Nevers, la jeunesse brille
POUR LEURS RETROUVAILLES AVEC LEUR PUBLIC, LES NIVERNAIS ONT MONTRÉ UN TOUT AUTRE VISAGE QU’À GRENOBLE ET SE SONT IMPOSÉS EN PUISSANCE, ET AVEC LE BONUS, FACE À VALENCE-ROMANS (33-11).
En dominant sans coup férir (33-11) une équipe de Valence-Romans attendue avec une vigilance un poil tendue, après son éclatant succès liminaire face à Colomiers, Nevers a exorcisé son cauchemar de la saison précédente : recevoir une gifle pour son premier match à la maison, cuisante sur le moment et lancinante pendant quelques semaines. Le retour au Pré-Fleuri pouvait d’autant plus inspirer d’appréhension au manager Xavier Péméja et à ses troupes que celles-ci n’avaient pas offert un visage rassurant lors de la 1re journée, avec une morne défaite (27-17) rapportée de Grenoble. L’envie de se racheter et de ne pas gâcher le plaisir des 3 500 supporters socialement distants dans les généreuses tribunes du Pré-Fleuri a été évidente vendredi soir.
LA JEUNESSE AU POUVOIR
Certes, tout n’a pas été parfait pour ce troisième match depuis début mars mais les Neversois ont montré à leurs collègues de Pro D2 qu’il faudra leur marcher sur le ventre pour espérer repartir de la Nièvre avec la victoire. Être intraitable à la maison est en effet l’objectif assigné par Xavier Péméja à ses hommes pour toucher en fin de saison régulière l’ambition du club : se classer dans les quatre premiers.
Conquis à la force du pack - quatre essais sur pénaltouche et le cinquième de pénalité grâce à sa mêlée, le succès bonifié a fait vibrer le Pré-Fleuri avec une poignée d’actions d’éclat de ses troisquarts menés par la charnière inédite et juvénile Guillaume Manevy-Tanguy Ménoret. La sobre vivacité du premier, revenu dans son club formateur après une année constructive à Aubenas-Vals (Fédérale 1), s’est joliment associée à l’audace et à la vista du second, bluffant de justesse dans l’initiative comme dans l’animation à 19 ans seulement.
Avec l’espoir parti déçu du Stade toulousain cet été, le staff neversois bénéficie d’une solution qui n’a rien de rechange à l’ouverture, où le départ du diamant Zack Henry vers Leicester pouvait susciter quelque inquiétude. Entre la recrue sud-africaine Shaun Reynolds, touché pendant la préparation et espéré dans le groupe la semaine prochaine, « l’ancien » Nicolas Vuillemin et le « millénial » décomplexé passé sans trembler de Balma (Fédérale 2) aux chocs du Pro D2, le club des bords de Loire ne semble pas à l’étiage sur ce poste.
EN DANGER EN AIX
Mais il faut bien plus qu’une heure de chef d’orchestre inspiré et un succès flatteur à la maison pour faire tourner la tête, blanchie sous le harnois, de Xavier Péméja. L’homme, qui observait avec un sourire amusé l’aimantation médiatique (relative, quand même) autour de son jeune talent après le match, a le cuir suffisamment tanné par le métier pour savoir qu’il est prématuré de sculpter le socle d’une idole et plus encore de jeter des pétales de rose sur le chemin menant aux phases finales.
Le voyage à risque chez le leader surprise de Provence Rugby, jeudi, promet d’être instructif sur le mental et le physique des Neversois, avant la réception, tout aussi piégeuse, de Soyaux-Angoulême, l’équipe même qui avait assommé le Pré-Fleuri il y a un an, pour le premier match. L’occasion de chasser pour de bon les fantômes de la saison passée et de se poser pour un moment parmi les croque-mitaines du championnat.