Un monde violent
Nous vivons sous tension dans un monde de plus en plus violent. Flotte un risque de guerre dévastatrice et la préoccupation majeure des Français, c’est la sécurité. Tout le débat politique tourne autour de cette question. Sur le plan épidémiologique on constate une augmentation significative du passage à l’acte au niveau des jeunes générations. Les faits divers nous assaillent avec, dans ce monde de l’image, des séquences insupportables de passage à tabac par un groupe bourrant de coups de lattes leur victime au sol. Encore pire, le doute nous envahit sur ce qui pourrait arriver à nos enfants. Au contraire, le rugby, lui, a énormément diminué le processus de violence. Ainsi, on voit des gaillards s’empoigner, rouler au sol en se tenant, mais aucun « marron » car : « vidéo, acte d’antijeu et carton rouge ! » Exit les « générales d’antan » qui faisaient partie, avouons-le, de nos attentes. D’ailleurs dans les interviews des combattants du passé fleurent le souvenir de « santons » à Mayol, Châteaurenard et Brive-laGaillarde… On s’entendra sur le fait que cette belle évolution du rugby repose sur le respect de l’arbitre et de ses décisions, d’autant plus que l’arbitrage vidéo limite grandement ses erreurs. Cela peut être irritant, longuet et pénible pour les supporters croyant à l’essai mais c’est l’absolue acceptation des règles. Intéressants aussi la discussion avec l’arbitre et les capitaines avec courtoisie. Pour revenir à la violence, elle n’a rien à voir avec l’agressivité, l’engagement qui sont déterminants. Lors du dernier Toulouse - La Rochelle, Kerr-Barlow était bouillant et bousculait notre idole Antoine Dupont (sourires, moqueries, tapes sur le ballon…) et in fine, carton rouge, non pour lui, mais mérité pour ce plaquage haut du malheureux Reda Wardi, privé ainsi de sa sélection en équipe de France. Quelles étaient les consignes de O’Gara ? Quelles sont celles de tous les entraîneurs du Top 14, et des entraîneurs des équipes nationales ? D’évidence : « Ne laissez pas Dupont jouer, collez-lui aux basques. » On peut comprendre cela. L’ennui c’est que lors de ce match, gêné sans doute par la pression, la crainte d’une éventuelle blessure et la perspective de la tournée qui arrive, Antoine Dupont fut gestionnaire, avec, d’accord, un remarquable coup de pied à suivre magnifiquement exploité par les « cannes » de Ramos mais pas de Dupont passant par les trous de souris que l’on attend tous. Toulouse gagnera ce match que La Rochelle aurait pu gagner. Ugo Mola n’a pas dû être « comblé » selon le commentaire de Vincent Bissonnet, dans son article du lundi 24 octobre et si on veut bien accepter l’avis de Christian Montaignac, « Antoine Dupont plus fulgurant encore que Jérôme Gallion » - qui l’était superbement ! On peut craindre et on va craindre jusqu’à l’espéré sacre final. Ensuite un plaquage appuyé sur Antoine deviendra anecdotique. Le rugby, moins violent que notre société, gagnerait à ne pas violenter Dupont.