Nevers a vaincu ses peurs
LES NEVERSOIS ONT SOUFFERT MILLE MAUX POUR VENIR À BOUT D’UNE ÉQUIPE DE BÉZIERS BIEN TROP INDISCIPLINÉE ET ARRACHER UNE VICTOIRE QUI LES ÉLOIGNE PROVISOIREMENT DE LA ZONE ROUGE.
Et bonne apnée à tous. Sur l’ultime possession biterroise, les panaches de buée sont soudain devenus rares devant les 5 348 visages du Pré-Fleuri. Irrespirable, la séquence étire la défense niversoise, l’oppresse, l’ébranle. Jusqu’au grattage libérateur d’Alivereti Loaloa ; Yohan Le Bourhis envoie le ballon dans l’écran géant et les spectateurs vers une fin de soirée un poil rassérénée.
« Il nous faut des victoires. On s’en fout si elles sont moches », soufflait dans la semaine le flanker Julien Kazubek. Celle que ses coéquipiers ont arrachée, vendredi soir, ne figurera certainement pas dans le musée des beaux-arts de Nevers, ses traits sont lourds et la finition laborieuse, mais l’oeuvre est inestimable : elle met un peu de couleurs dans un quotidien de grisaille assombri par quatre défaites consécutives envoyant l’Uson visiter, pour la première fois depuis son accession en Pro D2 il y a cinq ans, les sous-sols du classement.
Défaits quatre semaines plus tôt par Vannes pour la première fois de la saison au Pré-Fleuri, les coéquipiers de Jason Fraser ont sué sang et eau, dans un froid aussi sec que leur quinzième place, pour s’éviter un nouveau revers qui leur aurait durablement miné le moral. « On a eu un peu de doutes en début de semaine, mais on les a levés », assure après-coup le capitaine, solide vigie dans la tourmente d’une seconde mi-temps qui voyait les Biterrois rétrécir inéluctablement leurs douze points de retard à la pause : « Je n’ai pas eu de doute en fin de match. Ici, c’est notre château. »
Assiégés par des visiteurs humant l’angoisse et la fébrilité ambiantes, les Neversois ont résisté, laissant l’urgence du résultat dicter le tempo du match : « On est un peu timides, on fait une seconde mi-temps pas terrible. On joue avec la pression, la peur de perdre », reconnaît l’arrière Kylian Jaminet. « Pourtant, dès qu’on joue, qu’on tient le ballon, on est dangereux. » Une semaine plus tôt, les Héraultais vivaient face à Rouen la même soirée que les Neversois, la fin d’un cauchemar de quatre défaites : « On les savait sous pression, on l’a vu sous nos ballons portés », explique le manager Pierre Caillet.
Les deux essais de ses joueurs sur cette phase de jeu habituellement maîtrisée par leurs adversaires, et un troisième venu d’une béance dans la défense niversoise exploitée par Charly Malié, n’ont pas suffi à rapporter la victoire. La faute aux… fautes, bien trop nombreuses face à un buteur aussi précis que Shaun Reynolds : « Mais dans la situation où nous sommes, le point de bonus défensif est important. On ne repart pas à vide. » Les traits à peine décrispés par une victoire accouchée sans douceur, son homologue niversois Xavier Péméja mesure sa chance d’une fin de match enfin heureuse : « Béziers doit avoir les boules car il aurait très bien pu repartir ce soir avec le bonus offensif. » Aussi moche qu’un pull de Noël, ce premier succès depuis le 21 octobre tient au moins chaud pour ce début de décembre. Il faudra patienter un peu pour ressortir les habits de fête.