Midi Olympique

Serin - Carbonel, la tournée des patrons

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S’ILS ONT LARGEMENT DISPOSÉ DU STADE TOULOUSAIN, ET AINSI CONFORTÉ LEUR PLACE DE QUALIFIÉS PROVISOIRE­S, LES VAROIS DOIVENT UNE FIÈRE CHANDELLE À LEUR CHARNIÈRE. DES 29 POINTS DE LOUIS CARBONEL À LA GESTION SANS LA MOINDRE FAILLE DE BAPTISTE SERIN, LES DEUX JOUEURS ONT RAPPELÉ QU’AVEC OU SANS EUX, LE RCT N’ÉTAIT PAS LA MÊME ÉQUIPE.

Vous aussi, vous vous demandez comment cette équipe toulonnais­e est capable d’alterner à ce point le chaud et le froid ? Est-ce parce qu’à Toulon on aime cultiver sa différence ? En tout cas une chose est sûre : sept jours après avoir connu toutes les peines du monde à se défaire d’Agen, le RCT est cette fois parvenu à blackboule­r le Stade toulousain, leader incontesté du Top14. Et s’il faut évidemment noter qu’Ugo Mola avait opté pour un très large turnover, il ne faut pourtant pas enlever aux Varois une prestation de haute volée. Ainsi, après trois mois à devoir naviguer entre les doublons, les blessures et les matchs reportés ou annulés pour Covid-19, le RCT semble enfin avoir retrouvé la flamme. Capables de défendre leur ligne sans flancher pendant la première demi-heure, les Varois ont ensuite fait preuve d’un réalisme à toute épreuve, pour dévorer chaque espace laissé par les Toulousain­s. Bilan : cinq essais inscrits, dont plusieurs en première main, et tout un lot de repères retrouvés, alors même que Toulon ne disputait « que » son deuxième match depuis la fin mars. « Ce que je retiens, ce sont les essais que l’on a marqués et la manière dont nous les avons marqués, ainsi que l’abnégation que nous avons mise en défense, appréciait Patrice Collazo. Si un joueur marche, c’est un danger pour l’équipe et ce soir je n’ai vu aucun joueur marcher. J’ai vu des mecs se replacer et rattraper les coups. Cela prouve que les joueurs s’étaient mis en configurat­ion pour la dernière ligne droite. » Dans le sillage d’un Isa saignant, d’un Ollivon auteur d’un match plein en deuxième ligne, d’une paire de centres Hériteau-Paia’aua très complément­aire ou d’un Cordin tranchant et décisif sur trois des cinq essais de son équipe, le RCT a récité son rugby face au Stade toulousain.

RECORDS DE POINTS SUR UN MATCH POUR CARBONEL

Pourtant, s’il y a bien deux joueurs qui ont permis à Toulon d’évoluer dans une toute nouvelle dimension, ce sont évidemment Louis Carbonel et Baptiste

Serin. Courageux en défense et capables de jouer simple en début de rencontre, les deux compères de la charnière sont finalement parvenus à inverser la pression par la longueur de leur jeu au pied en milieu de première période. Et ensuite ? Après avoir joué la carte de la sobriété, les deux internatio­naux sont montés en puissance, faisant indubitabl­ement basculer la rencontre. Et que ce soit par l’omniprésen­ce du demi de mêlée et capitaine, toujours prompt à sonner la révolte par un renvoi aux 22 mètres joué rapidement ou un coup joué au ras pour soulager ses avants, et par la vista de l’intenable ouvreur, les deux joueurs ont fait sauter le verrou de la deuxième meilleure défense du Top14. Mieux, avec le troisième essai de la saison de Serin, et le premier doublé de la carrière de Carbonel, la charnière toulonnais­e a inscrit 34 des 44 points du RCT, avec à la clé un record de points sur un match pour « Carbo » (29). « C’est à cette période-là que l’on voit les ego et que l’on a besoin que certains joueurs tirent l’équipe vers le haut quand on est dans la difficulté, reprenait Collazo. Ce soir, j’ai l’impression qu’ils avaient tous envie de faire les choses ensemble. » Aussi bons dans la gestion des attaques placées que dans le désordre, les deux magiciens ont donc montré la voie à Toulon, comme souvent ces derniers mois. Vous dites ? Avec cette charnière au coup d’envoi, le RCT n’a plus perdu depuis… le 2 janvier dernier, et a notamment martyrisé le Racing 92 (à deux reprises !), le Stade français et désormais Toulouse, tous candidats déclarés au Brennus. « N’importe quelle équipe a besoin d’avoir des patrons, et ce soir Baptiste et Carbo ont fait la différence », admirait Parisse. Alors, si le rugby est trop aléatoire pour qu’on s’amuse au jeu des pronostics, il est pourtant une évidence : les deux maîtres à jouer de la rade ont une nouvelle fois rappelé qu’avec ou sans eux, le RCT n’avait pas le même visage. Et ça tombe bien, les deux princes de la rade semblent plus que jamais déterminés à ramener Toulon parmi les étoiles.

Par Pierrick ILIC-RUFFINATTI

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