Midi Olympique

Monsieur Mias

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

L’entretien, le vrai, celui qui consacre l’échange et dépasse le cadre du simple questions-réponses, est un exercice journalist­ique particulie­r. À Midol comme dans de nombreuses rédactions, nous avons coutume de dire que ce sont les questions qui en font la qualité, parce qu’elles donnent le ton et dressent les réponses à hauteur.

Pour être juste, disons qu’une bonne interview se joue principale­ment sur le fil de la rencontre, de la confiance, et plus encore de l’émotion entre deux personnes prêtes à se livrer. Quand les planètes sont alignées, on touche parfois une sorte de trésor que nous avons plaisir et fierté à partager. C’est le cas cette semaine, avec ce formidable entretien que nous a accordé Lucien Mias, rencontré chez lui à Aussillon.

Le « docteur pack » a 90 ans mais son ouverture au monde et sa vivacité d’esprit forcent l’admiration. On l’attendait rude, il termine son témoignage d’un énième demi-tour contact, léger et pétillant : « On se revoit dans dix ans. Pourquoi pas quinze. Chaque jour est un cadeau, et la fête continue… » Souriez avec nous, amis lecteurs, et profitez de l’aubaine. Si la parole de l’ancien joueur-instituteu­r-médecin est des plus rares, elle est surtout précieuse. L’ancien deuxième ligne, acteur principal du Grand Combat de l’équipe de France victorieus­e chez les Springboks en 1958, est d’une finesse rare. Et d’une fraîcheur folle.

Les sujets défilent et Lucien Mias enchaîne, raconte, donne à réfléchir et, mieux, à comprendre. Il parle de sa vie, de ses carrières, du rugby, de la gloire et du XV de France dont il s’écarta un temps pour finir ses études de médecine. Il tranche : « Porter le maillot de l’équipe de France est un devoir, pas une promotion. » Autant de messages qui nous rappellent combien la part des joueurs est essentiell­e dans la réussite d’une équipe de rugby. Combien, encore, le rôle du leader, sa vision et son charisme sont déterminan­ts dans les aventures humaines et collective­s.

Les Bleus d’aujourd’hui ne racontent rien d’autre depuis le début du mandat Galthié, eux qui ont pris leur destin en mains et qui viennent encore de l’emporter, ce dimanche en Écosse au prix d’une belle férocité au combat. Lucien Mias, qui avoue aimer le rugby à VII, a forcément dû apprécier l’engagement.

Pour notre part, nous retiendron­s surtout la victoire, acquise presqu’en marchant. Un succès sans véritable éclat mais un succès précieux qui permet aux partenaire­s de Charles Ollivon de gagner en confiance et de marquer les esprits de leurs adversaire­s. C’est toujours ça !

En attendant la suite, samedi prochain face à l’Italie avec une équipe très largement remaniée. Dans ce monde confiné, l’époque est à l’ouverture. Profitons de l’aubaine et, encore une fois, de la sagesse du docteur de Mazamet. Merci, Monsieur Mias.

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