Passer la huitième pour Illkirch
LES ALSACIENS ONT PRODUIT UN EXCELLENT DÉBUT DE SAISON. ILS PEUVENT DÉPASSER LEUR RECORD DU NOMBRE DE SUCCÈS CONSÉCUTIFS.
Le dernier succès net et sans bavure des joueurs d’IllkirchGraffenstaden remporté aux dépens de ceux d’Haguenau (305), leur a permis d’égaler le record historique des sept succès ininterrompus que leur équipe avait alignés en 2017 au moment de son entrée en Fédérale 3. Dans dix jours, ils recevront Vesoul, le neuvième de leur poule, pour tenter de le dépasser. Et dans la mesure où leur position hégémonique actuelle se double d’un parcours tout à fait identique en réserve, elle semble exprimer une maturité enfin acquise. Alors que les promus de 2017 s’étaient affaissés après leurs sept succès inauguraux, le groupe senior d’aujourd’hui semble capable de conserver un rythme de croisière rapide dans le haut du tableau. Cette évolution est le fait de plusieurs paramètres. Structurellement, ce club reste toujours le plus étoffé du Grand-Est avec près de six cents licenciés. Le paquebot, son stade ultraconfort livré en 2014, lui a permis d’offrir des conditions d’accueil remarquables et de conserver une dynamique de formation vertueuse. Sur la dernière feuille de match de la première composée pour battre Haguenau, cinquante pour cent des coéquipiers avaient été éduqués sur place. « Et puis dès que nous avions intégré la Fédérale 3, nous avions pris la décision de salarier nos entraîneurs, commente le président Thierry Hoenen. Tous ceux qui sont passés nous ont beaucoup apporté techniquement. Mais le duo que nous avons constitué cette saison réalise un travail remarquable. »
« UN LUXE DE TRAVAIL »
À l’intersaison, en réponse à des petites annonces disséminées par le club sur les réseaux socios, Benjamin Foulon et Hans Grobbler avaient proposé leur service chacun de leur côté, sans se présenter en duo. Ils forment aujourd’hui avec les deux locaux Jérémy Klein et Antoine Labbe, un staff en quatuor qui travaille ensemble sur le groupe senior. Ils ont organisé des passerelles chaque week-end entre l’équipe fanion et la réserve à raison de deux ou trois joueurs. « Nous disposons vraiment d’un certain luxe pour travailler convenablement, estime Benjamin Foulon. D’abord, les infrastructures sont vraiment géniales, pour les conditions d’entraînement, et pour la convivialité. Et comme beaucoup de joueurs ont évolué ensemble chez les jeunes, la cohésion est naturelle. Nous sommes soixante aux entraînements, et le travail porte ses fruits. » L’apport des recrues comme l’ouvreur Hugo Rapp et le centre Rafael Cordier, qui ont fait des piges en fédérale 1 à Hyères- Carqueirannes, ont également fa- cilité les éclosions du demi de mêlée Jules Rooke, de l’ailier Glenn Magne, ou du talonneur Oscar Lautaud, titulaire au talonnage du haut de ses dix-neuf ans. Deux signes de la maîtrise toute nouvelle de cette équipe, dans ce derby remporté assez facilement la se- maine dernière contre Haguenau : les avants ont pris 100 % de leurs douze lancers en touche, et ont capté six lancers adverses. Et l’ar- tilleur Ludovic Lepallu a tout en- quillé. De quoi voir l’avenir avec quelques ambitions.
Diminués par de nombreuses absences, pour blessures, suspensions ou raisons professionnelles, Les PennesMirabeau – Cadeneaux a évité le piège et pris le meilleur à Antibes dimanche dernier, où trois juniors ont connu leur baptême du pré en équipe première. La formation entraînée par Nourdine Hocine et Bertrand Gouin accueillera donc MarseilleMéditerranée dans les habits de leader (21 contre 18, mais un match de plus). Ce sera l’occasion pour le premier de revoir des têtes connues. Proviseur-adjoint du lycée Jean-Perrin, en charge de l’enseignement supérieur, référent de la section sportive créée par Stéphane Jouve, il a croisé plusieurs joueurs d’en face, dans les couloirs ou son bureau, « parfois pour des mauvaises raisons. »
Arrivé il y a cinq ans au club, l’ancien joueur de l’Arc (Aix), Manosque ou Vincennes, qui a passé sur le banc des Crabos du Racing, a participé au regain de forme d’un club tombé jusqu’en Deuxième Série, après avoir connu la Fédérale 3 il y a une vingtaine d’années. Arrivé par l’intermédiaire de son fils, rugbyman, le président, René Bagarry, en est l’un des principaux architectes. Entre la recherche de partenariat, le rapprochement avec la mairie, la création de commissions et le déploiement de bonnes volontés, l’objectif de la Fédérale 3 n’est plus un voeu pieux. « La mayonnaise prend, se réjouit le dirigeant. Mais ce n’est pas mon plan de carrière d’être président. Je suis une marche de l’escalier. Un jour quelqu’un viendra et conduira le club sur un autre chemin. J’ai juste mis le club sur des rails que j’estime bon. »
DES PROJETS NOVATEURS
Entre une école de rugby en regain de forme, des équipes moins de 16 ans et moins de 19 ans en entente avec Gignac, la présence d’un directeur sportif, Romain Lauria, arrivé cet été, et de trois BPJEPS, le club ne brille pas seulement par son équipe fanion. Précurseur dans le baby rugby, il multiplie les initiatives, comme celle de proposer une activité sportive aux parents le samedi matin quand les bambins sont sur le pré. Un projet de rugby santé novateur est également dans les tuyaux pour la rentrée prochaine.
Les joueurs de l’équipe fanion l’aborderont-ils en Fédérale 3. « C’est l’objectif pour arriver à garder nos jeunes joueurs, explique Nourdine Hocine. Nous arrivons à maturité. » Mais la route est encore longue. La réception de Marseille-Méditerranée n’est qu’une étape… très attendue. « Des amis viennent chez nous, souffle le président. Tout le monde veut participer, donner un coup de main. » Avec l’élan créé autour du club depuis plusieurs, il devrait bien arriver par finir à sauter d’une case.