Midi Olympique

Reconnaiss­ance

- Emmanuel MASSICARD emmanuel.massicard@midi-olympique.fr

J’ai encore cru hurler cette semaine, en écoutant la radio. Quand sur les ondes de Radio France, Amélie OudéaCasté­ra, ministre des Sports, cita en exemple les futurs jeux Olympiques de Paris (2024), en tant qu’événement sportif vertueux et portant des valeurs sociétales. Rien sur le rugby et pas un seul mot à propos de la Coupe du monde 2023, dont l’organisati­on est pourtant largement engagée sur les terrains du vivre-ensemble et de la solidarité. Joli cadrage-débordemen­t.

Deux traduction­s s’offrent à notre lecture. Soit le rugby est soigneusem­ent évité (sur fond d’affaires judiciaire­s), et cela peut se comprendre. Soit il est tout simplement ignoré, et c’est largement problémati­que car il ne mérite pas de passer ainsi sous les radars de la considérat­ion. Voire du respect.

Affaires ou pas, la Coupe du monde 2023 s’est engagée en pionnière sur des chemins que les autres sports hésitaient à emprunter ; je parle écologie, formation, transmissi­on ou insertion pour ne citer que les principale­s thématique­s. Du coup, comme par magie, notre sport a retrouvé le fil de sa raison d’être, l’éclat de son image et une partie de sa résonance au coeur de la société française.

Le reste du chemin de ce retour en grâce est évidemment le fruit du sportif, avec l’équipe de France « génération Dupont » qui gagne, fait tomber les records de victoires enchaînées (13 après celle remportée face au Japon), nous file la banane et porte de solides promesses pour aujourd’hui et surtout demain… Vivement le 8 septembre 2023 (premier match du Mondial face à la Nouvelle-Zélande), et plus encore le 28 octobre (la finale) ; ce seront nos jours de vérité.

D’ici là, comprenez qu’il n’y a pas de hasard pour expliquer un tel retour en grâce. L’avènement de nos invincible­s est le fruit de tout un travail engagé depuis des années autour de la formation et du recadrage politico-stratégiqu­e qui put conduire le rugby français à faire confiance à ses jeunes talents, plutôt qu’aux stars étrangères. Sans oublier la somme conséquent­e de moyens accordés à Fabien Galthié (aucun de ses prédécesse­urs n’avait été aussi bien loti) ; cette prise de conscience est à mettre au crédit de Bernard Laporte, le président qui a su replacer le sportif au rang de priorité des priorités. Dans la foulée, les réussites se sont accumulées en clubs et en sélection. Avec, en guise de premiers sommets, les succès européens des Toulousain­s et Rochelais. Puis le grand chelem 2022 pour les garçons et la troisième place des filles, lors de la Coupe du monde qui vient de s’achever en NouvelleZé­lande.

Il y a de quoi être fier, franchemen­t. Et, surtout, se dire que notre sport mérite une tout autre reconnaiss­ance que celle qui lui est accordée aujourd’hui. Car les clubs ne se sont jamais aussi bien portés ; car l’équipe de France n’a certaineme­nt jamais été aussi forte, complément­aire et plurielle ; car le sept et les féminines sont en plein développem­ent et qu’ils nous ouvrent de nouveaux horizons ; car, derrière cette génération dorée, il y en a une autre qui pointe déjà son nez. C’est bien assez, croyez-moi, pour que le rugby mérite à son tour d’être cité en exemple.

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