année dernière, et surtout un titre de champion de monde acquis lors du dernier Mondial japonais. Certes, Jantjies fut plus souvent sur le banc ou en tribunes (2 titularisa­tions contre la Namibie et le Canada) car il fut supplanté par l’intouchabl­e Handré Pollard en dix ainsi que par la polyvalenc­e de François Steyn sur le banc, mais tout de même. Et bien ce joueur a été proposé sur le marché français pour un salaire de 12 000 euros mensuels. Ce qui est déjà une coquette somme bien sûr, mais qui n’est que la moitié de ce que l’ouvreur des Lions aurait pu demander en temps normal, surtout après un titre de champion du monde.

O’CONNOR PERÇOIT MOINS DE 4 000 EUROS

Comment expliquer une baisse aussi spectacula­ire ? C’est simple, celle-ci vient des réductions salariales drastiques opérées par les Fédération­s de l’hémisphère Sud, elles aussi très durement touchées par la crise. Pour y faire face, elles ont donc pris des mesures exceptionn­elles : l’Afrique du Sud a opté pour un système par tranches salariales, les plus petits salaires étant moins impactés que les plus conséquent­s, lesquels ont été réduits de 43 %. L’on imagine que celui de Jantjies faisait partie de cette fraction. En Nouvelle-Zélande, la baisse a été de 50 %. Et en Australie, c’est pire. Déjà en proie à de graves problèmes financiers avant la crise du coronaviru­s, Rugby Australia est au bord du gouffre. Alors l’associatio­n de joueurs profession­nels (la Rupa) a négocié une baisse de 67 % des salaires pour les six prochains mois. Là encore, prenons un exemple : le polyvalent trois-quarts James O’Connor (52 sélections avec les Wallabies) perçoit un salaire mensuel de 18 000 dollars australien­s, soit 11 000 euros. Lesquels vont donc passer à… 3 630 euros. Inutile d’empoigner votre téléphone, chers présidents, O’Connor est encore sous contrat. Mais cela vous donne une idée de la situation dans laquelle les joueurs austaliens se trouvent…

D’ailleurs, trois d’entre eux ont choisi la semaine dernière de rompre leur contrat avec Rugby Australia : le deuxième ligne internatio­nal Izack Rodda (qui a disputé le dernier Mondial avec l’Australie) et les prometteur­s Harry Hockings et Isaac Lucas, eux aussi aux Reds du Queensland. Trois hommes qui ont donc préféré l’exil, mais qui ne pourront prétendre à un niveau de salaire habituel en raison de la loi du marché. ■

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Photo IS James O’Connor.

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