Midi Olympique

Lions 97 : le mythe relancé

-

CE FUT LA PREMIÈRE TOURNÉE PROFESSION­NELLE DES LIONS. ON PENSAIT CE CONCEPT EN PERTE DE VITESSE, IL FUT AU CONTRAIRE RELANCÉ EN PARTIE GRÂCE À UN DOCUMENTAI­RE MAGNIFIQUE. RETOUR SUR LA VICTOIRE D’UN GROUPE CONFRONTÉ AUX CHAMPIONS DU MONDE AVEC MARTIN JOHNSON COMME CAPITAINE ET JEREMY DAVIDSON COMME FER DE LANCE. Le contexte la première tournée « pro »

Ce fut la première tournée de l’ère profession­nelle. La première qui proposa aux Lions d’affronter un adversaire champion du monde. Ce voyage de 1997 en Afrique du Sud a marqué les esprits pour plein de raisons. On se souvient très bien que certains pensaient que le rugby moderne aurait du mal à s’accommoder de cette curieuse sélection transnatio­nale qui cultivait la tradition des tournées à rallonge. En 1997, il fallait encore honorer treize rendez-vous, dont trois tests entre le 24 mai et le 5 juillet (il n’y en aura que neuf pour les Lions 2021). Huit semaines de cohabitati­on. « Et si ces Lions étaient les derniers ? », avait titré Midi-Olympique dans son almanach Rugbyrama. La tournée 1 997 aura donc eu le mérite de relancer le mythe ou plutôt d’éviter qu’il ne s’effrite. C’est déjà énorme.

L’Écossais Ian McGeechan était aux commandes (pour la troisième fois de rang) avec son compatriot­e Jim Telfer comme adjoint chargé des avants et l’Anglais Fran Cotton en tant que manager. Le deuxième ligne anglais de Leicester Martin Johnson avait été désigné capitaine. Il y avait dix-huit joueurs du XV de la Rose qui dominait le Tournoi, en rivalité avec la France. Les Gallois et les Irlandais tiraient alors la langue, ils n’avaient pas l’habitude d’aborder des tests en position de favoris. Les Sud-Africains avaient du mal à se remettre du titre de 1995. L’ex-capitaine François Pienaar avait perdu sa place. Début 1997, ils avaient changé de sélectionn­eur. Andre Markgraaf avait démissionn­é pour avoir tenu des propos racistes, il avait été remplacé par Carel Du Plessis, jeune technicien sans grande expérience. Mais pourtant les Lions n’avaient pas les faveurs des pronostics, la presse sud-africaine et britanniqu­e abusait alors du qualificat­if « underdogs » pour les désigner. « Une bande de gars partis pour faire un bout de chemin ensemble en espérant gagner de nouveaux amis plutôt que des matchs », avait ironisé un journal local, SA Sports Illustrate­d… Le bilan lui donna tort, onze victoires pour les Lions dont deux tests sur trois. Première série victorieus­e depuis 23 ans. « L’expérience la plus forte de ma carrière », confia Lawrence Dallaglio qui serait pourtant champion du monde en 2003 avec l’Angleterre. Cette aventure avait une bande-son : Wonderwall du groupe Oasis.

Jeremy Davidson désigné meilleur joueur

L’actuel entraîneur de Brive était alors un deuxième ligne de l’Ulster et d’une Irlande qui traversait une mauvaise période. À 23 ans et seulement 12 sélections, ce n’était pas vraiment une tête d’affiche et pourtant, c’est lui qui fut désigné meilleur joueur de la tournée. L’apogée de sa carrière incontesta­blement. Il avoue ne pas souvent regarder en arrière mais cette tournée, il ne peut l’avoir

oubliée. « Quand cette semaine, j’ai suivi la révélation de la liste des Lions de 2021, ça m’a donné des frissons. En 1997, avec l’Irlande on ne battait jamais les équipes du Sud. Alors vous pensez, dominer des champions du monde, ce que ça pouvait représente­r pour moi. Dans le groupe, l’osmose s’est faite tout de suite, on vivait comme des gladiateur­s confrontés à des adversaire­s qu’on voyait comme des monstres physiques. Mais nous avons réussi à nous imposer. Oui, j’ai eu la chance d’être honoré personnell­ement. Je crois qu’on ne m’attendait pas, on ne s’imaginait pas que je pourrais m’imposer comme

ça au niveau du combat et de la touche. »

La touche, c’était son énorme point fort durant ce voyage doré, en plus le secteur vivait un moment charnière avec la légalisati­on de « l’ascenseur ». Mais ils restaient assez timides : « Oui, je me suis bien débrouillé. Martin Johnson l’a vu et a commandé quasiment tous les lancers sur moi. À l’époque, on ne bougeait pas beaucoup dans l’alignement. Malgré tout, c’était encore du saut pur, et je me trouvais face à Mark Andrews qui était sans doute le meilleur deuxième ligne du monde. »

Les gestes la feinte de passe de Dawson

Quelques moments forts sont passés à la postérité. « Je me souviens de la feinte de passe de Matt Dawson, le jeune demi de mêlée anglais. Il a paralysé trois adversaire­s », détaille Jeremy Davidson. Au Cap, lors du premier test, le 9 de Northampto­n s’échappe dans le fermé et fait mine de remettre à l’intérieur à une main en hauteur. Trois springboks mordent illico à l’hameçon. Les Lions s’imposent 25-16.

Le deuxième essai n’est pas mal non plus, passe sautée aux petits oignons de Townsend pour

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France