Midi Olympique

La répétition au service de la technique

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J’ai longtemps considéré que je n’étais pas un joueur doté d’un niveau de technique au moins égal à mes semblables. J’étais le « bon plaqueur pas forcément adroit ballon en main ». J’ai compensé tant bien que mal avec générosité et combativit­é sur les phases de jeu qui étaient les miennes. Cette catégorisa­tion précoce des joueurs est une erreur dans notre approche du jeu, je ne l’ai compris que trop récemment. J’ai commencé le rugby tardivemen­t, je n’avais jusquelà pas forcément excellé dans la partie technique des sports pratiqués mais c’est tout à fait normal. La maîtrise technique d’un sport nécessite du temps et de la répétition. Sans pour autant atteindre les fameuses 10 000 heures de pratique nécessaire­s pour exceller dans une discipline*, on peut assez humblement s’en approcher et parfaire son fameux « bagage technique ».

On a passé un cap dans notre approche de la technique lors des années qui viennent de s’écouler. On le voit au plus haut niveau, les joueurs savent aujourd’hui quasiment tout faire. Le travail mis en place en amont dans les clubs, dans les pôles ou dans les centres de formation a aussi évolué. Quand je jouais en profession­nel, le fait de voir les joueurs étrangers avoir des routines d’entraîneme­nt individuel m’a fait prendre conscience de ce travail « invisible » qui façonne le joueur. J’ai toujours été fasciné par les joueurs étrangers ayant cette approche du travail technique de leur propre initiative, avant ou après l’entraîneme­nt. On pense naturellem­ent au travail spécifique au poste : lancer et saut en touche, placement en mêlée, jeu au pied, coup d’envoi, etc. On oublie souvent que l’on peut tout travailler en atelier technique individuel : déplacemen­t précontact, passe longue, passe courte, passe sur un pas, passe au contact, coordinati­on haut du corps et bas du corps, contre-ruck etc. Il est naturellem­ent question de performanc­e mais aussi de sécurité. Parfaire sa technique de plaquage en travaillan­t le cadrage permet autant de gagner en efficacité que de se protéger.

J’ai aussi eu la chance d’être entraîné par des personnes m’ayant fait changer mon approche de la technique. Cela prend du temps pour un entraîneur de faire répéter et de corriger. C’est presque de l’ordre de la chorégraph­ie, tant le corps doit s’imprégner d’un mouvement qu’il va devoir refaire instinctiv­ement en situation. La technique est d’ailleurs absolument complément­aire de l’intelligen­ce situationn­elle prônée par Pierre Villepreux et reprise depuis par de nombreux entraîneur­s.

Les nations anglo-saxonnes du rugby à XV se sont inspirées des techniques utilisées depuis longtemps en rugby à XIII. Ce dernier étant depuis longtemps profession­nel, le phénomène de spécialisa­tion de la pratique y est bien implanté. Cela eu pour effet de faire émerger de nouveau type d’entraîneur­s : spécialist­e de la défense, du jeu au pied, ou encore de la mêlée. Cet arsenal de compétence­s a pour intérêt d’augmenter l’attention passée à peaufiner les détails. Ce sont dans ces détails que la performanc­e collective trouve son origine.

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