Willemse voit rouge, la touche aussi
L’EXPULSION DE WILLEMSE A EU DES CONSÉQUENCES DANS L’ORGANISATION DES BLEUS. MAIS C’EST EN TOUCHE QU’ILS ONT SEMBLÉ LE PLUS EN SOUFFRIR. EXPLICATIONS.
Il n’aura échappé à personne que, vendredi soir, le XV de France a évolué durant soixante minutes en infériorité numérique. Déjà sanctionné d’un carton jaune en début de rencontre pour une charge au visage d’Andrew Porter (9e), le deuxième ligne Paul Willemse en a reçu un deuxième à peine revenu en jeu pour un plaquage au niveau du cou de Caelan Doris (31e), ledit carton qui a même viré au rouge sur décision du « bunker ». Pardelà la dépense énergétique nécessaire à chacun des quatorze joueurs présents sur le terrain pour tenter de combler les brèches, c’est surtout l’organisation de la touche des Bleus qui a été mise à mal. Rester à égalité numérique aurait-il permis aux Bleus de rivaliser ? La question se pose, la réponse relève de la fiction. Mais souligner ce que le carton rouge de Willemse a changé dans cette rencontre s’impose. D’abord, un constat. Les Bleus ont perdu quatre de leurs dixhuit lancers, sans oublier trois ballons inexploitables car chahutés par l’alignement irlandais. Le déchet est grand. Immense. Avec ces statistiques, difficile de rivaliser face à ce qui se fait de mieux au monde. « Willemse est normalement de toute les combinaisons car c’est le « lifteur » prioritaire, explique l’ancien troisième ligne international Imanol Harinordoquy. Et puis, le staff avait fait le choix de se priver de Woki au coup d’envoi, ce qui explique probablement le manque de variété dans les annonces en touche. Et qui s’est amplifié avec le carton rouge de Willemse. » En clair ? La sortie prématurée du natif de Pretoria a privé les Bleus de nombreuses solutions. Exit toutes les combinaisons avec un alignement au complet. Au revoir les touches réduites impliquant le Montpelliérain. Le remplacer par Grégory Alldritt au « lift » supposait de trouver un autre relayeur, rôle dédié au capitaine. « Ça a été compliqué aussi parce que les Irlandais ont joué à la perfection, souligne l’ancien deuxième ligne international Jérôme Thion, consultant Canal +. De notre côté, on a manqué d’équilibre. L’absence de Woki a pesé tant sur le plan offensif que défensif. »
OLLIVON TROP SOUVENT VISÉ
Conséquence : en attaque, l’alignement tricolore a très (trop) souvent visé la zone de Charles Ollivon, facilitant la lecture et le travail de la défense irlandaise. L’ancien capitaine des Bleus était en charge des annonces, mais n’avait pas à sa disposition l’éventail de sauteurs et de combinaisons habituellement en place, la faute à de nombreuses absences mais aussi aux choix faits par le staff. Et ce qui est vrai en attaque l’est aussi en défense. « On a fait le choix de défendre à la retombée du ballon, pas en l’air, reprend Jérôme Thion. Ce n’était pas le cas sur les années précédentes, où
Cameron Woki, Anthony Jelonch ou Thibaud Flament avait cette capacité à contester dans les airs et surtout à réussir à mettre les mains sur le ballon, à naviguer dans le maul, ce qui est très perturbant pour l’adversaire. » Résultat : les Irlandais ont gagné 100 % de leurs lancers (13/13) facilement. « Un garçon comme Woki a manqué en contre, constate Harinordoquy. Il nous a toujours manqué 50 centimètres pour contester les ballons irlandais. » Quelques centimètres que le « jump » de Woki ou la puissance de Willemse au « lift » auraient peut-être pu combler. Qui sait ? Au lieu de ça, si « Charles (Ollivon) a réussi à bloquer le fond de l’alignement, les Irlandais ont su utiliser l’espace libre dans la zone entre le premier et le deuxième sauteur, ajoute le Basque. Et les Bleus, qui avaient perdu leur meilleur défenseur sur les ballons portés (Willemse), ont pris deux essais sur des mauls. » Implacable.
iGROUPE > Sept joueurs rappelés à Marcoussis Le staff du XV de France a dévoilé dimanche matin l’identité des sept joueurs rappelés en ce début de semaine afin de porter le groupe à trente-quatre. Si le Perpignanais Posolo Tuilagi avait déjà remplacé Romain Taofifenua jeudi, c’est le Toulonnais Dany Priso qui a été convoqué pour prendre la place de Reda Wardi. Léo Barré (Stade français), Nicolas Depoortere (Union Bordeaux-Bègles), Émilien Gailleton (Pau), Matthias Halagahu (Toulon), Thomas Laclayat (Racing 92) et Alexandre Roumat (Toulouse) seront aussi à Marcoussis pour préparer le déplacement en Écosse.
FIN DE SÉRIE > Lucu a « officiellement » perdu avec les Bleus Vendredi soir, le demi de mêlée Maxime Lucu célébrait sa dix-neuvième sélection en équipe de France. Et sa particularité, lors des dix-huit précédentes, c’était de n’avoir jamais connu la défaite avec les Bleus. En effet, à trois repri- ses, l’intéressé avait aussi été sur la feuille de match sans entrer en jeu. c’était notamment le cas lors du quart de finale de Coupe du monde perdu contre l’Afrique du Sud en octobre dernier. Ce n’était donc pas considéré comme une sélection officielle… Ainsi, le capitaine de l’Union Bordeaux-Bègles était en quelque sorte le « porte-bonheur » du staff de Fabien Galthié. Cette fois, Lucu – sous le feu des projecteurs puisqu’il prenait le relais d’Antoine Dupont – a fini par perdre avec le maillot tricolore sur les épaules. Il fallait bien que ça arrive un jour…
RETOUR > Priso : « C’est une belle surprise » Pour pallier à la blessure de Reda Wardi, le sélectionneur du XV de France Fabien Galthié a appelé le pilier du RCT Dany Priso, dont la dernière apparition en Bleu remonte à novembre 2022, contre le Japon. Le Toulonnais s’est déclaré « excité », mais jure ne pas avoir de senti- ment de revanche au fond de lui. Extraits de l’entretien accordé sur rugbyrama.fr : « C’était une belle sur- prise. Je suis quand même désolé pour mon pote Reda (Wardi,
N.D.L.R.) qui s’est blessé. Évidemment, sa blessure fait mon bonheur mais j’ai une pensée pour lui car il se donne à fond tous les week-ends et mérite son statut. De mon côté, je suis très content de rejoindre le groupe. L’équipe de France, ça reste toujours un objectif pour moi […] Je n’ai pas de revanche à prendre, ni sur moi-même, ni envers qui que ce soit. Je sais ce que je vaux sur un terrain, je fais partie des joueurs les plus utilisés à Toulon. C’était déjà le cas à La Rochelle. J’essaie d’être toujours disponible et d’être le meilleur possible quand on fait appel à moi. C’est pareil en équipe de France.
D’ailleurs, j’ai hâte d’y être. »
PREMIÈRE > Débuts internationaux pour Le Garrec et Tuilagi En conférence de presse d’après-match, le nouveau capitaine du XV de France Grégory Alldritt a notamment lâché :
« On aurait aimé offrir une meilleure première sélection à Nolann Le Garrec et Posolo Tuilagi. » Effectivement, tous deux ont fêté, vendredi soir à Marseille, leurs débuts internationaux. la particularité du demi de mêlée du Racing 92, c’était d’avoir déjà figuré sur une feuille de match : en Italie lors de la première journée du Tournoi des 6 Nations 2023. Mais, à Rome il y a un an, il n’était pas entré en jeu. Au Vélodrome, il a remplacé Maxime
Lucu après l’heure de jeu. Quant au deuxième ligne de Perpignan, sacré champion du monde des moins de 20 ans l’été dernier, il a pris le relais de Paul Gabrillagues à la 54e minute.
AUDIENCES TÉLÉS > Malgré le naufrage, les Bleus cartonnent… Vendredi soir, ce sont 6,6 millions de téléspectateurs qui ont suivi le match France - Irlande, le choc ayant lancé le Tournoi des 6 Nations 2024. Grâce au XV de France et aux Diables verts, France 2 s’est hissée ce soir-là sur la première marche du podium et rassemblé 33,6 % du public présent devant le poste de télévision. Certes éliminés en quart-de-finale de la dernière Coupe du monde, les hommes de Fabien Galthié sont toujours aussi « bankables », aux yeux des chaînes de télés.