Trop de matchs pour nos « vieux »
GALTHIÉ VEUT S’APPUYER SUR UN GROUPE EXPÉRIMENTÉ POUR LES QUATRE PROCHAINES ANNÉES. MAIS LE SYSTÈME FRANÇAIS EST-IL ADAPTÉ À CETTE PHILOSOPHIE ?
C’était la volonté affichée par Fabien Galthié à l’entame de son deuxième mandat : s’appuyer sur un groupe plus expérimenté et emmener « 80 à 90% de l’effectif » de la Coupe du monde 2023 jusqu’en Australie, en 2027. Choix fort, sûrement inspiré par l’Afrique du Sud, sacrée championne du monde pour la deuxième fois d’affilée fin octobre, alors que sa moyenne d’âge (30,4 ans) était la plus élevée de la compétition. « Je considère que le développement idéal pour un joueur international est de huit ans, associés à une expérience collective solide », a justifié le sélectionneur. Quatre ans plus tôt, il avait pris la décision inverse, guidée aussi par la période de disette traversée par les Bleus sur la décennie précédente, quand il avait mis un grand coup de jeune avec un seul trentenaire dans son premier groupe, à savoir Bernard Le Roux. Cette fois, ils étaient dix, sachant que Gaël Fickou ou François Cros fêteront leurs trente ans en mars.
LA COMPARAISON DANTY-AKI
L’idée était louable : plus de vécu, d’expérience, donc d’efficacité à haut niveau. Elle présentait l’avantage de s’inscire dans une forme de continuité et de favoriser la course aux titres sur le court terme. Mais, ce que Galthié avait moins mesuré, c’est combien l’objectif 2023, derrière lequel le rugby hexagonal s’était rangé, avait peutêtre offert des ailes aux «meilleurs vieux». Sans ce phare, certains ont fait leur âge à Marseille... Une totale surprise ? Pas forcément. Surtout au vu des spécificités françaises. Comme les Boks, l’Irlande possède une moyenne d’âge importante malgré l’arrêt de Jonathan Sexton (27,4 ans sur Tournoi contre 26,8 aux Bleus) et le plus grand nombre de trentenaires (quatorze dans le groupe élargi). Mais les cadences imposées à ses internationaux n’ont strictement rien à voir... Un exemple avec deux joueurs comparables au même poste ? Le duel entre Jonathan Danty (31 ans ; 1,81m ; 110kg) et Bundee Aki (33 ans ; 1,78m ; 103kg). Depuis la Coupe du monde, Le Rochelais a disputé six matchs (malgré des vacances, une suspension pour carton rouge et une commotion cérébrale). Le pensionnaire du Connacht, certes embêté par une blessure aux ischio-jambiers, en a joué cinq. Pire, sur les trois dernières saisons, il n’a participé qu’à 21 rencontres avec sa province contre... 48 pour Danty. Vendredi soir,Aki a surclassé son adversaire direct. Au-delà de ce cas, voilà qui pourrait amener le staff à s’interroger sur sa future politique. 2027, c’est loin. Très loin même.