La France, place forte du VII
CONSTAMMENT PRÉSENTES DANS LE TOP 5 DES ÉPREUVES NORD-AMÉRICAINES, LES DEUX SÉLECTIONS TRICOLORES S’AFFIRMENT COMME DE SÉRIEUSES CANDIDATES AU PODIUM OLYMPIQUE DANS UN MOINS DE CINQ MOIS.
Au coeur de la saison, la tournée nord-américaine a permis aux deux équipes tricolores d’envoyer un message fort à l’attention de la planète à VII : la France est plus que jamais une place forte de la discipline. Sur la quinzaine, les Bleus et les Bleues ont terminé à quatre reprises dans le top 5 mondial. Aucune autre nation ne peut se targuer d’une telle assiduité au plus haut niveau sur la double échéance, pas même les Neo-Zélandais ou les Australiens. À moins de cinq mois des jeux Olympiques de Paris, la promesse n’en est que plus belle. Et l’espoir de voir les deux sélections monter sur le podium sérieux.
Une semaine après avoir ajouté une nouvelle médaille d’argent à leur palmarès, à Vancouver, les Françaises ont chuté dès les quarts face aux Canadiennes à Los Angeles. Elles n’en restent pas moins une équipe du très haut de tableau avec, aux yeux de David Courteix, « un bon groupe, sans doute le plus profond et dense du World Séries ». Le plus expérimenté sur le circuit, aussi, avec plus de 300 tournois au compteur. Reste à muscler encore les têtes pour transformer cette puissance collective en or. « Ce n’est pas de perdre contre le Canada, qui est une très belle équipe qui me dérange, mais c’est la manière, constatait le technicien ce dimanche. Il va falloir analyser tout cela pour devenir plus intelligentes et résilientes. Il y a eu confusion entre être engagées et être survoltées. Nous devons apprendre à faire en fonction des éléments même sur un week-end moyen, où l’on manque de spontanéité… . »
« UN GRAND PAS EN AVANT »
Dans une démarche tenant autant du rugby que de la psychologie, l’entraîneur national oeuvre dans l’ombre à ce que se produise le déclic, tôt ou tard. En sachant que l’échéance de juillet occulte toutes les autres : « Il y a une chose que je vise à terme : l’aptitude à faire face à toutes les situations en restant engagées et lucides. Je n’ai pas une once de doute quant aux capacités de ce groupe. Ce résultat ne me déstabilise pas. Ce qui nous déstabilise actuellement, c’est ce qu’on remue en interne. En ce moment, on se regarde dans la glace et c’est dur. J’assume le fait de semer le bazar dans les têtes pour passer le cap. Ça explique qu’on puisse être déstabilisée, que ça secoue en l’intérieur. Il faut accepter ce doute, le dépasser. » Et si possible d’ici juillet. Du côté des garçons, l’indicateur de la confiance a grimpé en flèche au fil de la quinzaine outre-Atlantique. Du Canada, d’où ils sont repartis « bronzés », aux États-Unis, les troupes de Jérôme Daret ont livré un aperçu de leurs capacités : Paulin Riva et ses partenaires ont su déployer un rugby total par moments – comme dans le match pour la troisième place à Vancouver – comme se dépouiller pour s’extirper de véritables traquenards – les deux quarts avec, à chaque fois, des infériorités numériques à gérer. « Nous avons été très solides mentalement, félicitait chaleureusement Paulin Riva après la victoire cruciale face aux États-Unis, samedi. Chapeau aux mecs. » Dans les deux cas, l’accession au dernier carré a contribué à replacer la France sur l’échiquier mondial à VII : aucune autre nation n’a réussi cette performance sur les deux étapes nord-américaines. « C’est tout le travail effectué depuis un an ou deux qui paye, reprend la capitaine. La saison passée, on arrivait très fréquemment dans le dernier carré. Là, on a eu un peu de mal à se lancer en début de saison mais on monte en puissance. On fait preuve de froideur, de maîtrise. » Après avoir disputé six demi-finales en onze épreuves en 2023-2024, les Bleus reprennent leurs bonnes habitudes et une trajectoire prometteuse : « Depuis que Jérôme Daret est à la tête de l’équipe France, il y a eu un grand pas en avant d’effectué, retrace Stephen Parez-Edo Martin. Il a su s’entourer des bonnes personnes et l’équipe est vraiment solide désormais. » Comment, dans cette subtile alchimie, ne pas mettre en avant l’apport immédiat et fulgurant d’Antoine Dupont ? Attendu comme le facteur X de France 7, le Toulousain est déjà plus que ça. Dans une discipline où la guerre psychologique compte presque autant que le reste, sa présence vaut de l’or. Le même que celui après lequel les Bleus courent depuis tant d’années.
Grâce à ses deux sélections, la France est en train de devenir une vraie nation de rugby à VII. Photo Icon Sport