Semaines sous Covid

● JÉRÉMY FADAT

II est l’heure de vous partager une conférence de rédaction : « Alors, ça craint dans quel club ? Combien de matchs annulés ? » Et il n’y a pas de quoi en rire. À peine soulagés d’avoir du rugby à se mettre sous la dent après des mois d’abstinence, nous voilà dans la peur d’en être sevrés. Imaginez que Midol a choisi de faire sa une vendredi sur le duel entre Bordeaux-Bègles et Clermont. La coup de gueule d’Urios, le vrai test pour l’ASM, l’affiche du dimanche soir... Tous les ingrédients étaient là. Et patatras, quelques heures après la sortie du journal, l’UBB était avertie qu’elle comptait trois cas de Covid dans ses rangs et la rencontre était reportée à une date ultérieure. Quand l’événement du week-end fait pschitt avant même qu’il ait démarré ! Il n’est pas ici question de se plaindre, il y a toujours moyen de remplir les pages, pour raconter les noeuds au cerveau que se font les décideurs quand ils couchent une ébauche du calendrier pour les mois à venir. Le problème, c’est qu’on préfèrerait parler de sport et que les lecteurs aimeraient aussi en lire. Vivre sous la menace du Covid, c’est le quotidien de chacun dans ce milieu également : joueurs, staff, journalistes ou supporters (sans oublier que la plupart d’entre eux n’a même plus accès au stade). Mais les Bordelais, malgré leurs trois cas, n’avaientils pas assez de joueurs disponibles pour aligner une équipe ? Jacky Lorenzetti l’a appelé de ses voeux : « On a 45 mecs dans nos effectifs, on place les positifs à l’isolement et on joue avec les autres. » Hormis en cas de grosse épidémie, comme au Stade français durant l’été, ce serait possible dans bien des clubs. Sauf que le protocole actuel ne le permet pas. Et s’il s’agit d’imposer la plus grande précaution, on peut aussi se demander si le président du Racing n’a pas raison en voulant adapter les règles. Ce serait imparfait ? Évidemment. Injuste pour certains formations diminuées ? Forcément. Mais, à l’allure où vont les choses, cela l’est tout autant pour ceux qui devront se coltiner trois matchs en une semaine ici et là pour rattraper leur retard. Ou encore pour ceux qui seront privés de leurs internationaux pour une moitié de la phase régulière parce que Ligue et Fédé sont incapables de trouver un accord. Alors, pour un peu plus ou un peu moins, autant donner une chance à cette saison d’aller à son terme cette fois...