Midi Olympique

Depuis Brisbane, le compte de faits

LE 17 JUILLET 2021, LES WALLABIES FURENT LES DERNIERS À BATTRE LE XV DE FRANCE, EN AUSTRALIE. DEPUIS, LES BLEUS RAFLENT TOUT SUR LEUR PASSAGE ET, MALGRÉ LES NOMBREUX OBSTACLES ET IMPRÉVUS, IL N’EST PAS QUESTION QUE LA SÉRIE S’ARRÊTE ICI.

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Allez, même si ce XV de France a pris plus que jamais la bonne habitude d’avancer à vitesse grand V (sur le terrain, dans la hiérarchie mondiale ou en coulisses), il est l’heure de revenir un peu en arrière. 476 jours exactement. Un an et un peu moins de quatre mois. Sur l’échelle de ce sport, ce n’est pas grand-chose. Mais à celle d’une sélection qui brûle les étapes et dont la seule limite est justement de ne pas en avoir, c’est une éternité. Le 17 juillet 2021, en clôture de la tournée d’été en Australie, les Bleus s’inclinaien­t face aux Wallabies à Brisbane. Non sans certitudes et sans honneur, puisque Noah Lolesio avait offert aux siens un succès aussi étriqué que le short de Uini Atonio (33-30), d’une pénalité bienvenue à la 78e minute. Imaginez que, sur le terrain, Anthony Jelonch n’était alors qu’un leader de circonstan­ce, lui qui avait été nommé capitaine pour la virée chez les Wallabies du haut de ses… huit sélections, et Melvyn Jaminet un ovni encore loin d’avoir atterri sur la terre ferme. Imaginez aussi qu’à la grâce d’un calendrier de « l’avant » qui offre ces fameux voyages estivaux pour lesquels l’équipe nationale doit se passer de ses plus beaux joyaux logiquemen­t plongés dans le formol (ou juste, parfois, en train de disputer une finale de Top 14 !), Julien Hériteau, Quentin Walcker, Anthony Étrillard ou Pierre-Henri Azagoh avaient tous participé à la fête. Une autre époque, on vous dit. Non pas que ces quatre-là aient volé la chance qui leur a été offerte mais il faut bien reconnaîtr­e qu’ils semblent désormais bien loin dans le « ranking » renouvelé chaque lundi par Fabien Galthié et ses ouailles.

476 JOURS D’INVINCIBIL­ITÉ

Déjà, le rugby français était entré dans une nouvelle ère. Celle où, malgré ces équipes fabriquées de bric et de broc, il ramène toujours des valises pleines, mais de briques et d’or maintenant. Fini ce temps où notre réservoir était aussi vide que celui de votre bagnole au moment de faire cent mètres de queue chez le pompiste voilà quelques semaines. La France a un incroyable talent, et il a bien fallu s’y faire. Voilà comment, malgré les blessures, les absences, les convention­s et tout le joyeux bordel de ce sport définitive­ment à part, les Bleus se sont construit un destin. Un vrai. Voilà aussi comment, durant ces 476 jours, ils ont enfin rouvert un livre des records recouvert de poussière, pour y écrire quelques glorieuses pages. D’un succès de prestige contre les All Blacks en novembre 2021 (et avec la manière s’il vous plaît !) au grand chelem dans le Tournoi des 6 Nations 2022, tant attendu depuis douze ans. C’est simple : depuis Brisbane, le XV de France n’a plus connu la défaite. Huit cents minutes d’invincibil­ité. Dix victoires d’affilée. Et la série pourrait devenir la plus longue de l’histoire nationale dans huit jours, à Marseille, face aux champions du monde springboks. Avouez tout de même que cela aurait de la gueule… Mais, pour en avoir seulement l’opportunit­é, encore faut-il battre à Saint-Denis ces Wallabies, derniers tombeurs de Tricolores à qui personne ou presque ne résiste.

FOL ESPOIR ET VRAIE ROMANCE

Oui, juillet 2021 était une autre époque, où l’équipe de France n’était que cette future bombe pour qui on prévoyait déjà toutes les distinctio­ns. Une magnifique promesse, un fol espoir. Et nous vestiges des mandats de Saint-André, Novès ou Brunel - de jouer alors les « pisse-froid » et de rappeler à longueur de colonnes, malgré le charme sous lequel nous avait plongés cette équipe, qu’elle n’avait encore rien gagné. Le truc, c’est qu’elle gagne tout maintenant. Et chacun connaît l’adage sur l’amour, la raison et toute l’eau de rose qui va avec. Évidemment, la France vit une nouvelle romance avec sa sélection nationale. Il n’y avait qu’à voir l’état de transe dans lequel le Stade de France - trop souvent éteint comparé aux enceintes de Cardiff, Edimbourg ou Twickenham s’était retrouvé lors de la démonstrat­ion face à la Nouvelle-Zélande ou pour sceller le grand chelem contre l’Angleterre. Le public s’identifie à cette génération dorée, il bade les Dupont, Alldritt,

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