La « spéciale » de Montauban
EN CE DÉBUT DE SAISON, DE NOMBREUX ESSAIS DE MONTAUBAN ONT ÉTÉ MARQUÉS SUITE À DES PASSES AU PIED. UNE « SPÉCIALE », SUPERBEMENT RÉALISÉE, AVEC JÉRÔME BOSVIEL À LA BAGUETTE, ET BASTIEN GUILLEMIN OU JOSUA VICI À LA CONCLUSION.
On avait la « tortue béglaise » au début des années 1990 ou le « Ministère de l’intérieur » plus récemment en équipe de France. Désormais, c’est Montauban qui tient sa « spéciale », pour martyriser les défenses adverses et inscrire des essais dans un style bien particulier : la passe au pied. Une technique répandue, qui est un art lorsqu’il est exécuté par les Vert et Noir cette saison. D’ailleurs, lors des cinq premières journées, Montauban a inscrit quatre essais après des passes au pied. Un chiffre énorme, et c’est sans compter les matchs amicaux ! La recette de ce succès est pourtant simple. Placez Jérôme Bosviel en position d’ouvreur avec le ballon et postez Bastien Guillemin ou Josua Vici près de la ligne de touche. En général, cela fait mouche. « Ce n’est pas une combinaison, on essaye juste de s’adapter à la défense adverse, tentait d’éclaircir Jérôme Bosviel, dont le pied fait (encore) des étincelles cette saison. Il faut trouver des solutions et la passe au pied en est une pour trouver les espaces libres. À l’entraînement, les ouvreurs et les centres travaillent les passes au pied pour l’exécuter en match et pour l’instant, ça nous sourit. »
Bosviel, Guillemin, Vici : triplette gagnante Grand habitué du Pro D2, Bosviel n’en est bien sûr pas à son coup d’essai. L’année dernière déjà, une diagonale au pied parfaitement exécutée avait offert un succès inespéré à Montauban face à Aurillac. Mais cette saison, la combinaison a pris une tout autre dimension. Et si Bosviel jure qu’il y a aussi « de la réussite », ce geste technique n’est pas donné à tout le monde, et demande surtout une bonne vision de jeu. Le tacticien racontait : « Quand on est dans notre camp, les équipes font descendre deux, voire trois joueurs pour couvrir leurs 22 mètres. Donc potentiellement, on peut davantage jouer à la main. Et ensuite, lorsqu’on est dans le camp adverse, on retrouve une défense un peu plus « normale ». Ce qu’on voit de plus en plus, ce sont des joueurs qui délaissent la zone des 15 mètres pour fermer très fort et éviter de se faire déborder. » Ensuite ? Il y a l’instinct, tout simplement. « Il n’y a rien d’annoncé, poursuivait l’ouvreur. Il y a un code pour les passes au pied, mais la plupart du temps, c’est juste un regard ou une main levée. Ce qu’il faut, c’est quand même qu’on étire la défense le plus possible. Nous avons des ailiers qui bougent énormément dans le jeu, qui viennent se proposer un peu partout donc on est assez libre sur les combinaisons offensives. »
DES RÉCEPTIONS CAPITALES
Les ailiers, parlons-en d’ailleurs. Si la qualité de passe est nécessaire, celle de la réception est primordiale dans la réussite du mouvement. D’ailleurs, Bosviel ne manque pas de viser les joueurs adverses réputés moins bons dans le domaine aérien, comme l’Agenais Tevita Railevu, pour avantager les siens. « Railevu, les ballons hauts ce n’est peut-être pas son point fort, par contre, il m’a fait exploser au contact après une touche », riait Bosviel. Mais à Montauban, les ailiers ont le timing. Que ce soit Vici ou Bastien Guillemin, ils se régalent pour le moment des caviars de leur ouvreur. « Jérôme à un coup de pied en or, s’exaltait l’ancien Castrais. Nous, on a le ballon sur les ailes et on essaie de les conclure. En Pro D2, il y a de la place de marquer quelques essais comme ça. » Tant que ça marche, Montauban devrait continuer à tenter sa spéciale, mais Bosviel n’est pas dupe : « Quand les équipes vont voir comment on peut jouer, les ballons seront meilleurs à jouer à la main. »