Des Bretons renversants
MENÉ DE DIX-SEPT POINTS DÈS LA REPRISE, LE RCV A RÉUSSI À S’IMPOSER SUR LE FIL DANS UN FINAL ÉTOURDISSANT DEVANT UNE FORMATION DE BÉZIERS QUI JURA MAIS UN PEU TARD…
Quatre victoires sur les cinq premières journées : le RC vannetais aurait-il un parcours de futur champion ? Il s’en garde bien, préférant jouir du bonheur de l’instant. Et du bonheur, il a en pris et en a aussi beaucoup donné à son public en transe dans les dernières minutes d’un match à suspense contre Béziers. Les Audois pensaient l’affaire conclue à dix minutes de la fin en menant de sept points (26-19). Mais c’était sans compter sur la rage de Bretons fouettés dans leur orgueil d’être ainsi malmenés sur leurs propres terres, qui se sont mis « minables » pour renverser la vapeur. « Vous avez montré que vous en aviez ! », a rapporté Rémy Picquette, allusion au premier commentaire d’un entraîneur qui saluait la performance collective. « À la pause, il fallait changer le scénario. Il fallait remettre un peu la main sur le déroulement. Nous étions dans le piège de notre adversaire. Notre période initiale n’a pas été bonne sur deux aspects : ne pas être sorti proprement de notre camp et n’avoir pas assuré sur nos renvois, trop courts, qui nous ont mis en difficulté. Nos faiblesses n’étaient pas celles du groupe, tant au niveau de l’engagement physique que de la détermination, mais bien de la qualité de Béziers qui a très bien exploité nos carences. Notre stratégie dès la reprise était de taper loin, d’avoir un rideau qui montait au-delà des 50 mètres. Car on savait que Béziers, sur cette stratégie, nous redonnerait le ballon sur des coups de pied de dégagement. Et à ce petit jeu, Nick (Abendanon, N.D.L.R.) a les qualités et l’expérience qu’il faut », détaillait
Jean-Noël Spitzer.
FIN DE MATCH À LA HITCHCOCK
C’est même seulement après l’heure de jeu. Car jusqu’alors, et alors qu’ils avaient encore la tête dans le seau, les Morbihannais ont relevé un défi que d’aucuns pensaient irréalisable. « Dans les vingt dernières minutes, il n’y avait plus de calcul à faire. Il fallait tout donner. Le public nous a portés. C’est aussi lui qui nous fait gagner. C’est la plus belle victoire
dans les émotions. Sans doute pas dans le contenu et le contrôle », confessait Rémy
Picquette.
Dans ce match assez fermé, Grégory Bazin ne boudait pas son plaisir : « On se réveille à partir de la 60e minute. Nous avons repris la main sur le jeu. Et on voulait leur montrer un autre état d’esprit. Sur les dernières minutes, nous avons senti que cette victoire était possible. » Les deux essais de Duplenne (70e, 76e) remirent en selle un XV breton alors sur un nuage, revenu à égalité (26-26) à quatre minutes du terme. Et ce avant l’apothéose du drop-goal de Popelin à deux secondes de la sirène. Pour Spitzer, « il fallait avoir les c… pour tenter. Un excellent choix.
« Pop » a cette qualité. » Devant un public médusé et admiratif par tant de culot, le RCV signait sa plus belle victoire de la saison. Et Béziers de repartir avec le seul bonus défensif, après avoir entrevu la victoire pendant plus d’une heure. Frustrant, à se taper la tête contre les murs…