McCarthy, la bombe à retardement
JOE MCCARTHY - DEUXIÈME LIGNE DE L’IRLANDE JAMAIS TITULAIRE DANS SES ÉQUIPES JEUNES, LE JOUEUR DU LEINSTER A CREVÉ L’ÉCRAN À MARSEILLE, OÙ IL A MONTRÉ QU’IL AVAIT LARGEMENT LE NIVEAU INTERNATIONAL.
Dans un pack truffé de chefs de guerre comme les Peter O’Mahony (101 capes), Tadhg Furlong (72), Andrew Porter (59) ou autres Josh Van der Flier (57), l’immense deuxième ligne du Leinster Joe McCarthy et ses cinq malheureuses sélections faisait figure de soldat de première classe. Avant la Coupe du monde, la carrière internationale du Leinsterman se résumait à une apparition contre l’Australie en novembre 2022 et deux tests estivaux l’année suivante contre l’Italie (pour lequel il était titulaire) et l’Angleterre (en tant que remplaçant).
Trois apparitions qui, conjuguées à huit sorties dans la cage du Leinster lors de la saison 2022-2023, avaient suffi à convaincre Andy Farrell de le sélectionner pour disputer la dernière Coupe du monde, où il aura connu une titularisation contre la Roumanie (assortie d’un essai) et 22 minutes lors du terrible quart de finale perdu contre la Nouvelle-Zélande. Bref, des bouts de matchs qui ne présupposaient en rien l’incroyable prestation produite par le jeune Leinsterman au Vélodrome.
SHEEHAN : « JOE PEUT DÉMOLIR UNE ÉQUIPE À LUI SEUL »
Pour tout vous dire, on fut bien étonné de voir son nom couché dans le XV de départ à la place du non moins immense James Ryan, avec qui il compose l’attelage du Leinster. Ses coéquipiers, eux, n’étaient en revanche pas étonnés de sa prestation XXL. À commencer par son talonneur en club, Dan Sheehan qui fut lui aussi excellent à Marseille : « Joe, il est incroyable. Ce mec, c’est un puit d’énergie. Il est jeune, il est physique, il adore tous les aspects de la confrontation dans notre sport. J’ai l’impression qu’il est capable de démolir une équipe adverse à lui seul. Le plus difficile
pour nous, c’est de le contenir ! C’est génial de le voir à ce niveau, au milieu de mecs qui avaient une carrière prédestinée. Lui, n’avait pas cela. »
MCCARTHY : « JE N’AI JAMAIS ÉTÉ TITULAIRE DANS MES ÉQUIPES JEUNES »
Sheehan met le doigt sur un aspect intéressant du parcours de McCarthy. À l’inverse d’autres, le grand échalat n’était pas prédisposé à réussir au plus haut niveau. Certes, il était un pensionnaire du fameux Blackrock College, l’usine à champions dublinoise d’où sont sortis les Leo Cullen, Brian O’Driscoll, Jordi Murphy, Andrew Conway… Mais il a dû attendre sa toute dernière année pour in- tégrer l’équipe première : « Je n’ai jamais été un titulaire dans mes équipes scolaires, confiait le géant dans les entrailles du Stade Vélodrome. C’est drôle de me retourner aujourd’hui et de me dire que je ne jouais que dans la quatrième équipe de mon lycée. Très peu de gens pensaient que je parviendrais à ce niveau. » Il y est, pourtant. L’histoire dira s’il y reste…
À Marseille, McCarthy a néanmoins envoyé un signal fort. Impressionnant de vivacité sur les premiers mètres, il a donné des sueurs froides à la défense bleue qui a eu bien du mal à le contenir, comme en témoignent ses trois défenseurs battus et ses 32 mètres gagnés. « C’est le genre de joueur agressif et presque violent dont l’Irlande a besoin », soulignait l’ex-ailier du XV du Trèfle Andrew Trimble. Mais attention : la bête n’en est pas une. Une fois la rencontre terminée, le géant s’est empressé d’aller voir ses proches et d’offrir à son petit frère trisomique sa médaille d’homme du match. Il y a un coeur qui bat, sous cette montagne de muscles…