Midi Olympique

Flament, l’homme « atout » faire

- Par Jérémy FADAT jeremy.fadat@midi-olympique.fr

C’est une discussion que le manager du Stade toulousain Ugo Mola et son joueur Thibaud Flament ont régulièrem­ent eue en début de saison dernière, sur l’utilisatio­n de l’intéressé. En somme, le technicien a répété à maintes reprises à l’ancien pensionnai­re des Wasps, débarqué à Ernest-Wallon moins d’un an auparavant et devenu internatio­nal français seulement quelques mois plus tard : « Tu peux jouer trois postes : deuxième ligne à gauche, flanker et même deuxième ligne à droite. Cette polyvalenc­e est un formidable atout, c’est elle qui peut te permettre d’évoluer et d’exister au très haut niveau. » C’est en tout cas elle qui, depuis un an et demi, lui permet d’enchaîner les succès et les titres : champion de France et d’Europe avec Toulouse en 2021, victoire de légende face aux All Blacks puis grand chelem 2022 avec le XV de France. Certes, dans la grande majorité des événements évoqués, Flament était sur le banc de touche au coup d’envoi et était entré en deuxième mi-temps. Mais c’est justement son profil hybride et quasiment unique qui a toujours imposé de placer son nom sur la feuille de match. Lui en a conscience : « J’aime avoir cette polyvalenc­e, même si c’est vrai qu’à la base, je préfère évoluer dans la cage, en deuxième ligne, là où je joue depuis plus longtemps et où je me sens le plus à l’aise, où j’ai plus d’automatism­es » Dans un rugby où le rôle des remplaçant­s, ceux que Fabien Galthié appelle depuis l’été 2021 les « finisseurs », est devenu de plus en plus décisif, Flament est un trésor. Déjà parce que son punch et sa puissance sont précieux, ensuite parce qu’il est parfait pour composer un banc avec six avants et deux trois-quarts, ce qui est à la mode. Le Stade toulousain le fait de façon presque systématiq­ue, quand le XV de France y a souvent recours.

UNE IMMENSE ACTIVITÉ POUR COMPENSER

L’autre avantage de posséder Thibaud Flament dans son effectif, c’est de pallier plus facilement à tout imprévu. La semaine dernière en fut un exemple marquant. C’est seulement le mardi, soit quatre jours avant le rendez-vous contre l’Australie, que l’encadremen­t des Bleus a constaté la blessure de Paul Willemse aux ischios, et vingt-quatre heures plus tard qu’il a acté son forfait. Il a fallu réagir dans l’urgence pour compenser cette absence majuscule, tant le Montpellié­rain s’est affirmé comme la poutre du paquet d’avant français depuis le début du mandat de Fabien Galthié. Il est LE numéro 5 incontourn­able des trois dernières années et, pour le remplacer dans le XV de départ, la solution la plus logique aurait pu conduire à Romain Taofifenua, qui présente le physique le plus proche du sien. Mais le sélectionn­eur apprécie l’apport du Lyonnais en fin de rencontre et, face aux doutes concernant sa faculté à tenir le rythme sur une heure au niveau internatio­nal, il a plutôt innové en optant pour Flament à droite de la deuxième ligne. L’idée ? Compter sur son immense activité pour faire oublier les kilos manquants de Willemse (même si Flament pèse tout de même 116 kg).

ATTENDU SUR LES TÂCHES OBSCURES

C’était un sacré défi aussi pour le joueur, qui a peu évolué de ce côté de la cage dans un parcours qui l’a vu grandir en Belgique, passer par l’Argentine et faire ses armes universita­ires en Angleterre, même s’il y passe plus souvent en club depuis le début de saison, après les départs de Joe Tekori et Rory Arnold. « C’était un challenge pour moi, disaitil après la victoire face aux Wallabies. C’est un poste auquel je joue moins, même s’il m’arrive d’y être aligné et si je prends donc plus de repères. Cela m’excitait beaucoup et j’étais très content de pouvoir y postuler. Je le voyais comme une opportunit­é, je voulais tout donner. » Ce qu’il a fait avec une aisance assez étonnante. Ultra présent et notamment percutant en défense, Flament fut l’un des Français les plus en vue, malgré son inexpérien­ce relative au poste : « Au départ, j’ai un peu galéré à trouver la bonne position en mêlée. Maintenant, je pense que ça y est. Puis, de toute façon, avec Uini Atonio devant moi, ça ne bouge pas trop normalemen­t (sourire).» Et le Toulousain sait dans quel secteur il est très attendu, comme depuis l’entame de sa carrière profession­nelle : « J’essaye de beaucoup me concentrer sur les tâches obscures, les rucks, les plaquages, d’y mettre énormément d’envie. Bref, le travail de 5. » Un boulot pas forcément naturel à la base pour ce garçon qui a joué ouvreur ou arrière jusqu’à l’âge de 18 ans. En octobre 2021, il nous confiait ainsi : « J’ai découvert ces tâches sur le tard. Durant ma dernière année d’université, je me souviens qu’on avait des statistiqu­es en Fédérale 1 anglaise. On comparait celles des deux deuxième ligne. Moi, j’étais impliqué dans trois ou quatre rucks, quand l’autre finissait à trente-cinq rucks ! Je touchais plus de ballons, certes, mais on ne faisait pas du tout le même boulot sur le terrain. Disons qu’il m’a fallu passer un cap à ce niveau. » Ce fut sa plus grande marge de progressio­n, et il a indéniable­ment changé de dimension sur ce plan. Pourtant, alors que les Français ont parfois souffert dans les zones d’affronteme­nt face aux Wallabies, ils seront mis à bien plus rude épreuve contre les terrifiant­s Springboks. Flament, maintenu en numéro 5, le sait : « Ce sera encore un gros défi, contre une équipe très frontale. On s’attend une nouvelle fois à un énorme combat. » Qui pourrait être une autre grande étape de sa folle ascension.

 ?? Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany ?? Thibaud Flament le sait, le fort tonnage du pack sudafricai­n devrait lui donner de quoi s’occuper dans les phases de combat mais aussi de conquête directe.
Photo Midi Olympique - Patrick Derewiany Thibaud Flament le sait, le fort tonnage du pack sudafricai­n devrait lui donner de quoi s’occuper dans les phases de combat mais aussi de conquête directe.

Newspapers in French

Newspapers from France