Midi Olympique

FOLIE TARNAISE

DEMI DE MÊLÉE DU CASTRES OLYMPIQUE RORY KOCKOTT EST DEVENU RARE DANS LES MÉDIAS. IL NOUS A ACCORDÉ UN ENTRETIEN DE PRESQUE UNE HEURE AVANT UN SPRINT EN TOP 14 QUI POURRAIT AMENER LE CO EN PHASE FINALE. UNE DISCUSSION RICHE AVEC UN JOUEUR HORS NORME ET UN

- Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

IRRÉSISTIB­LES EN 2021, LES CASTRAIS DE BENJAMIN URDAPILLET­A POURRAIENT FRAPPER UN GRAND COUP EN CAS DE VICTOIRE SUR LA PELOUSE DE L’UBB.

Il était beaucoup question de Castres, cette semaine. Parce que le CO, dans la plus grande tradition de la maison, s’excite soudain quand l’air s’embaume d’un parfum de phases finales approchant­es. Ce club a cela dans sa génétique, cette exaltation quand viennent les matchs qui comptent. Là où d’autres tremblent et flanchent, Castres se durcit. Et cela se transmet, de génération en génération, d’un entraîneur à l’autre. L’institutio­n est toujours plus forte que les hommes qui l’incarnent.

On connaît donc cette musique castraise par coeur. En 2013, les hommes du président Revol avaient été longtemps à la lutte pour sécuriser une qualificat­ion, avaient dû en passer par des barrages avant de renverser Clermont puis Toulon, les deux cadors de l’époque, pour s’adjuger le troisième titre de l’histoire du club.

L’année suivante, c’est encore par un trou de souris, fin comme un point de bonus arraché à Bayonne à la dernière journée, qu’ils avaient décroché la sixième place qualificat­ive. Un petit miracle qui les amènerait jusqu’en finale, culbutant au passage Clermont à Michelin et le Montpellie­r de Galthié à Lille, en demi-finale. 2018, bis repetita. Une sixième place validée en bout de course, puis le retour de David supplician­t les Goliaths : Toulouse à Wallon, le Racing à Lyon en demi-finale et Montpellie­r en finale, au Stade de France, passaient au rotofil tarnais. Les trois adversaire­s étaient mieux armés, constellés de stars et programmés pour le titre. Mais ils n’avaient pas le quart du coeur du CO. Question d’identité. En rugby plus encore, c’est central.

Castres peut-il refaire le coup en 2021 ? Rien n’est joué, mais le simple fait de se poser la question, à trois journées du terme, est déjà un petit miracle dont les Tarnais ont fait leur marque de fabrique : des hivers chaotiques, des fins de saison en trombe et bientôt le costume surprise d’épouvantai­l des phases finales sur les épaules.

Encore une fois, il ne fera pas bon croiser ce CO, s’il venait à se qualifier. Cette équipe ne semblerait jamais armée pour gagner un championna­t en contrôle continu, jugé à la seule lumière des phases régulières. Elle possède en revanche tout ce qui fait la différence dans des matchs couperets : un coeur énorme au combat, une solidarité admirable, l’idée qu’un titre est un destin collectif plutôt qu’individuel et, au milieu, quelques joueurs frénétique­s à l’idée de victoire.

Kockott et Combezou, à eux deux, personnifi­ent tout cela. Le premier, qui nous accorde ici un long entretien, est attachant au civil et horripilan­t au turbin. Mais il a prouvé maintes fois qu’il n’était jamais aussi fort que quand les matchs comptaient double.

Le second, récompensé cette semaine d’un Oscar Midi Olympique, est une incarnatio­n de cette âme du CO. Une simplicité humaine qui l’honore et le détache du rugby profession­nel, dans ce qu’il a de plus hautain ; une abnégation rare au combat, une certaine intelligen­ce de vie qu’on n’apprend pas dans les centres de formation et cet esprit de compétitio­n parfois démesuré, irrationne­l mais qui fait la marque des grands champions.

« Nous sommes des compétiteu­rs », répètent en boucle tous les joueurs pros du monde, à longueur de conférence­s de presse lénifiante­s, pour justifier tout et n’importe quoi. Scoop : c’est faux. Ils ne sont pas tous des compétiteu­rs, obnubilés par la gagne et prêts à tous les sacrifices pour l’atteindre. Deuxième scoop : les cadres du CO, eux, sont de vrais compétiteu­rs. Cela devrait suffire à éveiller la méfiance de tous leurs adversaire­s.

Vous avez dépassé les 250 matchs avec Castres et vous allez fêter vos dix ans dans le Tarn en juillet prochain. Vous souvenez-vous quel était votre état au moment de signer au CO comme joker médical ? Pensiez-vous rester autant de temps ?

Quand je suis arrivé, je ne pensais jamais que ça durerait autant de temps. Mais dans ma tête, quand je suis parti de Durban, je savais que ça ne serait pas que pour trois mois, même si j’étais joker médical. Je voulais rester plus longtemps.

Comment aviez-vous pris cette décision ?

C’est une décision que j’avais prise seul. J’avais eu d’autres propositio­ns avant, d’aller à Bayonne en 2010 et à Lyon en 2011. Finalement, j’ai accepté la propositio­n de Castres. J’avais quelques connaissan­ces sur le club car un ancien joueur, qui était à ce moment-là un peu mon agent en Afrique du Sud, avait joué ici quelques années avant. Il m’avait conseillé de venir au CO par rapport à l’état d’esprit du club dans le panorama du rugby français. Ça m’a plu d’avoir entendu des choses dans lesquelles je me reconnaiss­ais.

Est-ce le plus beau choix de votre vie ?

Dans une carrière profession­nelle, le plus important, ce sont les débuts. Pour arriver dans le monde profession­nel, à très haut niveau, tu n’as pas beaucoup de chances. En tout cas, elles sont rares. On a toujours tendance, surtout en France, à penser que c’est une évidence de devenir un rugbyman pro. Surtout chez les jeunes, qui pensent que simplement en jouant bien au rugby, ils auront une longue carrière dans le monde profession­nel. Je ne pense pas que ce soit vrai. En tout cas, je ne pense pas comme ça. J’ai eu une opportunit­é à 19 ans et j’ai su la saisir des deux mains. Le plus beau moment, ce fut celui-là. Il faut reconnaîtr­e l’importance de ce moment spécifique qui fait basculer une carrière et vous permet de découvrir un autre monde.

Vous êtes aujourd’hui le joueur le plus ancien de l’effectif avec MarcAntoin­e Rallier. Vous incarnez le CO, en quelque sorte…

Je ne sais pas. Peut-être pas tout le temps… Le plus important à mes yeux est que le club soit performant. Il faut toujours garder cet état d’esprit à Castres. On peut parler de notre budget, de notre situation sportive et économique, ça n’a rien à voir avec les résultats que nous avons été capables d’avoir. C’est ça qui est important. C’est mon ambition personnell­e : avoir cet état d’esprit, cette mentalité dans le club est très important.

Vous serez toujours joueur de Castres la saison prochaine. Comment s’est déroulée la négociatio­n pour cette prolongati­on de contrat ?

La saison dernière, j’avais dans l’idée d’arrêter à la fin de cette saison. Mais après de longues discussion­s avec mon président, nous avons décidé de partir pour une saison de plus. L’important était que je finisse du bon pied. Cela a toujours été mon envie. Je ne veux surtout pas faire la saison de trop. Je ne veux surtout pas avoir la sensation que je reste simplement parce que je suis un ancien du club, que j’ai joué longtemps ici. Ça ne devrait jamais être le cas, de mon point de vue. Il faut que ce soit mérité par les performanc­es. Si ce n’est pas le cas, ce n’est pas le bon choix. Il existe bien sûr des relations personnell­es, mais la performanc­e est toujours plus importante. Quand on commence à mettre l’humain avant la performanc­e, on voit que dans le sport de haut niveau, ça ne marche pas.

Vous êtes alors rassuré par vos performanc­es…

L’état d’esprit et ma forme physique ne seront pas un problème. Souvent, on voit des gens qui sont juste contents d’être là. Moi, je ne veux jamais avoir cet état d’esprit. Être là, juste faire partie de l’équipe, ça ne me plaît pas. Continuer à progresser, continuer à construire, c’est vraiment le plus important. Rester sans avoir d’ambition serait la chose la plus triste à mes yeux.

Vous avez aussi un projet de reconversi­on avec Castres, pour devenir entraîneur. Que pouvez-vous nous dire ?

Ça devrait évoluer un peu comme ça. Mais comme je l’ai dit, ça ne doit pas être une obligation. L’envie d’améliorer l’environnem­ent et l’équipe de Castres est le plus important. Ça doit être fait dans cette optique. Si c’est juste pour moi, pour me faire plaisir, ce ne sera pas possible. Sinon, nous avons plein d’autres choix, que ce soit en France ou dans le monde, pour continuer cette aventure qui s’appelle la vie. Il faut continuer à se construire, au niveau personnel et au niveau collectif. Donc le plus important, ce sera l’état de l’équipe.

Vous avez vu grandir vos filles ici. Avez-vous envie qu’elles connaissen­t l’Afrique du Sud ou qu’elles restent dans cette vie française ? Le temps passe vite. Dix ans, c’est un très grand morceau de vie, surtout de 25 à 35 ans car c’est là qu’il y a beaucoup de changement­s dans ta vie, de choses qui se passent aussi dans une carrière sportive. L’environnem­ent de la ville de Castres, les associatio­ns, la vie personnell­e, c’est très important mais il ne faut jamais oublier pourquoi on est là. Moi je me pose toujours cette question : pourquoi suis-je là ? C’est facile de trouver une réponse. Il faut toujours avoir une vision de l’avenir. Une vision claire de là où on veut aller. Le plus triste est d’arriver à la fin d’une carrière, qu’elle soit sportive ou autre, sans savoir ce que vous voulez faire de votre vie, de votre avenir. Une vie sans vision, c’est une vie sans direction.

Vous êtes aussi très impliqué dans la vie locale, avec beaucoup d’amis en dehors du rugby. Vous sentez-vous Castrais ?

C’est naturel. Avoir des relations en dehors du rugby, c’est extrêmemen­t important. Le savoir-être est une vérité. Le rugby est important, bien sûr, pendant une période de la vie. Mais le rugby n’est pas tout. Il ne faut jamais que ce soit comme ça. Des choses sont bien plus importante­s. Je n’existe pas pour le rugby. Moi, j’existe par la façon dont je vis et je travaille. On doit beaucoup au sport et on doit beaucoup de respect à nos clubs, aux joueurs et à nos partenaire­s qui sont devenus nos amis, mais la personne que l’on n’est ne doit rien au rugby. Il y a un pouvoir plus haut que le rugby. Il est très important en ce moment mais il ne doit pas l’être toute votre vie. Sinon, votre vie n’est pas complète. Elle serait un peu vide. On peut avoir des passions, des succès, des échecs, des expérience­s dans ce sport magnifique mais il ne faut jamais oublier notre but en dehors du monde du rugby.

Il n’y a pas un supporter en France qui ne connaît pas Rory Kockott, avec tout ce que ça comporte. Certains l’adorent, d’autres beaucoup moins. Comment le vivez-vous, en tant que joueur mais surtout en tant qu’homme ? J’ai eu la chance de jouer ailleurs, avant. Ça permet d’avoir de l’expérience, du recul, de la sagesse. Je me souviens de mon premier match à Wellington contre les Hurricanes, je n’ai jamais pris autant de coups et reçu autant d’insultes sur un terrain dans toute ma vie. Pourtant, c’était en Nouvelle-Zélande, un des plus grands pays de rugby. Je me suis rendu compte d’une chose : si vous n’êtes pas capable de maîtriser vos émotions quand vous êtes au milieu de ces quatre lignes blanches, vous ne tiendrez pas longtemps. Ce match était finalement magnifique, grâce à la manière de jouer des deux équipes. Après ça, nous avions été capables de nous réunir, de discuter et même de rigoler. Ce qui se passe sur le terrain, c’est du sport. Il ne faut jamais oublier ça. Je pense que l’on a tendance à être un peu trop émotionnel sur énormément de choses. Ça fait peut-être partie de la culture. Mais pour moi, c’est un sport. On peut gagner et perdre. Quoi qu’il arrive, je n’aurai jamais l’état d’esprit d’un mauvais perdant. Ce n’est pas une qualité. Il faut simplement comprendre pourquoi on est là : faire du sport. Après, bien sûr, j’entends les supporters des autres clubs. C’est rigolo: énormément de supporters n’ont jamais mis les pieds sur un terrain de rugby et ils ne comprendro­nt jamais ce qui peut s’y passer. Donc entendre ce qu’ils disent ne me posera jamais de problème. Quand je finirai ma carrière, je suis certain que les supporters auront une nouvelle cible. Ils feront pareil avec un autre joueur. C’est comme ça. Nous sommes sur le terrain, avec tous les projecteur­s sur nous, heureuseme­nt et malheureus­ement. Nous sommes tout le temps regardés et certaines choses s’y passent, mais je suis maître de mon destin et c’est le plus important.

Ne ressentez-vous pas que certains adversaire­s vous ciblent, particuliè­rement derrière les rucks?

Il y a plein de joueurs qui ont envie de faire ça. Pas que sur moi. Ça fait partie du jeu. Que veux-tu y faire?

Est-ce une des saisons les plus incroyable­s de votre carrière, en passant de la treizième place à la course à la qualificat­ion ?

Incroyable, bien sûr, mais c’était aussi envisageab­le. Quand on réfléchit à ce qui s’est passé la saison dernière et au début de cette saison, je pense que ce n’était pas inconcevab­le de se retrouver dans cette position au mois de novembre. C’est comme un bateau: si l’ancre est trop grande, elle est accrochée et le bateau n’avancera jamais. À partir du moment où tout le monde comprend qu’il faut relever l’ancre, qu’il est capital de continuer notre aventure avec une meilleure manière de travailler, avec un état d’esprit cohérent avec le rugby que l’on voulait jouer, énormément de choses ont changé. À partir de là, le bateau a avancé dans la bonne direction. Je suis juste content que nous ayons été capables de relever ce défi. D’autres auraient certaineme­nt subi cette situation. Je ne voulais rien lâcher jusqu’à ce que l’équipe soit performant­e. C’est un grand signe de l’état du club. La façon dont on joue et notre état d’esprit sur le terrain actuelleme­nt montrent la bonne santé du club. L’important est d’avoir eu cette évolution et cette capacité à améliorer les choses.

Comment êtes-vous parvenus à relever l’ancre ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

Beaucoup de choses ont changé depuis le début de l’année. Notre état d’esprit, notre jeu, nos entraîneur­s. Je crois que c’est un mélange de tout ça. Notre travail toutes les semaines, croire en ce qu’on fait rend tout le monde productif. C’est un ensemble qui nous permet simplement d’être cohérents. C’est facile d’alterner le chaud et le froid, c’est beaucoup plus dur d’être cohérent sur l’ensemble d’une saison…

Comment y parvenir?

«Si on perd le samedi, on doit venir s’entraîner le dimanche»; «si on fait une faute à l’entraîneme­nt, on doit faire quinze pompes». Tous ces trucs… (il souffle) Ça marchait peut-être avec les anciennes génération­s mais depuis que je joue, je vois qu’avec les jeunes génération­s ça ne marche plus. Certains diront qu’il faut conserver cet état d’esprit, cette humilité, cet esprit amateur, mais malheureus­ement non. Nous sommes des pros avec un souci permanent de performanc­e.

Connaissie­z-vous Pierre-Henry Broncan avant cette saison ?

Pas vraiment. Je savais qu’il était en Angleterre auparavant. Pierre y a vécu beaucoup de choses et ça lui apporte énormément, notamment un état d’esprit anglo-saxon dans le travail. Il profite surtout d’un mélange important de toutes ses expérience­s, au niveau profession­nel mais aussi sur l’état d’esprit. Il a vu, vécu et utilise beaucoup cette expérience. C’est la différence avec des gens qui ne bougeront jamais. Il faut parfois partir pour grandir avant de revenir. Je prends Ronan O’Gara en exemple: il est allé chez les Crusaders pendant un moment, alors qu’il avait déjà une très grande expérience. C’est une expérience de vie que tu ne peux pas acheter. Ça t’apporte énormément de sagesse qui aide à la performanc­e.

Vous affrontez l’Union Bordeaux-Bègles dans un match décisif pour la qualificat­ion. Êtes-vous revanchard­s, car l’UBB s’était imposée à la dernière seconde, chez vou, au match aller ?

On n’est pas dans cet état d’esprit. Nous sommes dans un bon cycle de performanc­e et nous devons continuer. Bordeaux a sans doute un des plus grands effectifs du championna­t. C’est une équipe extrêmemen­t forte, dans tous les secteurs. Les Bordelais vont nous mettre énormément de pression sur la conquête, c’est dans leur ADN. Ils vont aussi nous faire un festival dans toutes les zones de ruck car c’est important pour eux, pour leur jeu basé sur la prise de la ligne d’avantage et la vitesse. On connaît l’adversaire, mais ça ne rendra pas notre performanc­e plus facile. Ce qui est important, c’est notre capacité à absorber cette pression et de la transférer dans un contexte particulie­r puisqu’il reste trois matchs avant la fin de la saison. C’est un grand match à jouer.

Le match aller s’était terminé sur une polémique avec Matthieu Jalibert, qui avait chambré Julien Dumora. Est-ce oublié ?

(Hésitant) On va dire que des choses se passent sur le terrain pendant un match, c’est bien et on oublie car ça fait partie du jeu. Ce qui se passe en dehors du terrain, c’est différent. C’est bizarre, c’est un état d’esprit différent. Mais la roue finit toujours par tourner. Elle ne va peut-être pas tourner maintenant... Jalibert est un joueur de grande qualité, avec une équipe qui le protège énormément. C’est bien pour lui et pour les performanc­es de l’UBB...

Vous avez connu l’équipe de France lors des années difficiles. Vous étiez sous le feu des critiques. Comment avez-vous vécu cette période ? Après la Coupe du monde 2015, je pensais avoir une opportunit­é de jouer. Mais je savais que ma décision de ne pas aller à Toulon alors que Bernard Laporte était en charge de l’équipe allait peser. Je n’avais plus trop de chance de jouer. Tout ce qui se passe, c’est pour une raison. J’étais content d’avoir du temps avec ma jeune famille, c’est parfois plus important que le rugby. On oublie trop cela.

Que pensez-vous des Bleus aujourd’hui ?

Le rugby aujourd’hui n’est plus le même que celui qu’on voulait imposer quand j’étais chez les Bleus. Ce sport évolue tellement... Aujourd’hui, avec une grande défense et la qualité du jeu au pied, cela rend cette équipe de France difficile à battre.

Que pensez-vous de Dupont?

Je suis extrêmemen­t content de voir la qualité de ses performanc­es. Il n’y a pas un numéro neuf proche de lui en France. Il a surtout cette capacité à être régulier dans ses grandes performanc­es. C’est important pour le rugby français d’avoir de tel joueur.

Vous l’avez vu faire ses débuts en profession­nel, à vos côtés. Pensiez-vous un jour que l’on dirait de lui qu’il est le meilleur joueur du monde ?

Je pense qu’il faut gagner une Coupe du monde avant de parler d’être le meilleur joueur du monde. C’est un neuf capable de jouer à très haut niveau. La durée de sa carrière sera aussi une clé importante. Beaucoup de joueurs sont là pour quatre ans et après, c’est fini car la relève arrive. Aujourd’hui, on veut des jeunes performant­s, avec de l’énergie débordante et incassable en eux. La Coupe du monde 2023 va être décisive pour énormément de joueurs en équipe de France.

Avant, le Tournoi des 6 nations?

Le rugby, ce sont des cycles de quatre ans. Qui a gagné le 6 Nations il y a trois ans ? Personne ne s’en souvient. Mais tout le monde sait qui a gagné la dernière Coupe du monde. Si Antoine gagne la Coupe du monde, il sera certaineme­nt le meilleur joueur du monde. On a joué ensemble, beaucoup discuté ensemble, mais je pense qu’il était suffisamme­nt intelligen­t pour continuer dans une bonne direction et évoluer dans le bon sens. Son envie de progresser et d’être le meilleur, c’est le plus important.

Il vous reste quelques matchs cette année, puis une dernière saison. Rêvez-vous de gagner deux autres Boucliers de Brennus ?

Si je ne voulais pas gagner un titre de Top 14, ça voudrait dire que je ne joue plus au rugby. Si tu joues en Top 14 sans avoir l’ambition, ou au moins le rêve de remporter le Brennus, tu n’as rien à faire là. Ça doit être le cas de n’importe quel joueur, de n’importe quel effectif. Malheureus­ement, beaucoup de joueurs sont simplement contents d’avoir un contrat. C’est triste. Ils sont contents d’être en Top 14 mais ils ont perdu l’ambition de s’améliorer. C’est pour moi inacceptab­le. Il faut comprendre que l’on est là pour être un gagnant et avoir toujours cette rage de vainqueur. Il faut toujours avoir la volonté d’aller chercher des choses plus grandes que celles dont on se croit capable. Le Top 14 est la compétitio­n la plus longue au monde, très dure et usante. Donc, si tu n’as pas cette volonté, c’est difficile d’être dans le top 6, le top 4 et encore moins dans les deux derniers à la fin de la saison.

Quand ça sera fini, vous aimeriez que l’on retienne quoi de vous ?

C’est à vous de me le dire (rires)… Depuis que je suis très jeune, mon père me répète une chose : ne sois pas comme les autres, sinon à la fin tu seras juste comme les autres. Ça veut dire que tu ne dois pas faire des choses complèteme­nt bizarres ou différente­s. Il faut juste trouver une raison d’être et une direction dans la vie qui compte pour toi. Que ce soit dans ta vie profession­nelle ou personnell­e. C’est ça qui compte, à la fin. Quand tu meurs, c’est ce qu’il reste de ta période sur la terre. C’est plus important que quelques résultats.

Propos recueillis par Nicolas AUGOT

« Les Bordelais vont nous mettre énormément de pression sur la conquête, c’est dans leur ADN. Ils vont aussi nous faire un festival dans toutes les zones de ruck car c’est important pour eux, pour leur jeu basé sur la prise de la ligne d’avantage et la vitesse. »

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