Au bonheur des pluriactifs
Le Stade métropolitain et Bédarrides s’affrontent ce dimanche dans le Rhône pour la place de dauphin de Nîmes, voire mieux si le leader se prend les pieds dans le tapis contre Aubenas. Les deux équipes s’appuient sur des groupes où la pluriactivité est la règle, où l’on peut compter sur les doigts d’une main le nombre de joueurs, souvent en première et deuxième ligne, qui ne travaillent pas à côté.
Comme Vienne, sixième et récent tombeur du leader et Graulhet, septième, devant les ambitieux Mâcon et Aubenas au classement, qui s’affrontent dans le Tarn, cela n’empêche pas la performance. Mais les contraintes et la gestion de l’effectif diffèrent évidemment d’un groupe de joueurs professionnels. « La principale contrainte concerne la fraîcheur physique et mentale des joueurs, relève le manager du Stade métropolitain. Il est nécessaire de savoir adapter le contenu, le discours, pour faire en sorte que l’entraînement soit constructif. »
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TENIR COMPTE DE LA CHARGE MENTALE
À Bédarrides, il arrive que des joueurs – le troisième ligne, Mathieu Bertrand, ou le pilier, Martin Vergnes – plombiers dans le civil, arrivent en tenue de travail au sortir d’un chantier, et troquent directement le bleu de travail pour le maillot et le short.
« Quand les pros sont à la récup le lundi, nos joueurs sont au travail, tranche l’entraîneur des avants vauclusien, Cédric Despalles. Et ils viennent aussi au rugby pour se divertir et se détendre. Il faut tenir compte de la charge mentale. Si le joueur vient au rugby après le boulot et qu’il s’emmerde, c’est compliqué. Il faut qu’il ait envie de venir. »
Du côté de Villeurbanne, le préparateur physique se charge dans la journée de recueillir des informations sur l’état physique et émotionnel des joueurs pour aider les coachs, Julien Lestang et Pascal Peyron à préparer au mieux les entraînements du soir. « La vie professionnelle des joueurs n’est pas linéaire, rappelle le premier. Des coups de speed au travail peuvent se cumuler avec des blocs de matchs. Cela peut être trop chargé pour certains. »
Malgré les difficultés, le manager apprécie ce fonctionnement. « Les garçons ont peut-être une vie plus riche, plus intéressante. Cela se ressent dans les échanges avec eux. »
Certains pros envisagent même de passer dans la vie active, comme c’est le cas du talonneur sud-africain, Cullen Collopy, qui aura trente ans en janvier. « Il a un diplôme de business marketing et souhaite entrer dans la vie active, explique le président du Stade Métropolitain, Nicolas Trompille. Le double projet est quelque chose que les joueurs apprécient. »