Retours au stade
Les débuts de saison ont toujours une saveur particulière. Un peu comme les plats de famille que l’on savoure avec plaisir mais en notant aussi la moindre différence de goût. Celle qui arrive va être exceptionnelle car elle combine la fin et le début de deux épisodes. Souvenons-nous un instant des atmosphères (prononcez-le comme Arletty !) des retours au stade après le bouquet du feu d’artifice que représentent la finale du championnat et le soulevé du « bout de bois » Anciennement c’était au Parc des Princes, si bien nommé. Quelques souvenirs personnels de rentrée qui feront, sans doute, réapparaître les vôtres. C’était au Stade de Bon Rencontre (où l’ami Mourad a un moment envisagé de déposer ses valises) un match amical ou universitaire plutôt. Nous découvrions Jean Michel Capendeguy, venant de SaintJean-de-Luz : avec Jo Maso, international à XIII des Catalans, ils formaient la paire de centres. Ce fût merveilleux de talent, de classe : passes croisées, sautées, cadrage débord. Ils évoquaient les Boni (Jo remplacera Dédé en équipe de France) et le même destin tragique frappera Capendeguy, en TR4 que Guy Boniface sur les routes landaises. Unis par le brio et l’accident. Lors de ce match de début de saison, nous rêvions tous des beaux moments que ces deux esthètes allaient nous faire vivre Deux capes pour Capendeguy avant la tragédie. Un autre arrivant, plus tard, farouche combattant du pays des bocks, trop tôt disparu. Avec Montde-Marsan,
la saison précédente, il avait fait l’unanimité du pack toulonnais pour sa bravoure. Éric Melville, qui parlera avec un délicieux accent, le nôtre. Renforçant encore, si besoin était, son adaptation, son inclusion dans l’équipe.
Vive les accents et saluons celui, rassurant, réjouissant de notre Premier ministre, Jean Castex, du Gers et Gascon comme le prouve son nom. Ces recrutements d’antan n’avaient rien à voir avec la course à l’armement d’aujourd’hui. On venait pour la vie, pour un métier, un commerce, une union. Éric Melville est à jamais toulonnais, comme Éric Champ l’a toujours été Et si Jo Maso retournera à Narbonne puis à Perpignan, il garde dans sa mémoire les paquets de cigarettes « les rouges petit » du Président Meiffret qui lui laissait la monnaie. Autre temps que l’on peut trouver paternaliste mais à cette époque les enfants venaient gratuitement au stade quand leur père était abonné et les sirops étaient gratuits dans les bistrots de troisième mi-temps Paternaliste ou intimiste, poétique ? Cette nostalgie, loin d’être une gêne, nous autorise l’attente furieuse des retours de saison. Comme les enfants, qui chez leurs grands-parents, ont accès libre au bol à bonbons (pour moi c’était : cerises à l’eau-de-vie, chut !). On verra qui sera champion de cette drôle d’année. Les nouveaux venus comme Capendeguy, Maso et Melville deviendront vite nos joueurs de notre club. Finalement, le retour au stade ressuscite les amis disparus comme un retour à la vie. ■