Eales : « La plus belle soirée rugby du monde »
LA 69e CÉRÉMONIE DES OSCARS DU RUGBY MIDI OLYMPIQUE S’EST DÉROULÉE LUNDI À PARIS, DONNANT LIEU, COMME CHAQUE ANNÉE, À UNE PRÉPARATION EXCEPTIONNELLE. RÉCIT.
Lundi, 20 h 45, pavillon Gabriel : trois cents privilégiés n’ont pas le temps de s’asseoir qu’il s’apprêtent à se relever dans une salle devenue électrique pour accueillir les plus grandes légendes de ce sport : les huit capitaines champions du monde pénètrent dans l’allée centrale avec Siya Kolisi en troisième ligne de fermeture, le seul habilité à porter le trophée Webb-Ellis, arrivé dans la journée et solidement gardé. Une folle et poignante standing ovation, comme pour mieux sublimer l’instant T devenu historique. En grand ordonnateur de la soirée, Philippe Oustric a joué de ses réseaux autre quatre coins du monde auprès de RocNationSports, CSM Group et Piet Jackson pour faire naître l’impensable. Rassembler l’ensemble de ces capitaines ne s’est pas fait en un jour et a nécessité une organisation de plusieurs mois, afin de coordonner les agendas et les déplacements des différentes icônes pour les dérouter vers Paris. Richie McCaw a interrompu sa tournée au Japon pour un voyage éclair dans la capitale, Siya Kolisi a pris deux avions samedi, depuis Durban pour rejoindre Johannesburg puis Paris en express ; David Kirk, Nick Farr-Jones et John Eales sont arrivés de Sydney via Dubai ; François Pienaar a annulé plusieurs engagements pour s’envoler d’Afrique du Sud. Et le plus souriant des champions du monde, Martin Johnson, surnommé affectueusement « Grincheux » par ses pairs a nécessité une attention toute particulière pour traverser enfin la Manche, après maintes refus : hors de question qu’il en manque un seul !
CENT VINGT PERSONNES À L’OUVRAGE
Une organisation minutieusement réfléchie pour un séjour de quatre jours aux petits soins : au-delà du ballet des voitures, des personnes affectées au service des joueurs, une brigade spéciale s’active autour du QG des Oscars depuis maintenant quinze ans. Par la volonté de Dominique Desseigne, le Fouquet’s Barrière est devenu l’incontournable hôtel des stars mondiales : jadis Jonah
Lomu, Dan Carter, Agustin Pichot, Georges Gregan ou encore David Campese y ont séjourné, parfois bien au-delà des Oscars. La présence des meilleurs joueurs du monde est devenue un événement pour ce palace parisien idéalement situé en haut des Champs-Élysées. Les stars mondiales occupent les plus belles suites et le Fouquet’s organise toujours un cocktail dînatoire de grande qualité avec systématiquement un imposant gâteau de bienvenue, à la thématique choisie. « C’est la plus belle soirée du monde ! D’abord, nous avons été reçus et traités comme des seigneurs durant trois jours,
assène John Eales, avec un souci d’excellence et de perfection mais c’est la plus belle de toutes car elle une âme. Ce sont toujours des moments uniques à vivre, avec l’esprit rugby ! Elle a toujours quelque chose de magique cette soirée. »
La magie des retrouvailles, des images et accolades fortes, comme celle de Daniel Dubroca et David Kirk, vingt ans après, les capitaines étrangers dans les bras de leurs vis-à-vis français, comme autant d’étoiles dans les yeux et les assiettes. Les Oscars, c’est une organisation bien à part : une ruche de cent vingt personnes qui s’active dès 7 heures du matin sous les ordres et l’oeil acéré de Viviane Valette ; l’oeil vigilant, il est pour Clara Hélias qui, d’une main de maître, veille sur la fameuse liste des invités et du placement des tables : trois cents dedans et autant dehors ! Les derniers sésames sont rares… les sémillantes Elise Crassat et Sandy Pigozzo s’affèrent déjà aux répétitions, à l’installation d’une troisième mi-temps, avec des bars sur mesure et cockpit de simulation de vols en Alfa Jet de la Patrouille de France en place.
MCCAW, UN SERVEUR QUATRE ÉTOILES
Potel et Chabot a fait les choses en grand : des centres de tables réalisés sur mesure, d’où jaillissent la lumière et le feu sacré de sa meilleure équipe avec son meilleur capitaine, Eric Collet, et son meilleur entraîneur, le big boss en personne, Cyrille Boucharbat, lequel en bon Périgourdin, ne se déplace que pour les grands matchs ! Du travail d’orfèvre, un dîner trois étoiles à la finesse exécutée par la maestria du chef Maria Soria et Marc Rivière, double champion du monde de la pâtisserie ! Service à l’assiette sous cloche par une brigade de soixante personnes avec scénarisation sur chaque plat : l’excellence a un prix, la rapidité aussi : tout est calé sur deux heures ! En harmonie avec la soirée, orchestrée superbement par la trentaine de techniciens aux ordres de Fabrice Lajus (All Events), Dacquois bon teint à la réputation internationale pour mener et veiller sur le Palais
Garnier et l’opéra Bastille. Deux heures de pur bonheur où stars, frissons, films et images inédites vont s’enchaîner : silence absolu d’une salle figée avec des yeux d’enfants, à l’écoute des confidences d’un François Pienaar qui livre ses secrets sur Mandela, Richie MacCaw qui évoque ses All Blacks et, enfin, John Eales et Nick Farr-Jones, en mode classe absolu.
À 23 h 30, la cérémonie s’achève mais le rêve est toujours présent, comme pour mieux faire durer une troisième mitemps que personne ne veut quitter : un décor de cinéma dixit Jean Dujardin, un club-house chic à l’anglaise et des stars de tout horizons qui se mêlent aux invités et écrivent la légende, cocktails de champions du monde aidant. Siya Kolisi s’en va dédicacer chaque tablier, et remercier chaque intervenant en cuisine quand Richie McCaw a servi du rhum Havana Club derrière le bar tout en délivrant ses secrets de la confrérie All Blacks, devant un parterre médusé aux yeux d’enfants… Plus tard, dans la nuit, Francois Pienaar, Martin Johnson, Siya Kolisi et John Eales ont remonté les Champs-Élysées, la plus belle avenue du monde, cigare au bec ! Une nuit de grâce étoilée...