Vernier, le sécateur format poche

GABRIELLE VERNIER — CENTRE DU XV DE FRANCE FÉMININ INTRAITABLE EN DÉFENSE MALGRÉ SON PETIT GABARIT, LA CENTRE S’EST MONTRÉE RASSURANTE DANS UNE LIGNE D’ATTAQUE QUI A PARFOIS BÉGAYÉ.

Pour être tout à fait honnête, on ne savait pas grand chose de ces Sud-africaines. Mais quand on les a vu débarquer sur le terrain d’entraînement pour s’échauffer, on s’est demandé si l’on parlait bien de l’équipe qui avait encaissé un sévère 46-3 à Vannes en novembre dernier. Car en face de nous se dressaient des athlètes puissantes, vives, agressives et plutôt bien organisées. Cela s’est vérifié dans le match, où les Bleues - qui sont pourtant mondialement connues pour leur densité physique - ont vraiment batailler pour venir à bout de ces Sud-Africaines. Certaines Françaises rendaient de nombreux kilos à leurs vis-àvis. À commencer par la centre Gabrielle Vernier, qui faisait face à Aphiwe Ngwevu. Sur la toise, la Blagnacaise atteint à peine le mètre soixante-quatre, pour soixantedeux kilos. Ngwevu mesurait dix centimètres et pesait quinze kilos de plus. On se disait que la Blagnacaise allait passer un sale après-midi...

FERER : « GABY ? ELLE EST INCROYABLE»

En réalité, il n’en fut rien. Pire, ce fut même le contraire. À la fin du match, la colosse sud-africaine n’avait gagné que six mètres, sans jamais avoir franchi. Gabrielle Vernier, en revanche, affichait 91% de réussite au plaquage sur ses douze tentatives, le tout agrémenté par un ballon gagné sur turnover. Pas mal pour la petite teigne de Blagnac... D’autant qu’elle a également brillé en attaque, avec son essai, deux franchissements et deux défenseurs battus. Comme dans l’histoire consacrée, David a bien renversé Goliath. Mais ce n’était pas une surprise pour ses coéquipières d’entraînement, à commencer par sa captaine d’un jour Céline Ferer : « Gaby, elle est incroyable. Je connais la puissance de ses plaquages et franchement, je ne sais pas d’où elle la sort. Je ne sais pas comment un aussi petit gabarit arrive à renverser des filles qui font double d’elles ! C’est énorme, et c’est aussi ce qui fait le charme de notre « petite grande Gaby. »

Elle ne voulait pas passer à côté de son premier match à l’Eden Park. Après la rencontre, ses yeux brillaient encore: « Personnellement, jouer ici, c’était absolument génial. Entendre les supporters français alors qu’on est à l’autre bout du monde, ça m’a vraiment touchée. » Il suffira d’y revenir... Mais pour cela, il faudra atteindre les quarts, voire les demi-finale. Chiche, Gaby ?