Midi Olympique

« On sera seules contre tous »

CONSCIENTE DE L’IMMENSE DÉFI QUI L’ATTEND À L’EDEN PARK, LA DEMI DE MÊLÉE TOULOUSAIN­E RACONTE COMMENT LE GROUPE ABORDE CE RENDEZ-VOUS HISTORIQUE.

- Propos recueillis par S. V.

Que reste-t-il des deux victoires du mois de novembre dernier ?

De bons souvenirs, c’est tout. Ce sera une tout autre équipe. Elles ont changé de coachs, et on voit qu’ils leur ont fait énormément de bien. Leur jeu a évolué aussi, donc on ne peut pas s’attendre au même match.

Vous les avez tout de même désacralis­ées depuis 2018 ?

Oui. Nous étions nombreuses à les découvrir, on avait jamais vécu un haka, on avait tout pris dans la figure et on s’était montrées stériles en attaque. Les choses ont changé depuis. On les a affrontées, on les a vain- cues et on les aborde exactement comme une autre nation.

Risquez-vous d’être impression­née par le contexte ?

Ça va être incroyable ! Tout le stade va pousser en faveur des Néo-Zélandaise­s, et on va se retrouver seules contre tous. On parle beaucoup du contexte entre nous. On dédramatis­e l’évènement. On va d’ailleurs avoir en visio notre préparateu­r mental Mickaël Campo qui va, à notre demande, nous faire une interventi­on ce soir (mercredi, N.D.L.R.), pour nous aider à aborder ce moment. Cela sera aussi utile aux jeunes joueuses qui n’ont pas encore affronté les Black Ferns.

L’équipe de France possède la meilleure défense des quatre demi-finalistes…

C’est notre force depuis un petit moment déjà… Les Néo-Zélandaise­s jouent très à plat, donc notre but sera de monter très fort pour les empêcher d’envoyer le ballon sur les extérieurs. Pour moi, ce sera la clé du match, ainsi que sur les contre-attaques.

Avez-vous le sentiment que les Black Ferns ont déjà été, dans cette compétitio­n, réellement bousculées ?

Non. Elles ont eu un parcours relativeme­nt tranquille, quand nous avons affronté les Anglaises. Elles n’ont pas eu de match dur. Notre objectif sera de les agres- ser au moins pendant les vingt premières minutes pour leur faire comprendre que ce ne sera pas facile de nous battre.

ce niveau de compétitio­n ?

Franchemen­t, non. Je m’attendais à être davantage stressée. Mais je me sens bien, je suis relax et il me tarde que cela commence. Pour l’instant, je ne réalise pas qu’on va jouer une demie. Cela m’avait déjà fait ça pour le quart de finale.

J’aurais été en stress ! Mais il s’est passé tellement de choses depuis… le groupe a tellement évolué. On s’est prises en main, on a pris conscience qu’on pouvait faire de grandes choses. On profite entre nous, on passe des moments qu’on ne vivait pas il y a deux mois de cela. On profite enfin de l’aventure.

Vous enchaînez les rencontres, comment vous sentez-vous ?

Les entraîneme­nts sont adaptés. Cette semaine était vraiment pensée pour nous régénérer mentalemen­t et physiqueme­nt. On a récupéré un maximum et je me sens très bien.

Pour aller droit au but, on peut dire que le XV de France Féminin ne possède qu’une troisième ligne du profil de Romane Ménager. Ses concurrent­es au poste ne sont pas dénuées de qualité, loin de là, mais elles ne cumulent pas toutes les qualités de la Montpellié­raine. Charlotte Escudero (titulaire à ce poste contre l’Italie) l’égale dans sa dimension physique, mais ne possède ni sa vitesse, ni sa technique de plaquage. Emeline Gros, qui avait débuté le match contre les Fidji, la concurrenc­e en termes de vitesse et la surpasse même en termes d’explosivit­é, mais la néo-Grenoblois­e ne possède pas sa dimension athlétique. Une qualité qui, comme on l’a exposé ci-contre, sera déterminan­te pour faire plier ces NéoZélanda­ises. Pour toutes ces raisons, le retour de Romane Ménager au centre de la troisième ligne tricolore est donc une excellente nouvelle, comme la capitaine Gaëlle Hermet le confirmait : « On attendait son retour. Elle a beaucoup d’expérience, elle connaît les Black Ferns, elle les a affrontées plusieurs fois. Et puis elle va apporter de la puissance, ainsi que de la sérénité parce qu’elle a déjà joué une Coupe du monde. Elle n’a pas joué depuis l’Angleterre, à mon avis il ne vaudra mieux pas croiser sa route ! » Victime d’une sérieuse commotion après laquelle elle avait convulsé à la 17e minute du match contre l’Angleterre, le Montpellié­raine a, malgré les meilleures prestation­s collective­s de ses partenaire­s, tout de même manqué à ce XV de France. D’abord parce qu’elle est, avec Madoussou Fall, l’une des principale­s porteuses de balle de l’équipe. À deux, Fall et Ménager enchaînent les charges au milieu du terrain et ouvrent des brèches dans les défenses. La jumelle de Marine sait qu’elle sera attendu sur ce secteur de la dimension physique, et elle a même hâte d’y apporter une réponse : « Être attendue, cela ne me fait pas peur. C’est souvent le cas en match d’ailleurs, car je ne suis pas vue comme une fille très douce ! En tout cas, ce n’est pas une pression. Moi, je suis là pour faire avancer l’équipe, tant en attaque qu’en défense. » En tout cas et quelle que soit l’issue de cette demi-finale, Romane Ménager aura au moins un bonheur : celui d’écouter résonner la Marseillai­se dans l’Eden Park d’Auckland avec, à ses côtés, sa soeur jumelle qui sera elle aussi titulaire. Et pour elle, cela n’a pas de prix : « Si on nous avait dit, toutes petites, qu’on jouerait en équipe de France ensemble, on y aurait pas cru. Faire une Coupe du monde, c’est monstrueux. Et vivre ensemble une demi finale de Coupe du monde, on aurait jamais osé en rêver. Cela va être un grand moment d’émotion et on sera très fière de pouvoir raconter ce souvenir plus tard. » Et pourquoi ne pas raconter plutôt la même scène mais pour une finale de Coupe du monde ?

S. V.

Newspapers in French

Newspapers from France