Midi Olympique

« Il y a un léger déséquilib­re entre l’offre et la demande »

MIGUEL FERNANDEZ Directeur associé CSM France et président du syndicat des agents sportifs Intervals

- Propos recueillis par Arnaud BEURDELEY arnaud.beurdeley@midi-olympique.fr

Ressentez-vous une effervesce­nce plus forte que les saisons précédente­s sur le marché des mutations, durant cet automne ?

Ce sont surtout les médias qui font une chambre d’écho plus forte à ces mutations. Mais je n’ai pas le sentiment qu’il y ait plus de mouvements que les saisons précédente­s. Maintenant, cette période de l’automne correspond à un premier point de passage pour les clubs.

C’est vrai pour ceux d’entre eux où le manager est entré en fonction à l’intersaiso­n, avec un effectif qu’il n’a pas choisi et où il procède à des ajuste- ments pour l’année suivante. C’est vrai aussi pour un manager qui en est à sa deuxième saison, dans un club en phase de développem­ent de son projet et qui cherche à nouveau des joueurs pour apporter de la plus-value. Et c’est encore vrai pour un manager en fin de cycle, qui juge le moment opportun pour remodeler son effectif. Enfin, c’est aussi la pé- riode où des joueurs, présents dans leur club de- puis un moment, ont des envies d’ailleurs. Voilà les trois scénarios qui se présentent à l’automne.

Mais n’y a-t-il pas un concours de circonstan­ce avec l’effondreme­nt des clubs anglais ?

D’abord, nous sommes en année pré-Coupe du monde et les clubs les plus ambitieux sont à la recherche de joueurs de classe internatio­nale, qui ne se projettent pas dans leur pays au-delà du Mondial. Ce sont des joueurs de 28-29 ans, (type Siya Kolisi, N.D.L.R.). Ensuite, il y a effectivem­ent un paramètre que per- sonne n’avait vu venir : c’est la chute du marché an- glais, avec une offre très forte. Les clubs ont donc plus de choix. Et comme il y a un léger déséquilib­re entre l’offre et la demande qui est plus forte, méca- niquement il y a une baisse des masses salariales.

Comment fonctionne­nt les agents sportifs dans ces circonstan­ces ?

C’est assez simple : soit l’agent français est contac- té par un joueur directemen­t, soit par un confrère anglo-saxon pour lui trouver un point de chute en France. Mais neuf fois sur dix, je suis aussi manda- té par un club français pour me renseigner sur tel ou tel joueur évoluant en Angleterre. Ça fonctionne dans les deux sens.

Pouvez-vous nous éclairer sur le fonctionne­ment réglementa­ire des agents sportifs ?

Les clubs nous font signer un mandat pour entrer en contact avec tel ou tel joueur car ils estiment que nous avons le réseau et les connexions qui le per- mettent. Au préalable, il y a évidemment une dis- cussion sur le profil du joueur recherché.

Êtes-vous rémunérés par les clubs ?

Le code du sport dit qu’un agent sportif est rémunéré pour un acte d’intermédia­tion, de mise en relation en vue d’une signature d’un contrat de travail, entre deux parties et qu’il est rémunéré par l’une ou l’autre des deux parties. Il y a des cas où les joueurs paient et d’autres où ce sont les clubs. Au début des années 2000, le regretté Marcel Martin a recommandé et instauré au sein de la jeune Ligue Nationale de Rugby cette prati- que : la rémunérati­on des agents sportifs par les clubs, qui est encore très largement majoritair­e aujourd’hui, afin de mieux contrôler les flux finan- ciers et éviter certaines dérives qui existent dans d’autres sports.

C’est-à-dire ?

La dérive la plus flagrante, c’est l’exercice illégal du métier d’agent. Il faut bien savoir que pour devenir agent sportif, il y a un concours passer et à réussir. Et une obligation de formation continue, tout au long de sa carrière. Sans oublier le fait qu’un agent fournit chaque année à la FFR la liste complète de tous ses mandats et l’intégralit­é de sa comptabili­té. C’est certaineme­nt l’un des métiers les plus surveillés.

Qu’est-ce qui rend aujourd’hui si attractif le marché français ?

C’est de l’ordre de la réflexion des civilisati­ons : quand vous avez une migration d’une population vers un marché pour y travailler, c’est qu’il y a du travail et de l’argent. Au-delà de ça, le Top 14 est sans doute le plus compétitif des championna­ts, le plus incertain dans sa résultante. Et puis, les bons résultats de l’équipe de France contribuen­t également à l’attractivi­té du Top 14. Sans parler des affluences dans les stades et des audiences télévisuel­les qui sont plus importante­s qu’ailleurs. Entre le plan sportif au plus haut et le plan économique moins bas que les autres, ça fait beaucoup de facteurs favorables.

« Les bons résultats de l’équipe de France rendent attractif le Top 14. »

Avez-vous senti un afflux de sollicitat­ions venant de l’étranger, ces derniers temps ?

Non, pas vraiment. C’est lié à la contrainte du règlement qui impose un quota de JIFF (joueurs issus des filières de formation françaises). En revanche, s’il y a moins de joueurs étrangers qui viennent, il y a plus d’éléments de très haut niveau.

Newspapers in French

Newspapers from France