Sur les terrains
« Des grands joueurs, il y en a eu beaucoup dans la discipline : Sonny Bill, Habana, Hogg… Mais je n’en ai jamais vu un s’adapter aussi vite, être aussi rapidement efficace. Ça lui donne une énorme crédibilité, ainsi qu’à son projet de participer aux jeux Olympiques. » Rob Vickerman, référence du rugby à
VII anglais et commentateur de tous les événements depuis une décennie, en a vu, de toutes les nations, de tous les styles. Et son verdict claque comme une vérité absolue : Antoine Dupont a battu les temps de passage de tous ses prédécesseurs quinzistes avec son intégration express au VII. Allant jusqu’à désavouer certains de ses principes : « Je me rappelle avoir eu une discussion avec Sonny Bill en 2015 et j’avais dit qu’il fallait six mois pour s’immerger dans cette discipline, faire la bascule tactique, psychologique, physique. Dupont est arrivé il y a deux semaines et on dirait qu’il est là depuis des années. » Après deux entrées en jeu en guise de repérages au Canada, le Toulousain n’a eu de cesse d’épater la galerie à chacune de ses sorties jusqu’à s’affirmer comme un des éléments les plus déterminants : « Si vous regardez son tournoi à Vancouver, huit de ses dix actions ont été positives. » La preuve, si besoin, qu’il n’avait pas été intronisé dans l’équipe type de l’étape pour des raisons seulement commerciales…
« ÇA PROVOQUE UN DÉCLIC »
À Los Angeles, où son temps de jeu est allé logiquement crescendo, signe aussi d’une endurance remarquable, il a encore brillé sous différentes facettes. Sans surjouer, à l’instinct : on l’a vu chevaucher sur un demiterrain entre plusieurs défenseurs – démontrant ainsi que sa vitesse sur 40 mètres lui permettait de créer des différences dans la discipline, gérer avec à propos des situations d’infériorité numérique, défendre comme il le fallait et même offrir un essai par une passe au pied : « On n’est pas trop habitué à voir cela mais ça a marché, en souriait après coup Stephen Parez-Edo Martin. S’il nous sort des coups d’éclat comme ça, c’est parfait. C’est une autre corde à notre arc. Il sait tout faire. » Son apport va bien au-delà de ses actions en tant que telles : « On attendait justement de lui qu’il amène son expérience, son sang-froid. » « Le fait qu’il soit là nous pousse à donner le meilleur de nousmêmes », prolonge William Iraguha. De l’extérieur, Rob Vickerman le voit ainsi : « Depuis 18 mois, la France a beaucoup progressé mais avec Antoine Dupont, elle peut franchir le dernier cap. Avoir un joueur comme lui dans son effectif, ça provoque un déclic. Quand vous avez un tel élément dans votre équipe, ça enclenche un cercle vertueux, ça donne confiance et ça rehausse tous vos standards de ce que vous pensiez être bien. » Et à en croire le principal intéressé, le meilleur reste à venir : « À chaque fois que je suis sur le terrain, je progresse. Après, je ne fais pas non plus des bilans quotidiens pour savoir où j’en suis. Je continue d’apprendre, de me nourrir, au fil des analyses, des discussions avec les mecs. » La conclusion risque d’en inquiéter plus d’un, sur le circuit, en vue des prochaines retrouvailles : « Je me familiarise encore avec ce sport mais, pour le moment, ça ne se passe pas trop mal. » Un bien doux euphémisme. V. B.