Midi Olympique

« Nous n’avons pas le droit de montrer ce visage » Dans un 100 mètres, ce n’est pas forcément celui qui démarre le mieux qui finit premier.

JULIEN SARRAUTE (Entraîneur principal de Colomiers) REVIENT SUR LA TROISIÈME DÉFAITE DES SIENS À DOMICILE CETTE SAISON. S’IL NE SE CACHE DERRIÈRE AUCUNE EXCUSE, IL S’INTERROGE SUR LES AMBITIONS DE SON GROUPE.

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Comment analysez-vous cette désillusio­n subie à domicile contre Aurillac ?

Nous avons donné le bâton pour nous faire battre. Notre prestation est très poussive avec un gros manque d’efficacité. Il y a eu des fautes de discipline totalement inutiles mais aussi du déchet technique sur des gestes simples. Il restait cette dernière mêlée à maîtriser et nous ne l’avons pas fait. C’est une réalité. Maintenant, dire que nous perdons sur cette dernière mêlée est un raccourci que je ne voudrais pas prendre. Il y a plein d’autres choses au cours de cette rencontre qui me déçoivent.

Il y a pourtant eu dans la lancée des derniers matchs à domicile une bonne entrée en matière de votre part…

Nous y arrivons. Comment cela fait-il que Colomiers semble avoir du mal à tenir le rythme ou du moins à maîtriser son jeu sur 80 minutes ?

En deuxième mi-temps, nous n’avons clairement plus eu la possession. Notre utilisatio­n du ballon n’a pas été pertinente. Je ne sais pas s’il y a beaucoup de gens qui ont regardé le match, mais ils ont dû se faire c... parce qu’il n’y avait rien. Ça allait de petits tas en mauls, puis mêlée, pénalité, chandelle et bis repetita. Attention, je ne dis pas cela avec mépris ni suffisance, je sais d’où je viens. Je connais le rugby que j’ai pu pratiquer mais derrière il y a plus d’intentions, de séquences de jeu. Notre deuxième acte est translucid­e. Et ça, ça me dérange.

Le fait qu’il y avait de la crispation des deux côtés peut-il expliquer cela ?

Certaineme­nt. Mais maintenant, il va falloir qu’on trouve des solutions et non pas des excuses. Des excuses, beaucoup vont s’en trouver, et je préfère chercher les solutions.

Vous étiez quatrièmes depuis plusieurs journées et aviez le barrage à domicile en ligne de mire. Cet objectif représenta­it-il un trop gros poids ?

Je ne sais pas. Lorsque j’ai essayé de mettre la pression aux joueurs à Angoulême, nous avons été fantomatiq­ues. Nous n’avons pas parlé d’objectif élevé pour préparer ce match contre Aurillac afin de retrouver d’abord de la qualité dans notre jeu. C’était le seul objectif de ce match. Ce qu’il s’est passé à Angoulême était totalement anormal à mon sens et je voulais que les joueurs commencent par se respecter eux-mêmes en jouant leur meilleur rugby. Et nous ne l’avons pas fait. Avant de parler de barrage à domicile, il faut savoir maîtriser son jeu. C’est beau de regarder en haut, mais aujourd’hui on a trébuché un paquet de fois. Si nous ne sommes pas capables d’accepter et d’assumer la pression d’aller chercher un barrage à domicile, c’est qu’on ne mérite pas d’être dans ces objectifs-là. Et je m’interroge.

Est-ce de nature à vous inquiéter avant les phases finales où justement il faut savoir élever son niveau de jeu ?

Je pensais justement qu’en ayant la quasi-certitude de finir dans les six premiers et d’être qualifié depuis quelques journées, on saurait rester maître de notre destin. Je suis profondéme­nt déçu et c’est quelque chose que je ne tolère pas. Nous n’avons pas le droit de montrer ce visage-là à ce momentlà de la saison. Il vaut quand même mieux avoir la pression d’aller chercher un barrage à domicile plutôt que comme Aurillac lutter pour son maintien. Nous avons vécu cette situation, et je trouve qu’on jouait un peu mieux au rugby lorsque nous avions besoin de survivre.

Le rugby que vous êtes capables de produire et qu’on a vu à Nevers, Oyonnax ou même sur les premières mi-temps à domicile contre Aix, Montauban est-il perdu ?

Fondamenta­lement, non. Il ne faut pas tout noircir. Nous allons continuer de bosser pour qu’on soit capable de faire de bien meilleures prestation­s. Ce n’est pas interdit de perdre contre meilleur que soit, à partir du moment où nous avons tout donné et qu’on n’a rien à regretter. Ça, je l’accepte. Mais je ne pense pas que nous ayons été dans cette configurat­ion sur nos deux derniers matchs.

Propos recueillis à Colomiers par Enzo DIAZ

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Photo Stéphanie Biscaye

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