Midi Olympique

La coupe à la maison

-

PORTÉS PAR LEUR SÉRIE D’INVINCIBIL­ITÉ ET LEUR RÉCENT GRAND CHELEM, LES BLEUS AVAIENT CHOISI DE FAIRE DE LEUR TOURNÉE D’AUTOMNE UNE SORTE DE PHASE FINALE DU PROCHAIN MONDIAL, LEQUEL SE DÉROULERA À DOMICILE. S’ILS NE SONT ENCORE CHAMPIONS DE RIEN, ILS EN SONT POURTANT SORTIS GRANDS GAGNANTS, À PLUS D’UN TITRE.

Dix sur dix. C’est donc la note qu’il convient d’attribuer aux Bleus sur cette fabuleuse année 2022, dont les pages seront couvertes d’or dans le grand roman du rugby français. C’est cliché et bateau ? On en convient, mais c’était presque trop facile. Dix matchs, dix victoires, un grand chelem et le scalp des Springboks. Alors quoi ? Certains oseraient-ils regretter le contenu d’une tournée d’automne qui aurait pu débuter par deux courtes défaites et qui s’est terminée par une victoire trop longtemps poussive face au Japon ? « Sur la justesse et l’organisati­on, nous avons parfois été mis en difficulté, a d’ailleurs reconnu Fabien Galthié ce dimanche après le coup de sifflet final. On s’est mis en position d’être contrés, et on s’est fait contrer. » Mais on rétorquera, sans que Galthié ne vienne sûrement le contredire, que ce 10/10 n’a rien d’une note artistique, parce que celle-ci ne vous offre des titres qu’au patinage artistique et au concours de plongeon olympique. Allez donc demander aux SudAfricai­ns s’ils en avaient quelque chose à fiche de l’esthétisme de leur jeu en 2019, à l’heure d’emporter sur cinquante mètres une équipe nippone séduisante à souhait en quart, puis d’épuiser les Gallois à grands coups de chandelles en demie et enfin de pulvériser la mêlée anglaise en finale. Allez même jeter un oeil à « Chasing the Sun », le documentai­re consacré au parcours des Springboks lors du dernier Mondial, dont les amoureux de ce sport ont souvent loué la qualité.Vous retiendrez sûrement cette scène où Rassie Erasmus, alors beaucoup moins occupé à faire de la cour de Twitter le tribunal des arbitres (enfin, surtout après les matchs perdus par l’Afrique du Sud !), annonçait à ses hommes le matin même du match contre le pays de Galles : « J’ai eu une vision les gars. En fait, nous sommes plus costauds qu’eux à tous les postes, alors on oublie ce qu’on a mis en place et on va les défoncer physiqueme­nt. » Avouez qu’il existe plus romantique à l’heure de draguer le tant convoité trophée Webb-Ellis… Mais si, après deux ans et demi à faire de la « dépossessi­on » le nouveau thème à la mode des formations de manager, le staff tricolore avait promis une évolution dans son projet de jeu, n’allez surtout pas croire qu’il se berce d’illusions pour autant. « On a parfois tendance à surjouer sur nos temps forts », a aussi lancé « Galtoche » dans les entrailles du Stadium. En clair, vous voulez du spectacle et des paillettes ? Visez plutôt le Moulin Rouge. Ce que veut l’ancien demi de mêlée, ce sont des victoires.

NTAMACK-JALIBERT, POLÉMIQUE DÉPASSÉE

Peu importe le contexte, l’adversaire ou donc la manière, rien ne résiste à ce XV de France. Pas même la pelouse du Stadium de Toulouse qui s’est désagrégée sur la première avancée des Français en mêlée. Ces Bleus-là ne perdent rien, pas même leur temps. Lancés dans leur « mission champions du monde », ils viennent de signer leur treizième succès de rang, et d’améliorer encore ce record qui leur appartient déjà, sans que cela ne leur suffise. « Il y a une sorte de dynamique autour cette équipe qui lui permet d’être performant­e », se félicite le sélectionn­eur. Comme si rien ne pouvait lui arriver. Miraculé face aux Wallabies, à la grâce d’un exploit individuel de Damian Penaud, puis réchappé de l’enfer springbok au gré d’une fin de rencontre dantesque, le XV de France a craint quelques sueurs après le deuxième essai japonais, qui a dû rappeler de mauvais souvenirs à Guy Novès devant sa télévision, et s’en est remis à Matthieu Jalibert, venu épauler un Thomas Ramos bien seul pour électriser les débats. Alors Fabien, on se mord les doigts d’avoir titularisé trois fois un Romain Ntamack en manque de rythme ? « Je n’ai aucun regret. On n’a pas la science infuse mais on ne s’est pas trompés. » Louant la limpidité du Bordelais à son apparition sur le terrain, qui a changé le cours d’un dimanche devenu un brin ennuyeux, il a souligné sa complément­arité avec le Toulousain. Voilà trois semaines que le technicien nous bassine – à raison – avec son XV premium. Cette tournée d’automne a marqué la volonté de resserrer le groupe et d’imposer les rôles. Appréciez ainsi de voir deux talents de la

Newspapers in French

Newspapers from France