Midi Olympique

Pros : faut-il siffler la fin des 3e mi-temps ?

SI LES CLUBS PROS FONT DE LA CONVIVIALI­TÉ LEUR PREMIER ARGUMENT MARKETING, LES FAITS POURRAIENT BIEN LES INCITER À SERRER LA VIS.

- Par Nicolas ZANARDI nicolas.zanardi@midi-olympique.fr

Ce sont des images dont le rugby profession­nel aime à s’enorgueill­ir. Celles du rapport de proximité que conservent les joueurs vis-à-vis de leurs supporters et du péquin moyen, probableme­nt un des meilleurs arguments marketings du monde ovale, amplifié et savamment mis en scène sur les réseaux sociaux. Sauf que cette version idyllique a bien évidemment son revers de la médaille, cette face obscure que les faits divers survenus ces dernières années ne cessent de révéler. Ce n’est pas un scoop. Mais dans un monde où le moindre dérapage peut devenir incontrôlé et où l’image est devenue la clé d’à-peu-près tout, il devient essentiel pour les clubs de ne pas voir leurs noms associés à tel ou tel scandale.Vis-à-vis des sponsors, bien sûr, mais aussi du grand public aux yeux duquel il s’agit d’éviter le « bad buzz ».

Cette problémati­que ? Un sport aussi médiatique que le football doit la gérer depuis de nombreuses années, obligé de « cloisonner » les rapports entre les joueurs et leurs ultras, et donc d’organiser les sauteries destinées à leurs joueurs dans des lieux privatisés. Alors, sachant que l’évolution du rugby épouse celle de son cousin avec à peu près une quarantain­e d’années de retard, il ne nous étonnerait guère de voir de plus en plus les troisième mitemps des joueurs pros non pas supprimées, mais coupées du reste du monde… Éternel précurseur, le Stade toulousain n’a pas procédé à autre chose depuis 2018 et « l’affaire Kolbe » qui avait vu l’ailier sud-africain impliqué (ainsi que le pilier Daniel Mienie) dans une bagarre à la sortie de la boîte de nuit le Purple. Depuis lors, afin d’éviter tous problèmes vis-à-vis de personnes extérieure­s, le Stade a pris l’habitude de privatiser ses soirées d’aprèsmatch, réduisant le rapport aux supporters aux quelques heures suivant le coup de sifflet final des rencontres. Un mode de fonctionne­ment dont sont encore évidemment très loin les autres clubs profession­nels, particuliè­rement ceux issus de « petites villes » comme Brive ou Castres, où les éventuelle­s affaires se règlent encore « à l’ancienne ». Reste que l’évolution des moeurs et l’inévitable mutation du rugby profession­nel vers les grandes villes (où les joueurs, moins reconnus, sont forcément plus exposés à sortir du cadre) vont forcément inciter les clubs à serrer la vis. La preuve étant que ces cinq dernières années, peu d’équipes peuvent se targuer de ne pas avoir eu leurs propres faits divers à gérer…

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