Midi Olympique

Corder cette confiance justement. Pour qu’ils soient légitimes, il faut leur donner de la légitimité.

- Propos recueillis par Romain LAFON avec Pierre-Laurent GOU romain.lafon@midi-olympique.fr

S’il est parti avec nous en Australie à l’été 2021, c’est que nous pensions qu’il était capable de faire de belles choses. Et il avait fait de belles choses. Peut-être que certains le découvrent aujourd’hui, grâce aux trois derniers matchs joués, mais ce n’est pas notre cas. Sipili est quelqu’un de réservé mais d’incroyable. Il a battu tous les records en musculatio­n, que ce soit en force, en explosivit­é ou en vitesse. Il a unifié ces performanc­es, et détient désormais tous les records !

On ne l’a pas protégé mais simplement récompensé de tout ce qu’il a fait pour nous. Je lui ai parlé pour lui dire qu’il avait énormément progressé. Tout le monde au sein du staff est unanime là-dessus. Il a un état d’esprit irréprocha­ble. Il a été fantastiqu­e pendant toute la tournée et sur tous les matchs qu’il a faits avec nous. Effectivem­ent, il y a une petite forme de remise en question avec l’apparition de Uini et d’autres joueurs. Mais « Momo » est toujours important dans le groupe. Il participe activement, avec son sourire, à l’état d’esprit qu’est le nôtre. J’ai plus envie de le féliciter qu’autre chose car ce qu’il a fait sur cette tournée en restant au service du collectif, c’est une preuve d’une très grande maturité de sa part.

Peato et Julien font toutes les feuilles de match mais n’ou- bliez pas les autres. Quand il est venu en équipe de France face à l’Australie (2021), Gaëtan Barlot a traversé le terrain. Pierre Bourgarit est excellent chaque fois qu’il est avec nous... C’est un luxe d’avoir de tels joueurs, capables en permanence de challenger les autres. J’ai encore échangé avec Pierre au- jourd’hui, pour lui faire un retour sur son dernier match. On es- saye d’ailleurs de faire un maximum de retours sur des attitudes individuel­les... A ce propos de ces échanges, Patrice Collazo m’avait dit au début de notre mandat : « Tu sais William, tu peux appeler mes mecs tous les jours. Si mon pi- lier a une bonne position du dos, est bon en mêlée et si on par- ticipe ensemble au fait qu’il soit bon et costaud, appelle-le tous les jours ! » Il a totalement raison. À partir du moment où l’on n’entre jamais en compétitio­n, si un joueur a une bonne attitude au contact, lors de la libération de balle, sur les net- toyages ou encore une bonne défense, tout le monde sera gagnant. Et pour revenir au poste de talonneur, c’est ce qui se passe aujourd’hui avec des joueurs qui progressen­t, même si c’est vrai qu’aujourd’hui Julien Marchand commence les matchs et que Peato Mauvaka les termine. Mais quand Julien Marchand se blesse l’an dernier contre la Géorgie lors de la tournée de novembre, on ne s’est posé aucune question et Peato a terminé parmi nos meilleurs marqueurs d’essais…

Elle a germé avec la blessure de Bernard Le Roux dans un premier temps, puis en fonction de la complément­arité de nos joueurs dans le secteur aérien et dans le combat. On a dé- cidé ensemble de cette possibilit­é. Ce n’était pas un pari. Nous connaissio­ns ce joueur, et tout son potentiel. Il fait 114 kg ! Quand on connaît les capacités de déplacemen­t des autres gars autour de lui au sein de la troisième ligne, on sa- vait que nous avions une belle opportunit­é de densifier notre paquet d’avants et d’avoir des joueurs complément­aires sur le terrain. Quand on a décidé de mettre Cameron deuxième ligne, peut-être que ça a suscité des interrogat­ions pour cer- tains, mais il se trouve qu’aujourd’hui ce n’était pas un mau- vais choix puisque tout le monde l’a replacé à ce poste. Nous sommes contents de l’avoir fait. Les résultats sont très intéressan­ts pour l’équipe mais aussi pour lui particuliè­rement.

Depuis quelques matchs, vous semblez avoir figé un banc à 6 avants et 2 arrières. Pourquoi ?

C’est la particular­ité de nos joueurs qui nous poussent à faire de telles choses. Par exemple, sur la dernière tournée, quand Killian Geraci se fait mal à l’échauffeme­nt après un saut en touche, nous passons sur un «5-3» parce que nous prenons tou- jours chez nos remplaçant­s les trois-quarts nécessaire­s pour combler l’espace qui pourrait manquer. Donc il était plus judicieux de faire un «5-3» qu’un «6-2». Mais le «6-2» vient surtout de la qualité de nos joueurs. Quand on a la chance

Le staff, ce n’est pas juste Fabien (Galthié) et quatre adjoints… Nous sommes vingt-huit. Nous avons eu la chance d’avoir la confiance du président (Bernard Laporte) qui a choisi de nous mettre là. Fabien aussi a choisi son staff qui, pour la symbolique, s’est réuni pour la première fois à Montgesty (Lot), chez lui, dans sa famille. Beaucoup s’étaient d’ailleurs perdus en s’y rendant (rires). Nous y avons eu nos premiers échanges et c’est là-bas que nous avons démarré notre projet, la structurat­ion de notre staff et de notre équipe. J’étais plein de certitudes après mes années passées en club, au Stade toulousain et, au final, j’ai eu la chance de rencontrer des personnes avec des palmarès et des expérience­s différente­s. On s’est enrichi de toutes ces rencontres et du fait de travailler ensemble au quotidien. Ce premier stage à Montgesty a permis de poser les bases d’une relation stable et durable, comme elle est aujourd’hui et comme elle le restera au moins jusqu’à la Coupe du monde.

Et pour revenir à la répartitio­n des rôles ?

Fabien a créé un style de management où il est au milieu du projet mais en nous donnant la possibilit­é d’intervenir sur tous les registres. Il est avec nous et participe à tout, et à l’ensemble des décisions que l’on prend. Bien évidemment, c’est Fabien le sélectionn­eur et c’est lui qui tranche, mais toutes les décisions, quel que soit le sujet, sont prises en commun. Alors, parfois, je ne vous cache pas que ça donne lieu à quelques réunions (sourire)...

En clair ?

En clair, nous avons tous la possibilit­é de parler sur tous les sujets. Laurent Labit donne ce qu’il pense être la meilleure équipe possible devant comme derrière, sur les finisseurs, les joueurs hors groupe. C’est la même chose pour Karim (Ghezal), pour Shaun (Edwards), pour tout le monde.

Et pour les compositio­ns d’équipe, comment cela se passe ?

Toutes les semaines nous discutons des compositio­ns d’équipe que nous pourrions avoir à donner au moment précis, en commençant par les finisseurs. Avec quelle équipe nous allons finir le match ? Puis avec quels joueurs nous allons le démarrer ? Ensuite, on parle des joueurs qui vont accompagne­r le groupe, et rester dans les 28 en fonction de la compositio­n du banc en «6-2» ou non, des blessures, etc... Et après on parle des 42, en discutant sur chaque cas. À force de discuter, de se convaincre, on en finit par avoir une vraie conviction, et un même langage. Cela permet d’avoir une seule et même voix quand on parle avec nos joueurs sur les compositio­ns, sur la manière de jouer, et même à propos de tout ce que l’on fait.

Vous parliez de la répartitio­n des tâches du staff. Quel est le rôle de Raphaël Ibanez ?

Raphaël fait partie de ces personnes qui font leur équipe avec nous. Il participe aux discussion­s et aux débats sur les compositio­ns même si, je le répète, à la fin c’est Fabien qui tranche. C’est normal, c’est le chef du bateau. Raphaël est impliqué avec l’équipe de France, il a repris des fonctions qu’avait Jo Maso mais pas que...

« On m’a donné l’opportunit­é de prolonger avec l’équipe de France. J’ai signé pour quatre ans supplément­aires »

 ?? ?? Mohamed Haouas semble avoir perdu un peu de terrain mais reste protégé par le staff ?
Au talonnage, Julien Marchand et Peato Mauvaka se partagent le poste. N’est-ce pas dur pour les autres ?
Comment est née l’idée de replacer Cameron Woki en deuxième ligne ?
Mohamed Haouas semble avoir perdu un peu de terrain mais reste protégé par le staff ? Au talonnage, Julien Marchand et Peato Mauvaka se partagent le poste. N’est-ce pas dur pour les autres ? Comment est née l’idée de replacer Cameron Woki en deuxième ligne ?
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