Midi Olympique

Ces arbitres dont on fait les scores

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En cette période de Coupe du monde de foot, on s’attend à voir bien des polémiques sur l’arbitrage, des contestati­ons parfois véhémentes des joueurs pour un oui ou pour un non. A priori, les arbitres de rugby sont moins « entourés » au mauvais sens du terme. Mais en ovalie, les commentair­es vont bon train… après coup. Évidemment, la vidéo est arrivée pour clarifier les situations les plus frappantes (un essai, un but). On a envie de défendre les arbitres de rugby parce que leurs décisions seront toujours plus subjective­s et plus « vicieuses » que celles de leurs homologues du football. Au coeur d’un regroupeme­nt, on peut siffler ce qu’on veut ou alors choisir entre trois ou quatre fautes partagées par les deux camps. « L’arbitre fait ce qu’il veut » entend-on souvent. En football, il y a aussi une différence minime entre un tacle licite et un petit attentat, mais il y aura toujours un fossé énorme entre notre sport et son cousin. Le rugby est un jeu où l’on peut facilement marquer des points (sans opposition) après une faute anodine à 40 mètres des poteaux (en foot les buts sur coups francs lointains sont rarissimes). La preuve le dernier Portugal - États-Unis. Quelle faute a pu voir l’arbitre à la dernière minute à l’encontre des

Américains ? Personne n’a vraiment su nous l’expliquer. La responsabi­lité de nos arbitres a toujours été énorme, mais elle a été multipliée depuis la fin des années 90, quand on a décidé qu’une équipe qui bénéficie d’une pénalité peut taper en touche et…. récupérer le lancer derrière. Changement fondamenta­l et à notre avis, souvent oublié et sousestimé. Ainsi, une pénalité à 40 mètres des poteaux peut non seulement coûter trois points, mais souvent sept par le truchement des pénaltouch­es, un rendez-vous depuis longtemps incontourn­able. Une équipe fautive subit donc une sorte de double-peine. Parallèlem­ent, le rugby est devenu un jeu de possession où les équipes gardent désormais le ballon sur plusieurs temps de jeu (c’était rare avant), aussi parce que le législateu­r a tout fait pour favoriser ce phénomène avec un wagon de nouvelles règles.

Ainsi, la responsabi­lité de ceux qui dirigent les matchs est devenue colossale : il leur faut appliquer chaque saison de nouvelles directives et le moindre coup de

sifflet contestabl­e peut déboucher sur une longue phase de possession pour l’équipe bénéficiai­re avec situation d’essai à la clé. On se souvient alors des paroles de Guy Roux dans une émission de radio. L’ancien entraîneur d’Auxerre aime bien taquiner le rugby avec malice. Il disait en substance : « Dans certains matchs serrés, c’est l’arbitre qui fait le score. » L’expression nous a frappés, on se la répète souvent, sans jamais en vouloir à ces arbitres à qui on en demande trop.

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