Nevers avance sur un fil barbelé
EN MANQUE DE POINTS À L’EXTÉRIEUR, LES NEVERSOIS SONT CONDAMNÉS AU SANS-FAUTE À DOMICILE POUR GARDER LEUR OBJECTIF DE QUALIFICATION À PORTÉE DE MAIN.
Les données chiffrées sont à l’équilibre, tels les plateaux d’une balance. Quatre victoires, un nul, quatre défaites, et un goal-average à + 1 presque aussi plat que la Loire en amont du pont menant les rubans de supporters du centre-ville au Pré-Fleuri. Neuvième du classement, Nevers basculera ce soir, à l’issue de l’affrontement avec Vannes, sur l’un des deux versants d’un championnat vertigineux où s’éboulent les certitudes de journée en journée. « Ce match ne va pas nous qualifier, si on le gagne, mais ce qui est sûr, c’est qu’une défaite nous mettrait vers le bas du classement », estime le manager Xavier Péméja. « Pour le moment, on est sous la courbe de la qualification. Si on a un accident à la maison, on se retrouvera vraiment en retard. On a la pression chez nous. » Avec trois victoires et un nul au Pré-Fleuri, l’Uson affiche un bilan jusqu’à présent honorable que ses prestations à l’extérieur ne transcendent pas : une victoire à Massy lors de la troisième journée, et deux défaites bonifiées rapportées de ses deux derniers voyages à Colomiers et Grenoble. Paradoxalement, le capitaine Rudy Derrieux et ses coéquipiers s’exportent mieux que les saisons précédentes, affichant en toutes circonstances un état d’esprit qui leur a évité la dégelée systémique à Oyonnax (23-6), mais leurs performances ne sont pas assez converties en points au classement.
« Il faudra bien que ça paye un jour à l’extérieur », soupire Xavier Péméja, qui a toujours en travers de la gorge le final cruel à Colomiers, aussi indigeste que le nul offert à Biarritz quelques semaines plus tôt.
UNE ARRIVÉE APPRÉHENDÉE
Envolées, ces deux victoires promises et chèrement acquises pèsent toujours aussi lourd dans le tableau. « C’est pour cela qu’on ne peut pas se permettre le moindre faux pas chez nous. » Après les visites de Rouen et de Provence Rugby, deux adversaires dangereux plutôt bien maîtrisés (27-17 et 26-9), l’arrivée de Vannes est appréhendée avec la prudence oratoire d’usage par Xavier Péméja, qui ne se laisse pas attendrir par les derniers revers secs des Bretons à Oyonnax (56-7) et Agen (17-3) : « On va affronter une grosse équipe de Pro D2, qui maîtrise son sujet. Il va falloir être au niveau, car ça va être solide, ils viennent pour gagner. On devra être au maximum de nos capacités. »
Largement remodelé par les arrivées et départs, son groupe a laissé derrière lui le temps de l’assimilation et affiche des vertus de solidarité et de combat séduisantes : « Les joueurs bossent bien, on n’a pas à se plaindre. Ils ne sont pas payés de leurs efforts mais ça ne les démobilise pas, ils ont envie de continuer à s’améliorer. » Et notamment dans le domaine offensif, où Nevers, traditionnellement flamboyant, pointe à une surprenante 13e place, en partie compensée par son efficacité en défense (la 4e de Pro D2) : « On est premiers au nombre d’essais encaissés mais on a un déficit d’essais marqués, pour lequel on essaie de trouver des solutions. L’avantage, c’est qu’on ne peut que progresser. »
Le discours n’a pas changé depuis le mois de juillet, quand en prélude à l’ouverture de la saison Joe El Abd avait soulevé l’enthousiasme des supporters oyonnaxiens en annonçant sa volonté de reconstruire une forteresse à Mathon. Avec un carton plein à domicile depuis le début de saison, 24 points sur 25 possibles, le projet est en bonne voie et à en juger par une affluence aux guichets sur la pente ascendante, l’adhésion des spectateurs du Haut-Bugey ne laisse aucun doute.
Le dernier match livré à Mathon, face à Carcassonne, a démontré la capacité des Oyomen à concilier efficacité offensive et organisation défensive intraitable. Pour autant, dans les rangs oyonnaxiens on se refuse à voir dans ce match réussi la forme d’un quelconque aboutissement. « Nous devons travailler sur la régularité, sur la continuité pour engranger des points », expliquait le centre Florian Vialelle après la victoire face aux Audois en se projetant déjà vers la réception de Rouen : « Nous avons des ambitions. Pour pouvoir les tenir il sera important de bien terminer ce bloc. La régularité doit être notre première qualité. »
Pour ce qui est de cette régularité évoquée par le centre oyonnaxien, le club du HautBugey est plutôt sur la bonne voie avec seulement deux défaites en neuf journées, à Biarritz et Mont-de-Marsan, mais surtout une suite de cinq rencontres sans défaite qui lui a rapporté la bagatelle de vingt points.
UNE BELLE MARGE DE PROGRESSION
Le calcul ne trouble pas Joe El Abd, concentré sur des objectifs de validation et d’évolution : « Notre maîtrise en défense, même en infériorité numérique, notre capacité à aller chercher le bonus offensif dans les dernières secondes montrent que nous avons progressé », détaille le technicien de l’Ain en référence au dernier match livré contre Carcassonne, non sans ajouter : « Nous avons encore de la marge ».
C’est aussi dans cette marge de progression que le club de l’Ain devra puiser face à Rouen pour prétendre rester branché sur le courant continu.
Ce n’est pas le souvenir de la défaite concédée à Mathon face aux Normands en février 2020 (22-23) qui pousse les Oyomen à la méfiance. Ce n’est pas non plus celui de leur large succès, face à ces mêmes Rouennais, en mars dernier (63-17) qui peut les conduire à s’en départir. Le constat de Joe El Abd tient aux réalités du présent : « Rouen a très bien commencé sa saison, C’est un club qui vient de battre Mont-de-Marsan et Biarritz, deux équipes face auxquelles nous nous sommes inclinés. Rouen est un rival direct du haut de tableau. » Pour s’inscrire dans la continuité il faudra réussir la passe de six.