Midi Olympique

« Ne pas tomber dans le piège de la généralisa­tion »

ROBINS TCHALE-WATCHOU - Président de Provale

- Propos recueillis par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Après l’épisode du Stade français et les nouvelles annulation­s de matchs amicaux, comprenez-vous les voix qui avancent que les rugbymen ne prendraien­t pas suffisamme­nt leurs responsabi­lités face à la recrudesce­nce de la pandémie ?

Dire que le rugby est davantage touché que les autres parce que les joueurs sont moins sérieux que dans les autres sports, c’est un raccourci beaucoup trop facile, suivi probableme­nt par des gens qui ont le nez dans le guidon. Mais il s’agit parfois de lever la tête et de prendre un peu de recul. D’abord, il y a une part de risque naturelle puisque l’on fait face à une pandémie, dont les joueurs ne sont pas épargnés. Et ensuite, même si nous évoluons dans des processus très stricts, les joueurs n’en interagiss­ent pas moins a minima avec leurs familles, qui sont elles-mêmes exposées au virus par ailleurs !

Au vu de leur statut, ne peut-on toutefois pas attendre davantage d’efforts de leur part que de tout citoyen lambda ?

Les joueurs ont pris leur part face à cette situation exceptionn­elle, que ce soit au sens propre ou au sens figuré. Ils ont fait ce qu’il fallait faire en concédant des diminution­s de salaire et en prenant de nouvelles habitudes. Je suis intimement convaincu que l’immense majorité des joueurs respectent à la lettre les procédures qu’on leur impose. Après le confinemen­t et la période de réathlétis­ation qui a suivi, je pense qu’aucun d’entre eux n’a envie de revivre ça, et qu’ils font tout pour l’éviter.

Certaines photos publiées ces derniers temps sur les sociaux laissent pourtant entendre le contraire…

Évidemment qu’il peut y avoir ici et là des égarements. C’est vrai qu’on a constaté ici et là des dérives. Mais le style de vie qu’on aime tous et qui va traditionn­ellement avec le rugby n’est plus celui de l’immense majorité des joueurs, je vous le garantis. Ils ont bien pris conscience qu’il fallait faire très attention. Une fois encore, je ne pense pas que si le risque épidémiolo­gique est plus fort dans le rugby qu’ailleurs, ce n’est pas parce que les joueurs ont de mauvais comporteme­nts. Rien ne dit par exemple que ce ne sont pas les autres composante­s de la vie d’un club qui y amènent aussi le virus, qui ne sont pas nécessaire­ment pris en photo lorsqu’ils commettent des imprudence­s.

Pensez-vous qu’il puisse y avoir, parmi la communauté des joueurs, des opposants au port du masque ?

Mais c’est la nature humaine qui est ainsi faite. Aujourd’hui encore, il y a des gens dans la société civile qui sont contre le port du masque. Pourquoi ce fait de société-là épargnerai­t le rugby ? Partout, il y a des brebis galeuses, mais il ne faut pas tomber dans le piège de la généralisa­tion. Le risque zéro n’existe pas, on ne peut que faire notre maximum en respectant des protocoles et des gestes barrières. Il y a eu des clusters, il y en aura probableme­nt encore. On va vivre avec ce virus pendant encore plusieurs mois, peut-être plusieurs années, il faut s’y faire. C’est d’ailleurs l’objet du courrier que j’ai envoyé à l’ensemble des joueurs pros : « ayez l’intelligen­ce du coeur de préserver votre santé, votre famille et votre club ». Parce qu’il en va bien sûr de leur santé mais aussi de la pérennité de leurs emplois. On l’oublie un peu, mais si le championna­t ne devait pas repartir, les joueurs en seraient les premiers impactés.

Qu’attendez-vous du nouveau protocole médical en vue de la reprise des compétitio­ns, qui devrait être annoncé en début de semaine ?

C’est le sujet du moment, nous devons encore avoir plusieurs réunions avant de l’officialis­er. Je veux profiter de cette occasion pour saluer le travail de la LNR dans la gestion de cette crise, celui des différente­s commission­s médicales ainsi que la façon dont les différents partenaire­s sociaux ont traversé cette épreuve inédite. Il est évident que nous avons dû naviguer à vue face à cette crise. Aujourd’hui, on veut se servir de notre petit recul pour mettre en place quelque chose qui soit à la fois sécuritair­e et faisable pour que les compétitio­ns puissent reprendre dans la meilleure équité sportive.

« On l’oublie un peu, mais si le championna­t ne devait pas repartir, les joueurs en seraient les premiers impactés. »

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