Montpellier, les suicidés du money-time
ALORS QUE LA VICTOIRE SEMBLAIT DEVOIR TENDRE LES BRAS AUX MONTPELLIÉRAINS À MAYOL, CES DERNIERS ONT COMPLÈTEMENT VENDANGÉ LEURS DEUX DERNIÈRES ACTIONS EN SUPÉRIORITÉ NUMÉRIQUE.
On n’ira pas faire offense aux Toulonnais en avançant que leur victoire sur le MHR tient du miracle, loin s’en faut. Après tout, comme Patrice Collazo avait raison de le faire remarquer, les joueurs varois se sont singulièrement compliqué la tâche euxmêmes en oubliant de marquer des points faciles (comme sur cette pénalité face aux barres négligée en première période), ou tout simplement en ne captant pas l’ultime renvoi montpelliérain, après cette pénalité de Louis Carbonel dont tout Mayol pensait qu’elle était celle de la gagne (73e). Reste qu’au-delà du manque de réalisme des Toulonnais pendant leurs temps forts – qui aurait dû leur permettre d’aborder le money-time dans une situation beaucoup plus confortable – c’est bien l’incroyable gâchis des Héraultais qui a retenu l’attention samedi après-midi, les privant d’une victoire de prestige, qui aurait été tout sauf volée…
11 POINTS « OUBLIÉS » AU PIED
Le premier étage de cette fusée autodestructrice ? Elle réside évidemment dans la faillite des buteurs montpelliérains, avec ces 11 points manqués par Anthony Bouthier et Thomas Darmon qui pèsent d’autant plus lourd dans le décompte final, en comparaison à la belle réussite face aux poteaux de Louis Carbonel (20 points, 87.5 % de réussite). De quoi estimer que l’un des tournants du match advint lors de l’échauffement, avec le forfait sur blessure de Benoît Paillaugue dont on peut penser que son apport aurait pu être précieux dans les vingt dernières minutes ? C’est une évidence face à laquelle, malheureusement, les Héraultais ne peuvent incriminer que leur mauvaise fortune…
MAIS POURQUOI N’AVOIR PAS JOUÉ CETTE DERNIÈRE MÊLÉE ?
Ce qui relève d’eux, en revanche ? C’est cette mauvaise gestion du money-time. Lorsque, après le carton jaune infligé à l’ailier varois Gabin Villière (et une première visite infructueuse de l’en-but varois, à la suite d’un maul organisé autour de Bismarck Du Plessis), les Cistes eurent la mauvaise idée d’insister avec leurs avants, alors que la supériorité numérique était mathématiquement (et visiblement) au large. Ainsi, après une pénaltouche échouée à un mètre de l’en-but, on s’étrangla en voyant les Héraultais insister au près alors que le surnombre était manifeste au large, et joué beaucoup trop tard, tant bien que mal… Plus bien que mal d’ailleurs puisque sur le coup,Vincent Rattez parvint encore à trouver le chemin de l’en-but, seulement empêché d’aplatir par un énorme retour de Dakuwaqa et Parisse… Toutefois, c’est bien sur l’action suivante que les Héraultais touchèrent le fond, stratégiquement et rugbystiquement parlant. Comment, à partir de la mêlée la plus potentiellement idéale à jouer (située à cinq mètres de l’en-but, sur la gauche du terrain, avec l’ailier « grand côté » adverse exclu et donc un surnombre mathématiquement imparable), les Montpelliérains ont-ils pu connaître pareille issue ? Comment ces derniers ont-ils pu avoir l’idée de faire démarrer leur numéro 8 Kélian Galletier, qui plus est côté introduction, où l’attendait le demi de mêlée adverse Takulua ? On nage en plein mystère et on ne le saura de toute façon jamais, les Héraultais se voyant qui plus est pénalisés par M. Descottes pour avoir remis dans la mêlée le ballon qui en était sorti… Seule certitude : Xavier Garbajosa aura probablement beaucoup à dire à ses hommes au sujet de cette dernière action. Quant à nous, pauvres observateurs et si piètres connaisseurs, on se bornera à se demander comment des joueurs si bien préparés, bien bien entraînés et si bien payés en deviennent incapables de jouer simplement un ballon pareil. Oui, il y a décidément des choses qui nous échappent, dans ce rugby dit de haut niveau…