Midi Olympique

Fluhler, assassin au sourire carnassier

SYMBOLE DU GÉNIE OFFENSIF DE SON ÉQUIPE, LA SEPTISTE S’EST PAYÉE LE LUXE D’ÉCLIPSER L’ANGLAISE EMILY SCARRATT, POURTANT RÉFÉRENCE MONDIALE AU POSTE.

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En Nouvelle-Zélande, Stacey Fluhler porte le même surnom que les médias ont donné au polyvalent trois-quarts All black Damian McKenzie : « The Smiling Assassin », « l’Assassin souriant(e) », en référence au sourire caractéris­tique qui barre le visage du blondinet des Chiefs quand ce dernier tente des pénalités. Mais à notre sens, la star du VII féminin néo-zélandais mérite davantage ce surnom. Pourquoi ? Parce que Stacey Fluhler sourit constammen­t. Quand elle joue, quand elle gagne bien sûr, quand elle est en conférence de presse, quand on la croise dans les rues d’Auckland (et cela nous est arrivé un paquet de fois, les Black Ferns étant très accessible­s) mais aussi quand elle se blesse sérieuseme­nt et qu’elle doit céder sa place alors que l’issue d’une finale de Coupe du monde est encore loin d’être décidée.

C’est précisémen­t ce qui s’est produit à neuf minutes de la fin, lorsque sa cheville fut prise en étau par une défenseuse alors qu’elle offrait en même temps une passe après contact venue d’un autre monde à son ailière Ayesha Leti-l’iga, donnant à cette dernière son doublé. Avant cela, Fluhler avait été bien servie par un coup de pied rasant décroisé de sa partenaire au centre Theresa Fitzpatric­k. En un clin d’oeil, elle jaillissai­t de la ligne et déposait sa visà-vis Emily Scarratt et l’arrière Ellie Kildunne pour se saisir du ballon à trois mètres de la ligne. Kildunne la rattrapait in extremis et la plaquait par-derrière, tombant par la même occasion de tout son poids sur sa cheville. La Kiwi partit à ce moment-là en roulé-boulé, et malgré le fait d’avoir la tête en bas et une cheville qui était en train de céder, elle trouve la lucidité de relever le ballon pour son ailière.

« IL NE FALLAIT PAS CLIGNER DES YEUX TROP SOUVENT ! »

Il restait encore neuf minutes à jouer, et son équipe ne menait que de trois points. Après un rapide examen médical, Fluhler comprit qu’elle n’était plus en mesure de tenir son poste : Je ne voulais pas sortir à ce moment-là, pestait-elle en conférence de presse. Mais rapidement, j’ai aperçu toute ma famille dans les tribunes, et le fait de tous les voir, ainsi que l’Eden Park plein à ras bord pour nous soutenir m’a remplie de joie. Alors j’ai retrouvé le sourire ! »

La membre de la sélection à VII ignorait encore que son équipe allait être sacrée, mais elle avait de toute manière d’autres raisons d’avoir le sourire. Comme le fait d’avoir mystifié la légende vivante du rugby anglais Emily Scarratt au tout début du deuxième acte, avec une superbe fausse croisée l’ailière Leti-l’iga, suivi par un « une-deux » d’école avec son arrière Renée Holmes pour faire revenir son équipe à deux points derrière l’Angleterre. Et pourtant, tout avait mal commencé : « Ces 20 premières minutes… Je n’en avais jamais vécu de pareilles. Cela jouait de partout, il ne fallait pas cligner des yeux trop souvent ! Les Anglaises voulaient nous faire exploser, avec ces deux essais marqués en un quart d’heure… » Mais fort heureuseme­nt, c’est le rugby positif et flamboyant de Fluhler et des Black Ferns qui a gagné.

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