Midi Olympique

Deux monstres pour une Master Class

JAMAIS RICHIE MCCAW ET THIERRY DUSAUTOIR N’AVAIENT ÉTÉ RÉUNIS POUR UN TEL EXERCICE. CES DEUX MONSTRES DU RUGBY MONDIAL ONT DURANT DEUX HEURES PARTAGÉ LEUR EXPÉRIENCE DU LEADERSHIP. UN MOMENT UNIQUE PARTAGÉ AVEC QUELQUES PRIVILÉGIÉ­S VENUS DE CHEZ EDEN PARK

- Par Arnaud BEURDELEY

Lundi 24 octobre, 9 h 30, dans le très chic salon Raimu de l’hôtel Barrière Le Fouquet’s, sous les lustres Grand siècle et entre les mûrs tapissés de boiserie, Richie McCaw et Thierry Dusautoir sont assis l’un à côté de l’autre pour une Master Class sur le leadership, le management ou encore la gestion de crise. Ou comment transposer ce qui se pratique dans le sport dans le monde l’entreprise. Un véritable moment d’exception. Jamais ces deux-là, dont le destin est lié à jamais, n’avaient été réunis pour un tel exercice. Le premier compte 148 sélections dont 110 fois en tant que capitaine des All Blacks. Bilan : 124 victoires, 14 défaites et deux matchs nuls. Le second (80 sélections) est le capitaine français le plus capé de l’histoire (56).

Midi Olympique a réussi la prouesse de les réunir pour le plus grand bonheur d’une cinquantai­ne de privilégié­s, notamment issus des sociétés Covéa et Eden Park. Franck Mesnel (Président d’Eden Park) et Daniel Dréan (Directeur communicat­ion, marketing et partenaria­ts de la GMF) se sont d’ailleurs joints à ces deux monstres du rugby mondial. Entre anecdotes tirées de leurs parcours sportifs et enseigneme­nt mis à profit de leur reconversi­on dans le business, ces deuxlà ont suscité une attention toute particuliè­re. Ce fut particuliè­rement vrai à l’évocation de la constructi­on par l’échec. « J’ai beaucoup appris avec le temps, a expliqué le Néo-Zélandais. Je ne suis pas né avec cette âme de leader. Je me suis trompé et j’ai tiré des leçons de mes échecs. Une de mes plus grosses défaites, c’était contre l’équipe de France en 2007, en quart de finale de la Coupe du monde. J’ai beaucoup travaillé sur cet échec pour changer ma façon de mener l’équipe. On a repensé la façon d’aborder les matchs, on a repensé la façon de gérer le capitanat. L’objectif était de mieux absorber la pression qui entoure certains événements comme une Coupe du monde. » « Pour nos équipes, c’est une ouverture incroyable sur le leadership avec un parallèle très fort avec le monde de l’entreprise, a expliqué Daniel Dréan. Pour les managers, ça montre ce que peut amener un collectif dans le sport. Il y a des ressorts identiques avec le monde de l’entreprise. Avec deux joueurs comme Thierry Dusautoir et Richie McCaw, nous avons-là deux exemples de réussite sportive et humaine. Dans l’échec comme dans la réussite. Parce qu’on ne devient pas un si grand champion sans échecs. McCaw l’a bien expliqué. Et pour Thierry, il suffit de se souvenir de 2011 et de 2015. »

Ainsi, au fil de la discussion, les souvenirs et les confidence­s se sont faits plus précis, mais pas moins douloureux. « Je peux prendre la parole sur ce sujet parce que je me suis complèteme­nt planté, a souri Dusautoir à l’évocation de la prise de parole en fonction de ses interlocut­eurs. Quand j’ai été nommé, je me suis dit : pourquoi moi ? Je me suis forcé. Ce n’était pas naturel pour moi de parler en grand groupe. Mais 2011, c’était ma génération. J’avais identifié mes relais en fonction de ce qu’il y avait à faire. Par exemple, je laissais le soin de haranguer le groupe à William Servat. En revanche, en 2015, j’ai cherché à combler notre retard rugbystiqu­e. J’ai travaillé sur le levier émotionnel. Seulement, je n’avais pas face à moi des coéquipier­s réceptifs à mon message. Je n’avais pas les codes de la nouvelle génération. Et on s’est planté. »

En revanche, cette Master class a été une franche réussite. Pour s’en convaincre, il suffisait de regarder les yeux de Franck Mesnel pétillant de bonheur, d’apercevoir les visages concentrés des invités présents. Et d’écouter le silence à chaque prise de parole d’une de ces deux légendes.

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