Comment l’Irlande a visé la « faille » Jalibert
MIS EN PLACE PENDANT LE MONDIAL, LE DÉPLACEMENT DE L’OUVREUR TRICOLORE EN POSITION DE « FAUX 13 » POUR DÉFENDRE APRÈS PHASE STATIQUE N’AVAIT ENCORE JAMAIS ÉTÉ PRÉJUDICIABLE AUX BLEUS. JUSQU’À VENDREDI…
Il y aurait beaucoup à écrire, au sujet de ce France - Irlande, quant à la manière dont les Verts ont blousé les Bleus, en mettant leur supériorité athlétique au service d’un plan aux petits oignons. Un parti pris qui s’est vérifié par la stratégie de jeu au pied, d’abord (les Irlandais n’ayant cherché aucune touche pour laisser au maximum le ballons sur le terrain, et fatiguer ainsi les avants français) ou leur utilisation des mauls furtifs pendant plus d’une heure, harassant les avants bleus pour mieux les prendre sur leur présumé point fort en fin de match. Toutefois, c’est bien au travers d’une autre option stratégique que les Irlandais nous ont semblé particulièrement brillants, ce vendredi à Marseille, en se montrant tout simplement les premiers à utiliser une des failles de la cuirasse française depuis la dernière Coupe du monde, à savoir le positionnement défensif de Matthieu Jalibert après phases statiques… « Sur les mêlées ou les touches proches de l’enbut, je défends en second centre, expliquait ce dernier au mois d’octobre. On sait que nos adversaires vont me « chercher » physiquement, alors on préfère mettre des gros défenseurs au centre du terrain et utiliser ma vitesse pour défendre sur les extérieurs. Ce sont des choix mis en place avec Shaun Edwards et le reste de l’équipe pour être le plus fort possible dans les zones d’affrontement. »
DIFFICULTÉS DE DÉPLACEMENT DES AVANTS AMPLIFIÉES
Le hic ? Il est précisément que les Irlandais se sont adaptés à ce positionnement, à Marseille. Et se sont appliqués, sur le base de trois lancements à plusieurs sorties, à aller le chercher en fonction de son placement, quitte à décaler le jeu au niveau du couloir des 15 mètres lorsque Jalibert s’y trouvait. Des options qui ont blousé les Français, pour deux raisons. D’abord parce que les irlandais ont obligé Matthieu Jalibert à s’employer physiquement, et réussi à générer des avancées précieuses pour mettre leur jeu en place. Mais surtout parce qu’en procédant de la sorte, ils ont obligé les avants français à couvrir encore plus de distance pour circuler autour des rucks, soit une couche supplémentaire du travail de sape destiné à épuiser le pack bleu en courant après le ballon. Ce qui s’est forcément ressenti dans un deuxième temps, quant à l’efficacité du premier rideau bleu, incapable de ralentir le moindre ballon et donc de s’organiser pour imposer des montées rapides. Jusqu’à le payer par trois essais, dont ceux de Gibson-Park et de Beirne en première période, terriblement révélateurs des difficultés des avants français à se déplacer, en infériorité numérique qui plus est… Et l’on n’oublie évidemment pas, pour la bonne bouche, cet essai de Nash directement imputable à un duel perdu par Jalibert devant Henshaw, coupable d’avoir cherché à « contrôler » la situation alors que tous les voyants semblaient au vert pour une montée en « rush ». Comme le signe évident que le travail de sape imposé par les Irlandais a fini par peser dans l’esprit de Jalibert, jusqu’à l’erreur fatale…