Midi Olympique

Les méandres du cerveau

- Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

Plein de choses ressortent du papier que vous lirez ci-contre, et qui touche à un domaine que le rugby français a trop longtemps ignoré. Qu’il a même raillé. La préparatio­n mentale, la psyché, ses forces et ses failles, c’était un truc pour les faibles. Et pas de ça chez nous, dans ce sport où le collectif hypertroph­ié censure parfois l’expression individuel­le d’un mal-être, d’un doute, d’une hésitation ou d’une fissure. C’était le culte du mâle alpha et il fallait être fort, ou tout du moins en renvoyer l’image au vestiaire. Alors, on a longtemps évité le sujet.

Comme souvent, le vent nouveau est venu de Nouvelle-Zélande. Comme souvent, le sujet s’est ensuite exporté en Angleterre avant de poser (enfin) ses valises en France. Depuis longtemps, les All Blacks et leur staff travaillai­ent avec un préparateu­r mental au service du collectif, de l’approche des matchs et des performanc­es. Dès 2003, Clive Woodward mettait aussi au service du XV de la Rose plusieurs psychologu­es et préparateu­rs mentaux. Pas en prise directe avec les joueurs mais qui conseillai­ent déjà « Sir Clive » dans la gestion de son groupe et des hommes qui le composaien­t. Dans la manière de les conditionn­er, de leur parler, les messages à adresser, les mots et les images à proscrire.

Voyez-vous, la performanc­e, c’est aussi une histoire d‘intellect, de mental et de gestion des émotions. Ce que certains, naturellem­ent, appréhende­nt mieux que d’autres. Mais tout cela n’est pas qu’une affaire d’inné : la constructi­on mentale d’une performanc­e de haut niveau se travaille tout autant. Elle s’acquiert en épousant les contours d’un contexte.

Désormais pleinement arrivée en France, la pratique est très présente chez les Bleus, où Fabien Galthié prend régulièrem­ent conseil auprès de trois psychologu­es différents. C’est également le cas dans de nombreux clubs et désormais à La Rochelle, où Ronan O’Gara s’est attaché cette saison les services d’une pointure en la matière : Éric Blondeau, aux multiples antécédent­s couronnés de succès.

Cette semaine, sa mission rochelaise fut plus importante, plus scrutée encore. En deux saisons, le club à la Caravelle a enchaîné huit défaites (dont deux en finale) contre le Stade toulousain, qu’il retrouvera ce dimanche à Ernest-Wallon. Si des faits de jeu, des faits techniques et des faits de chance peuvent aussi expliquer la chose, une telle série devait se lire à la source et se traiter à la racine. Dans les méandres du cortex cérébral. C’est ce à quoi Blondeau s’est attelé. Cela ne garantit toujours pas la victoire mais cela évite, déjà, un complexe d’infériorit­é. Le reste appartient au terrain.

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