Frappé d’indignité… Nationale
TROIS MOIS AVANT LA FIN DE LA SAISON RÉGULIÈRE , LE DÉPÔT DE BILAN ÉQUIVAUT À UNE CONDAMNATION SANS APPEL DE L’ÉQUIPE AUX RÉSULTATS POURTANT FORT HONORABLES. FÉMININES ET JEUNES SONT DÉSORMAIS LES SEULS PORTE-DRAPEAUX DU VÉNÉRABLE BASTION CAOUEC.
L «’alternative était la suivante : imaginez deux enfants dont je serais en quelque sorte le père, à savoir la SAS professionnelle et l’association. Soit on continuait comme ça jusqu’à la fin du mois de juin en creusant un peu encore le déficit et je les tuais tous les deux, soit je prenais la décision d’arrêter maintenant la SAS, auquel cas, je sauvais l’autre, tout en permettant, par exemple, aux assurances de prendre le relais le plus vite possible. » Ainsi s’exprime Gaëtan Alengrin, le directeur général du club piloté par Luc Vignolle, d’une voix brisée par l’émotion. Et pour cause. Jeudi, l’acte de décès du Blagnac Rugby sera entériné par le tribunal de commerce. Soit trois licenciements et une saison qui s’achève brutalement pour le groupe fanion.
En 2007-2008, le BSCR, son devancier, avait connu la double peine, la relégation sportive se conjuguant à une rétrogradation en Fédérale 2 pour cause de gestion défaillante de l’éphémère parenthèse ouverte en Pro D2. Pour autant, les deux situations ne se comparent pas à en croire ce même Gaëtan Alengrin, présent au club, faut-il le rappeler, depuis de longues années, en tant que partenaire, actionnaire et membre du comité de direction : « Personne n’est fautif, il n’y a aucune malversation à déplorer, juste une accumulation liée à une conjoncture dont nous payons les pots cassés. Sachez-le, d’ailleurs, n’était-ce l’issue fatale, je ne regrette rien. Un rêve s’est effondré; maintenant, il faut assumer. » Et c’est vrai, du côté des Ramiers, on n’a pas été épargné par les coups durs, à commencer par la disparition, en juin dernier, de Patrick Roumagnac, le prédécesseur de Jean-Christophe Pinel à la tête de l’association.
UN DÉFICIT STRUCTUREL
Toujours est-il que le déficit avoisinerait le million d’euros, voire davantage. Un gouffre abyssal. Incroyable, pour un numéro 3 hautgaronnais doublé d’un centenaire dont la cote était remontée en flèche depuis plusieurs années auprès des suiveurs. D’ailleurs, si le départ d’Eric Escribano juste après la demi-finale promotionnelle perdue de peu au profit de Dax avait été diversement apprécié, le passage de témoin entre Benoît Trey et Luc Vignolle semblait s’être effectué en douceur. D’aucuns diront pourtant que le ver était dans le fruit, qu’un déficit chronique, structurel même, faisait partie du décor. Pourtant, le P.-D.G. de Manupro était tout ce
qu’il y a de plus sincère lorsqu’il annonçait un prévisionnel de 3,1 millions d’euros. Oui mais voilà, des partenaires ont revu leurs engagements à la baisse tandis que d’autres se désistaient. Lundi dernier, staff et joueurs ont été mis devant le fait accompli. Les voici à la recherche d’une nouvelle destination, sachant que les instances de la FFR sauront se montrer compréhensives au regard du caractère exceptionnel de la situation. Depuis Lille, à la fin de l’hiver 2016, en Fédérale 1 à l’époque, le « mundillo » ovale n’avait pas connu une telle cessation d’activités à un stade aussi avancé de la saison.