« Devant ces tribunes vides, j’avais l’impression d’être revenu en espoirs... »
PIERRE-LOUIS BARASSI - Centre de Lyon DÉJÀ TRÈS EN JAMBES, L’INTERNATIONAL TRICOLORE NOUS A CONFIÉ SES SENSATIONS POUR SON RETOUR AU JEU.
Après pratiquement six mois d’arrêt, vous voilà enfin redevenu joueur de rugby… Qu’avez-vous retenu de cette première sortie ?
C’est très mitigé, en fait. Ça fait énormément de bien au moral, mais c’est aussi très bizarre. On avait beau être prévenu, ça faisait drôle d’arriver avec le masque et de ne pouvoir l’enlever que dans les vestiaires, de voir tous les spectateurs masqués aussi, auxquels on ne peut plus parler à la fin du match, découvrir tous ces nouveaux protocoles… Ce sont malheureusement des habitudes que l’on va devoir prendre car on sait que le virus risque encore de tourner pendant quelque temps, mais quand on les découvre pour la première fois, cela fait vraiment bizarre.
Ressentez-vous une forme de frustration par rapport à cela ?
Ce n’est pas frustrant, c’est juste différent. Ce sont des choses que l’on n’a jamais connues, on découvre. À jouer devant des tribunes aussi vides, j’avais l’impression d’être revenu en espoirs, jusqu’aux premiers contacts. Là, c’est toujours comme avant. Après six mois d’arrêt, on a forcément envie de tout donner et ça s’est ressenti.
Le terrain demeure finalement le seul endroit où, le temps d’un match, on parvient enfin à évacuer ce drôle de contexte…
C’est exactement cela. Le match, c’est le seul moment où on oublie le contexte, la Covid-19, la pandémie, tout ça, et ce n’est que du plaisir. On est 15 contre 15 sur le terrain, on joue, c’est génial. Rugbystiquement parlant, il y a eu de très bonnes choses, d’autres beaucoup moins. On a beaucoup accumulé de travail physique durant tout l’été, et ça aussi, c’est nouveau pour nous, une si longue intersaison durant laquelle on a pu bien travailler et soigner nos petits bobos… Mais maintenant, il s’agit de remettre la machine en route. On a bien vu que pour l’instant, on n’a pas beaucoup plus qu’une mitemps dans les jambes.
Qui dit nouvelles saison dit nouvelles règles. Au vu du nombre de pénalités sifflées ce soir, on se dit que l’adaptation aux nouvelles consignes dans le jeu au sol risque de prendre du temps…
Il y a eu beaucoup de fautes mais cela m’a plutôt laissé une bonne impression, j’avais l’impression que le jeu était un peu plus fluide. Mais peut-être que cela était aussi dû au contexte, puisque beaucoup de pénalités ont été jouées à la main. La seule certitude, c’est qu’il va très vite falloir s’adapter.
Propos recueillis par N. Z. ■