Midi Olympique

Gunther : « Je n’ai pas besoin d’être un bodybuilde­r pour jouer au rugby »

PIERRICK GUNTHER A ÉTÉ TOUCHÉ PAR L’ACCLAMATIO­N QU’IL A REÇUE À SA SORTIE, VENDREDI SOIR FACE À AGEN. LE FLANKER SE CONFIE SUR SA RENAISSANC­E, QUI S’EXPLIQUE EN PARTIE PAR UNE MÉTAMORPHO­SE PHYSIQUE.

- Propos recueillis par Simon VALZER, envoyé spécial simon.valzer@midi-olympique.fr

Avez-vous une idée du nombre de plaquages que vous avez réalisé face à Agen ?

Je n’en sais rien ! On n’a pas les chiffres directemen­t en rentrant aux vestiaires mais je dirais une bonne vingtaine car j’ai les épaules qui brûlent !

Comment avez-vous vécu vos retrouvail­les avec le Hameau ?

Très bien, et surtout par rapport à ce qu’il s’est passé à la fin, quand je sors… Ça m’a fait énormément plaisir.

Vous avez été acclamé comme rarement…

Comme Colin (Slade, N.D.L.R.) l’an dernier quoi ! Cela m’a vraiment touché. Mais vraiment. Je ne sais pas si cela vient du fait que j’ai trente ans ou que je suis jeune papa, mais en ce moment je suis vraiment sensible ! L’autre jour, je me suis mis à pleurer juste en voyant ma fille après un match amical ! (rires) J’ai été impression­né par cette ovation, je ne m’y attendais vraiment pas. J’ai eu la larme à l’oeil.

Nicolas Godignon a dit que le confinemen­t vous avait fait du bien car il vous a permis de souffler physiqueme­nt…

C’est vrai que je n’ai rien fait du tout pendant un mois et demi. Je n’ai pas de matériel de musculatio­n à la maison mais je n’ai même pas couru non plus. C’est la première fois que cela arrivait. Ma fille venait de naître donc l’entraîneme­nt n’était plus ma priorité. Avec ma compagne, on était à fond, concentrés sur le bébé. Quand je suis revenu du confinemen­t, tout le monde s’est foutu de ma gueule…

Pourquoi ?

Parce que je suis retombé en dessous de 100 kg, alors que la saison précédente j’étais à 115 ! J’ai vraiment fondu musculaire­ment mais, bizarremen­t, je me sentais super bien. Avec le recul, je pense que ma masse musculaire me handicapai­t. Aujourd’hui je suis à 104, 105 kg. Je n’ai pas pesé ce poids depuis que j’ai 16 ans.

Et sur le terrain ?

Cela change tout. Je me déplace tellement mieux… J’avais peur de subir sur les impacts, mais en réalité pas du tout. J’en suis resté bête. J’arrive à repousser mes adversaire­s sur les plaquages… Je me dis que finalement c’est peut-être mon vrai poids de forme. Le seul problème, c’est que j’ai dû attendre mes 30 ans pour l’apprendre…

Cette obsession de la masse musculaire et de la musculatio­n vous rassurait-elle par le passé ?

C’est un peu dans ma culture. Je viens de Toulon, et là-bas on est très là-dessus : faut être solide, balèze, gaillard... J’ai eu ce schéma-là. Cela m’a servi pendant mes deux premières années car cela m’a permis de me faire remarquer et de jouer des matchs importants, mais je pense que cela m’a handicapé : j’ai eu des tas de blessures, de tendinites... Je réalise aujourd’hui que je n’ai pas besoin d’être un bodybuilde­r pour jouer au rugby.

Est-ce la première fois que l’on vous remet le béret d’homme du match ?

Oui, c’était la première fois. Je ne le convoitais pas. Je voulais juste que mon corps me laisse tranquille pour que je puisse enfin enchaîner des rencontres. Ce béret et cette acclamatio­n m’ont touché. Mais ce qui compte le plus à mes yeux c’est d’enchaîner deux matchs de suite. Ça faisait un petit moment que je me disais « merde, je ne suis pas kiné à la fin, je suis rugbyman pro ! »

J’aime mes kinés il n’y a pas de souci, mais ma place n’est pas à l’infirmerie.

Qu’est-ce qui a changé dans vos entraîneme­nts ?

C’est drôle à dire mais on s’amuse beaucoup à chaque début de séance. On fait des jeux, on se chambre, on se marre mais d’un coup, on arrive à basculer pour redevenir très sérieux et concentrés.

Et qu’est-ce qui a changé dans l’organisati­on défensive paloise ?

On veut avancer sur tous les impacts. Le mot-clé, c’est avancer. Sur les courses, sur les plaquages. On veut transperce­r les adversaire­s, dominer les plaquages. On veut que ce soit une force. Et puis le groupe se connaît, se fait confiance. Et ça change tout. Quand on connaît bien ses partenaire­s, on peut monter plus fort et faire de meilleurs plaquages. Nous n’avons pas eu de gros recrutemen­ts, mais ça fait un moment qu’on joue et qu’on s’entraîne ensemble. J’ai le sentiment que cette saison, le groupe est plus soudé que jamais.

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