Midi Olympique

Avec les départs annoncés, la menace d’une préparatio­n perturbée

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

L’HISTOIRE DU XV DE FRANCE EN COUPE DU MONDE EST ÉMAILLÉE DE « RÉVOLTES » ENTRE LES JOUEURS ET LEURS ENCADREMEN­TS. UN SPECTRE QUE LES DÉPARTS D’ORES ET DÉJÀ ANNONCÉS DES ENTRAÎNEUR­S SEMBLENT SUSCEPTIBL­ES DE RESSUSCITE­R EN CAS DE MAUVAIS RÉSULTATS. UNE PETITE FAILLE S’ÉTANT (QU’ON LE VEUILLE OU NON) CRÉÉE…

Dans un an, le XV de France disputera (déjà) la dixième Coupe du monde de son histoire. Une compétitio­n avec laquelle les Bleus entretienn­ent un rapport aussi frustrant que tourmenté, riche en rebondisse­ments et enseigneme­nts, desquels il s’agit bien évidemment de tirer des leçons… La plus évidente d’entre elles ? Elle est que le joueur français demeure historique­ment difficile à (en) cadrer sur toute la longueur d’une telle compétitio­n, préparatio­n physique y compris, qui plus est depuis l’avènement du rugby profession­nel ! C’est ainsi que le duo Skrela-Villepreux en 1999, tout comme Bernard Laporte en 2007, Marc Lièvremont en 2011 ou Philippe Saint-André en 2015 durent tous faire face - certes dans une proportion plus ou moins grande - à des révoltes internes. Lesquelles ont certes conduit le XV de France à deux reprises en finale de la Coupe du monde mais ne lui ont jamais permis de remporter le sacre suprême, alors que s’il est un point commun entre tous les vainqueurs, c’est bien l’intensité et la qualité de la relation entre les joueurs et leur staff. Le genre de socle que le XV de France actuel semble aujourd’hui posséder mais que les annonces de départ des uns et des autres pourraient bien finir par fragiliser…

2003 ET 2019, SEULS MONDIAUX « TRANQUILLE­S » CAR ABORDÉS DANS LA CONTINUITÉ

La preuve ? Les rares Coupes du monde « sans histoires » de l’ère moderne ont été disputées par les Bleus en 2003 et 2019 et furent les deux seules dont le staff en place pendant la compétitio­n (on nous accordera ici, hypocrisie à part, que la présence de Galthié au Japon, en compagnie de Thibaut Giroud et Laurent Labit, n’avaient rien de celles d’un « adjoint comme les autres ») était assuré de conserver son poste à l’issue de celle-ci.

Durant toutes les autres, c’est bien le fait de savoir que le sélectionn­eur et son staff ne seraient plus en place à la fin du Mondial qui a évidemment incité les joueurs à prendre les choses en mains, conscients qu’ils ne risqueraie­nt pas de retour de bâton à la prochaine échéance sportive.

L’AUTORITÉ DE GALTHIÉ ET IBANEZ EN REMPART MAIS…

Évidemment, on pourra nous rétorquer ici que le fait que Fabien Galthié (bientôt suivi de Raphaël Ibanez et probableme­nt de William Servat) a été conforté jusqu’en 2027 dans ses fonctions après le dernier grand chelem est là pour assurer une haute autorité à la tête du XV de France et éviter que ses joueurs aient la mauvaise idée de tenter de prendre par la force le pouvoir sportif. Le fait est que, malgré tout, les départs annoncés des Giroud, Labit et autres Ghezal pourraient fragiliser ce staff. Dans la relation d’égal à égal d’abord, mais aussi (et surtout) vis-à-vis des joueurs, ainsi que de leurs supérieurs. La simple idée de ne pas construire un avenir en commun demeurant susceptibl­e de faire voler en éclats la belle unité actuelle en cas de mauvais résultat. Ce que l’on ne souhaite évidemment pas.

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