Midi Olympique

En 2007, le rêve fracassé des Bleus dans « leur » Mondial

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TREIZE ANS JOUR POUR JOUR APRÈS LA DEMIE-FINALE PERDUE FACE À L’ANGLETERRE AU STADE DE FRANCE, RETOUR SUR LA COUPE DU MONDE 2007. CE FUT UNE GROSSE DÉCEPTION POUR LES BLEUS, MAIS UN DÉBUT DE MONTÉE AU FIRMAMENT POUR LE RUGBY DES CLUBS FRANÇAIS. DOSSIER RÉALISÉ PAR JÉRÔME PRÉVÔT

Il y a treize ans, la France perdait sa demi-finale de Coupe du monde à domicile face à l’Angleterre. Ce fut la fin brutale d’un rêve et l’épilogue d’une époque. Celle de Bernard Laporte sélectionn­eur, huit ans clairement fastes pour les Bleus, menés avec du charisme, des coups de gueule tout sauf aseptisés et servis par quelques talents providenti­els. À l’époque, on avait vraiment cru que les Bleus pouvaient aller au bout, l’équipe de France était encore une puissance dominante du rugby mondial. Elle avait réussi deux grands chelems en 2002 et 2004, elle avait gagné le Tournoi 2007. Elle se sentait encore capable de battre les All Blacks (lire ci-dessous). En 2006, on avait encore battu les Springboks chez eux et sur le sol français, les Australien­s, nos bêtes noires, ne venaient quand même pas la fleur au fusil.

UN XV DE FRANCE ENCORE SUR LE TOIT DU MONDE

Avec le recul, ce qui nous frappe le plus, c’est que sous le maillot bleu évoluaient des gars dont on se disait qu’ils avaient leur place dans une vraie sélection mondiale pour affronter la Planète Jupiter, ou plus modestemen­t, dans la sélection néo-zélandaise. Les Dominici, Jauzion, Pelous, Michalak, Ibanez, Harinordoq­uy, le monde entier nous les enviait… La France avait obtenu l’organisati­on du Mondial en 2003, à Dublin à l’issue d’un vote historique de l’Internatio­nal Board : 18-3 à mains levées au nez et à la barbe des Anglais, persuadés de se gaver une fois de plus. Même le Japon, allié traditionn­el les avait lâchés. « C’est un schisme, c’est une révolution, c’est la victoire du rugby universel », avait commenté triomphale­ment Bernard Lapasset, alors président de la FFR. Pour la première fois, la compétitio­n échappait au monde anglosaxon. Pourtant, jusqu’au bout, on avait fait croire que Rupert Murdoch influencer­ait les fédération­s sudistes pour voter contre le projet bleu-blanc-rouge. Ce n’était qu’un fantasme. La Coupe du monde 2007 serait bien célébrée dans la langue de Molière plutôt que celle de Shakespear­e… Et l’événement fut à la hauteur des espérances, nous reviennent des images et des sensations de kermesse nationale, des équipes reçues avec chaleur dans toutes les régions, des stades remplis à 90 %, des fan zones pleines de liesse. Les médias avaient su se mobiliser derrière les Bleus avec comme figure de proue, Sébastien Chabal, interrogé comme un chef d’État par Claire Chazal au 20 heures de TF1. Quelle ascension médiatique ! Au coeur de l’été, le troisième ligne barbu et chevelu fut promu au rang d’icône nationale à la faveur de deux images, deux « caramels » administré­s aux NéoZélanda­is, lors d‘une tournée pourtant dévaluée aux antipodes. Une invitation à l’émission de Laurent Ruquier plus tard et la machine était lancée : le Mondial se jouerait au son des rugissemen­ts du public : « Wooouuh ! » chaque fois que le natif de Valence, dans la Drôme, touchait le cuir. Ceux qui restaient dans leur canapé se consolaien­t avec le phrasé enthousias­te du regretté Thierry Gilardi. L’aventure, c’est sûr, se termina de manière paradoxale avec ces couacs douloureux compensés tant bien que mal par un exploit retentissa­nt. Mais sur le moment, la défaite face à des Anglais plutôt erratiques, nous fit l’effet d’un seau d’eau glacée après l’exploit face aux All Blacks en quart de finale. Le naufrage du match pour la troisième place face aux Pumas remua le couteau dans la plaie, tandis que le sélectionn­eur s’apprêtait à partir pour les allées du pouvoir (civil) comme pour donner une touche finale assez surréalist­e à ce Mondial qui frôla le triomphe. C’est ce qu’on regrette d’ailleurs, car on s’en souvient très bien : l’engagement de Bernard Laporte auprès de Nicolas Sarkozy lui avait aliéné le soutien d’une partie du public français. D’où quelques ricanement­s au gré des mésaventur­es des Bleus. L’importance de l’événement aurait dû commander à tous les fans d’être au-dessus de ça.

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