Galthié, l’an II
S’il fallait dresser un bilan chiffré du mandat de Fabien Galthié, celui-ci se placerait naturellement sous le signe du numéro 2. Parce que le sélectionneur vient de disputer son deuxième Tournoi, d’abord, mais surtout parce que les Bleus y ont décroché une deuxième place, quelques mois après avoir perdu en finale de la Coupe d’Automne à Twickenham. Forcément un petit échec pour celui qui clamait encore voilà quelques mois sa volonté de « gagner des titres », d’autant plus si l’on considère que cette édition 2021 a marqué une légère régression en termes de résultats purs, le XV de France ayant été battu à… deux reprises. Toutefois, au-delà de cet incontournable constat, demeure une vérité qu’il ne faut pas sous-estimer. Celle qui veut que les Bleus aient commencé à procéder à une mue dans leur jeu depuis leur déplacement en Irlande, bien conscients que le « toutdépossession » ne pouvait plus suffire au très haut niveau, l’arbitrage des phases de ruck ayant notamment beaucoup évolué depuis l’automne. D’où de logiques atermoiements qui ont donné l’impression que, sur la deuxième partie de la compétition, les Bleus peinaient encore à trouver le parfait équilibre entre les ballons à conserver et ceux à dégager… Des difficultés qui se sont particulièrement ressenties lors des fins de match où, par fatigue et manque de lucidité, les Bleus se sont exposés. Ce fut le cas sans trop de dommages face à une Irlande privée de Sexton mais fut en revanche beaucoup plus préjudiciable en Angleterre ou contre l’Écosse, où les Bleus ont perdu par deux fois des matchs à leur portée.
CHOIX DE COACHING CRITIQUÉS PUIS CORRIGÉS
Le vrai tournant de la compétition ? Il résida évidemment dans le premier match « post-Covid » en Angleterre, où l’absence de coaching de Fabien Galthié sembla compter pour beaucoup dans la défaite, alors que la même option lui avait réussi en Irlande un mois plus tôt… Il est toutefois notable qu’après cet échec, Galthié sut en tirer les leçons et changer de stratégie en vidant son banc à bon escient une semaine plus tard face au pays de Galles, les entrées des Jelonch, Vincent, Serin et consorts ayant contribué à changer le sort d’un match qui semblait perdu. De quoi atténuer certaines frustrations même si, à l’image de Baptiste Serin dans La Provence, toutes les explications données entre six yeux aux « finisseurs » (la paire supplémentaire étant celle de l‘inévitable Raphaël Ibanez) n’ont, semble-t-il, pas toujours convaincu…
Car là a résidé, semble-t-il, le talon d’Achille de Fabien Galthié durant ce Tournoi, à savoir sa communication.Vis-à-vis de son groupe, d’abord, mais aussi de l’extérieur… Empêtré dans l’affaire dite de la « bulle », Galthié refusa en effet d’effectuer un embryon de mea culpa devant des journalistes qui n’attendaient que ça, parfaitement au parfum de ce que racontaient les bruits de couloir de Marcoussis malgré les effets de manche de l’enquête interne.
UN RENFERMEMENT APRÈS LA « BULLE »
De fait, si cette attitude n’impacta en rien la bonne image des Bleus et de leur sélectionneur sur le grand public, il est patent que la relation s’effrita quelque peu avec les médias. D’où un renfermement sur lui-même, notamment au micro de notre consoeur de France 2, Cécile Grès, qui ne donna pas exactement l’image d’ouverture que le staff avait cherché à bâtir, amplifié par des éléments de langages hermétiques et parfois abscons pour les profanes. L’absence de communication de la part du sélectionneur depuis la fin du Tournoi en est d’ailleurs un signe, preuve que si les résultats et les audiences du XV de France sont de nouveau au rendezvous, c’est bien un gros caillou qu’aura glissé ce Tournoi 2021 dans la chaussure du sélectionneur, dont la Covid-19 avait déjà bien ébréché la sacrosainte « flèche du temps »…