L’amertume d’un oeil aiguisé
BAYONNE L’AVIRON A FAIT FRONT, IL A FAIT PLUS QUE S’ACCROCHER AVEC QUATRE ESSAIS. MAIS SON ENTRAÎNEUR RESTAIT LUCIDE SUR LES LIMITES DE SON GROUPE.
Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que ça se produit. Dans le rugby moderne, les scores gonflent vite et les Bayonnais se sont retrouvés dans le bus du retour avec une valise pleine de quarante-six points. Sincèrement, l’addition est trop salée pour les hommes de Grégory Patat capables de marquer quatre essais sur la pelouse des champions de France. À la 74e minute, ils avaient encore une chance de… gagner la partie. Grégory Patat ne cherchait pas d’excuses faciles. L’effondrement final, lui apparaissait presque logique : « Quand on veut prendre l’ascendant sur une équipe, il faut savoir asseoir une domination dans certains secteurs. Ces dix dernières minutes ne sont que les conséquences de nos manques précédents. Nous sommes trop fluctuants. Ces quarante-six points encaissés pour moi sont anecdotiques. Nous ne sommes pas assez costauds pour imposer quelque chose de sérieux à nos adversaires à l’extérieur. » Il était le premier à reconnaître que son équipe avait été capable de construire de beaux essais, on vous recommande la séquence collective qui aboutit à l’essai de Tiberghien avec une passe après contact d’école. Celui d’Erbinartegaray fut plus individuel mais tout aussi spectaculaire. L’Aviron bayonnais n’a manifestement pas encore franchi ce cap, ses joueurs n’arrivent pas à donner le meilleur d’eux-mêmes à l’extérieur.
JEU AU PIED TROP DANGEREUX
Grégory Patat n’a pas peur de faire part de ses analyses techniques et tactiques, c’est ce qui en fait l’un des interlocuteurs les plus passionnants du Top 14. Le contre de Dupont sur Tiberghien par exemple, il avait tout comme ça a priori d’un coup de poignard imprévisible. « Non, on se retrouve à dégager le ballon pied gauche pour taper à droite… »
Il n’eut pas peur de revenir sur les fameuses actions « fatales » (lire ci-dessous). « Oui sur notre sortie de camp à quinze contre treize, il faut respecter le jeu. Soit on trouve la touche depuis nos vingtdeux, soit on joue la carte de l’occupation… On aurait pu faire une passe supplémentaire et avoir un ruck près de la touche et on aurait vu ce que ça aurait donné. Nous avons été trop fébriles. Je crois que nous sommes retrouvés sans ballon pendant un quart d’heure. Ma frustration vient de là. Et plus tard, on bénéficie de cette pénalité, suivie d’un lancer pas droit. Nous n’arrivons pas à enchaîner les séquences positives qui nous auraient donné l’ascendant. Je pense aussi à Tatafu aussi qui a perdu un bon ballon. »
Le match séduisant des Bayonnais fut hélas, une forme de leurre pour qui suit les matchs d’un oeil aiguisé. Comme pour enfoncer le clou, Grégory Patat enchaîna : « Et puis, notre jeu au pied a été trop approximatif, que ce soit sur les par-dessus ou les rasants, on a rendu trop de ballons aux Toulousains en avançant. Contre eux, c’est trop dangereux et après on s’épuise par de longues séquences défensives. » Constat non dénué d’amertume qui vint un peu doucher l’enthousiasme qu’on avait éprouvé pour le match des Basques.