Midi Olympique

Frappé d’indignité… Nationale

- Par Philippe ALARY

TROIS MOIS AVANT LA FIN DE LA SAISON RÉGULIÈRE , LE DÉPÔT DE BILAN ÉQUIVAUT À UNE CONDAMNATI­ON SANS APPEL DE L’ÉQUIPE AUX RÉSULTATS POURTANT FORT HONORABLES. FÉMININES ET JEUNES SONT DÉSORMAIS LES SEULS PORTE-DRAPEAUX DU VÉNÉRABLE BASTION CAOUEC.

L «’alternativ­e était la suivante : imaginez deux enfants dont je serais en quelque sorte le père, à savoir la SAS profession­nelle et l’associatio­n. Soit on continuait comme ça jusqu’à la fin du mois de juin en creusant un peu encore le déficit et je les tuais tous les deux, soit je prenais la décision d’arrêter maintenant la SAS, auquel cas, je sauvais l’autre, tout en permettant, par exemple, aux assurances de prendre le relais le plus vite possible. » Ainsi s’exprime Gaëtan Alengrin, le directeur général du club piloté par Luc Vignolle, d’une voix brisée par l’émotion. Et pour cause. Jeudi, l’acte de décès du Blagnac Rugby sera entériné par le tribunal de commerce. Soit trois licencieme­nts et une saison qui s’achève brutalemen­t pour le groupe fanion.

En 2007-2008, le BSCR, son devancier, avait connu la double peine, la relégation sportive se conjuguant à une rétrograda­tion en Fédérale 2 pour cause de gestion défaillant­e de l’éphémère parenthèse ouverte en Pro D2. Pour autant, les deux situations ne se comparent pas à en croire ce même Gaëtan Alengrin, présent au club, faut-il le rappeler, depuis de longues années, en tant que partenaire, actionnair­e et membre du comité de direction : « Personne n’est fautif, il n’y a aucune malversati­on à déplorer, juste une accumulati­on liée à une conjonctur­e dont nous payons les pots cassés. Sachez-le, d’ailleurs, n’était-ce l’issue fatale, je ne regrette rien. Un rêve s’est effondré; maintenant, il faut assumer. » Et c’est vrai, du côté des Ramiers, on n’a pas été épargné par les coups durs, à commencer par la disparitio­n, en juin dernier, de Patrick Roumagnac, le prédécesse­ur de Jean-Christophe Pinel à la tête de l’associatio­n.

UN DÉFICIT STRUCTUREL

Toujours est-il que le déficit avoisinera­it le million d’euros, voire davantage. Un gouffre abyssal. Incroyable, pour un numéro 3 hautgaronn­ais doublé d’un centenaire dont la cote était remontée en flèche depuis plusieurs années auprès des suiveurs. D’ailleurs, si le départ d’Eric Escribano juste après la demi-finale promotionn­elle perdue de peu au profit de Dax avait été diversemen­t apprécié, le passage de témoin entre Benoît Trey et Luc Vignolle semblait s’être effectué en douceur. D’aucuns diront pourtant que le ver était dans le fruit, qu’un déficit chronique, structurel même, faisait partie du décor. Pourtant, le P.-D.G. de Manupro était tout ce

qu’il y a de plus sincère lorsqu’il annonçait un prévisionn­el de 3,1 millions d’euros. Oui mais voilà, des partenaire­s ont revu leurs engagement­s à la baisse tandis que d’autres se désistaien­t. Lundi dernier, staff et joueurs ont été mis devant le fait accompli. Les voici à la recherche d’une nouvelle destinatio­n, sachant que les instances de la FFR sauront se montrer compréhens­ives au regard du caractère exceptionn­el de la situation. Depuis Lille, à la fin de l’hiver 2016, en Fédérale 1 à l’époque, le « mundillo » ovale n’avait pas connu une telle cessation d’activités à un stade aussi avancé de la saison.

 ?? Photo DDM ?? La victoire face à Hyères-Carqueiran­ne la semaine dernière aura été la dernière apparition officielle des Blagnacais en Nationale.
Photo DDM La victoire face à Hyères-Carqueiran­ne la semaine dernière aura été la dernière apparition officielle des Blagnacais en Nationale.

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