Midi Olympique

La grande parano

- Léo FAURE leo.faure@midi-olympique.fr

C’est étonnant, tout de même. Un alignement de faits qui, soudain, a lissé l’enthousias­me et jeté une légère interrogat­ion sur une séquence d’automne pourtant jusqu’ici 100 % favorable aux Bleus. En commençant par les jours qui ont suivi France - Afrique du Sud, où les Bleus n’avaient pas été desservis par le fait arbitral. Et comme pour équilibrer les débats : trois semaines de suspension pour Pieter-Steph du Toit, quatre semaines pour Antoine Dupont.

Disons-le clairement : les deux cartons rouges étaient mérités et normalemen­t distribués. Le jeu des condamnati­ons en commission de discipline est en revanche plus opaque.

On veut bien entendre qu’en bonne logique anglo-saxonne, ces sanctions sont l’aboutissem­ent d’un raisonneme­nt structuré en arborescen­ce : - un point d’entrée selon la qualificat­ion de la faute ; - puis une succession de circonstan­ces (aggravante­s ou atténuante­s) : force et intensité, culpabilit­é reconnue, récidive, blessure de l’adversaire, intentionn­alité… - et la sanction qui tombe au bout de ce cheminemen­t de critères observable­s et prétendume­nt objectifs.

Simple, factuel, imparable ? Dans le cas qui nous intéresse, la logique a surtout débouché sur une incohérenc­e des châtiments, proche de la malhonnête­té intellectu­elle. Une situation absolument inaudible pour le spectateur, qui ne retiendra qu’une seule chose - et il aura raison : un fait de jeu malheureux (Dupont) engendré par un simple manque de maîtrise a été plus durement sanctionné qu’un immense coup de cigare en pleine tête, venu pour blesser et qui a rempli son contrat, Danty quittant définitive­ment la pelouse. En robotisant le processus, on lui a ôté tout bon sens.

De même, plus récemment, avec les récompense­s annuelles de l’instance suprême. Les Français, invaincus en 2022, ne prennent aucun trophée majeur aux World Rugby awards et ne placent que deux joueurs parmi le XV de l’année. Si on n’enlèvera rien à la saison absolument exceptionn­elle des Irlandais (deux fois vainqueurs des All Blacks sur leurs terres, vainqueurs en Angleterre et seulement tombés en France, les armes à la main) voir les Bleus relégués derrière l’Afrique du Sud, au même rang que la Nouvelle-Zélande et l’Angleterre après une année « carton plein » a de quoi interpelle­r.

Coïncidenc­e ? Il est heureuseme­nt permis d’y croire, plutôt que de verser absolument dans une théorie complotist­e qui mord si durement toutes les actualités bien plus graves du moment. Rien de dramatique aussi, direz-vous, et vous aurez sûrement raison. La vérité sera ailleurs, dans un an, lors de la Coupe du monde en France.

Mais le fait est que, dans un contexte de fortes tensions entre la très anglo-saxonne World Rugby et les dirigeants français, la question d’un ruissellem­ent des aigreurs politiques sur le terrain sportif s’impose légitimeme­nt. Beaucoup se la posent, en interne et dans les deux camps. Le rugby français gagne beaucoup, en ce moment, et sur tous les terrains. Les jalousies viennent avec. Et une entreprise de déstabilis­ation ? Il faudra aussi l’intégrer.

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