Les différences Nord - Sud
Àl’horizon de la coupe du monde en septembre 2023, la tournée d’automne qui se profile nous promet des confrontations nord/sud révélatrices des forces en présence. Le rugby produit à la fois lors du dernier Rugby Championship et lors du Tournoi (chelem des français) a déjà apporté des indications intéressantes. Au gré de leurs performances précédentes, l’Irlande et la France sont logiquement placées en pôle position. Côté sud, l’excellence du jeu néo-zélandais s’est effritée. Leur victoire dans le dernier Rugby Championship n’est pas convaincante. Ceci dit, il n’est pas impossible que les all blacks retrouvent très vite le jeu qui a fait leur réputation. En ce sens, leur performance lors de leur dernier match contre l’Australie a été significative d’une bien meilleure maîtrise de leur jeu collectif. Le repositionnement de Jordan Barett au centre a apporté une dynamique de vitesse et d’intelligence qui semblait manquer à leur ligne d’attaque. Est-ce que ce sera suffisant pour que les blacks retrouvent leur ADN à savoir un jeu qui pondérait judicieusement « raisonnable structuration » et « adaptation » où il s’agit bien de tirer profit des turbulences et incertitudes que le jeu de haut niveau génère.
À vérifier déjà cet automne. Autre prétendant incontournable, l’Afrique du Sud. Les champions 2019 développent un rugby très planifié autour de la puissance des avants. Est privilégié, affrontement individuel -jeu à une passe et en alternance jeu au pied. La vitesse de réalisation et la réactivité du soutien proche permet de créer une avancée continuelle particulièrement dévastatrice pour la défense. Les lignes arrières présentent des compétences indéniables, je regrette qu’elles ne soient pas plus sollicitées. Ce rugby n’est pas celui que j’apprécie mais c’est bien « le leur ». Les Boks » n’en doutons pas seront au rendez-vous. Les Australiens sont joueurs, capables du meilleur en attaque et du pire en défense. L’Argentine ? Il manque deux ou trois joueurs d’exception pour rivaliser dans la continuité d’une compétition élitiste comme la coupe du monde.
Et… l’Europe ? Les Irlandais ont su évoluer vers un rugby moins planifié, il reste cependant toujours très marqué par un jeu où chacun joue son rôle, ce qui réduit sensiblement les prises d’initiatives, et, quand c’est le cas, la réponse collective qui est censée aller avec n’est pas toujours adaptée. La France, pour conserver la confiance en son jeu et se présenter dans les meilleures conditions va devoir gérer l’avant coupe du monde. Challenge jamais simple. Le jeu des bleus va être disséqué. Pas sûr que leurs adversaires leur laisse l’occasion de lancer les fameuses « fulgurances », leurs meilleures armes, nées de l’exploitation intelligente des « turnovers » où il s’agit d’aller vite jouer « où c’est facile ». L’Angleterre n’est pas au mieux mais ce n’est pas par hasard qu’elle s’est avérée être régulièrement compétitive en Coupe du monde.
Dans le cadre de cette tournée automnale, c’est bien la célébration des succès qui vont conforter le choix du jeu des uns et des autres… mais tout autant l’analyse sans indulgence des éventuels échecs permettra, sinon d’opter, du moins de tendre, vers le jeu qui estampillera cette coupe du monde 2023 dans moins d’un an.