Okemba, la musique de son monde
PILIÈRE DE FRANCE 7 MAIS AUSSI CHANTEUSE ET MUSICIENNE, SÉRAPHINE OKEMBA VA PROCHAINEMENT SORTIR LE PREMIER TITRE D’UN ALBUM ÉVOQUANT SA VIE DE SPORTIVE ET LES JEUX OLYMPIQUES. RENCONTRE.
En Amérique du Nord, Séraphine Okemba a retrouvé la compétition et, dans le même temps, son large sourire caractéristique : « Ça y est, on peut dire que ma saison a commencé à Vancouver, savouraitelle la semaine passée. Avec ma double opération à un doigt puis à une clavicule à l’automne, les derniers mois ont été assez durs à vivre mentalement. En plus, ça faisait peur comme c’est une année olympique… » Elue dans l’équipe type de l’étape canadienne et encore à son avantage à Los Angeles, la pilière à tout faire de France 7 peut se projeter sur la suite avec plus de sérénité et d’optimisme. À son retour en France, sa régénération passera en partie par la musique. Une passion autant qu’une échappatoire pour la native de Dreux : « À chaque fois que je vis des choses qui me marquent, j’aime les écrire et en faire des chansons, raconte la joueuse du Lou. Toutes ces choses incroyables, je me demandais comment je pourrais les partager avec les gens. » Pour cette joueuse de guitare et de piano, la voie était toute tracée : « L’avantage de la musique, c’est qu’elle voyage avec nous quoi qu’il arrive : nous avons tous une musique quand on est triste, une autre quand on se sent bien. À mes yeux, c’était la meilleure des manières de raconter ce qui m’arrive. Evidemment qu’on a de la chance d’avoir ce quotidien et quand nous publions des « storys » sur Instagram, la première réaction est toujours : « Ouah, ils sont à Vancouver, à Los Angeles, trop bien… » Mais nous sommes là pour le sport, ce ne sont pas des vacances. Et ce n’est pas toujours simple : il peut y avoir des conflits comme dans une famille, des coups de moins bien… J’ai beau l’expliquer à mes proches, j’ai l’impression qu’il y a un décalage entre ce que je dis et ce qu’ils comprennent. La musique aide à poser toutes ces choses-là, à montrer l’envers du décor de cette aventure. »
Chemin faisant, ce qui était un passe-temps commence à prendre les contours d’une carrière artistique : « J’ai récemment sorti un premier titre qui s’appelle « Not alone » (« Pas toute seule », N.D.L.R.), à l’écoute sur toutes les plate-formes. C’était juste pour me lancer. En parallèle, j’ai surtout un projet dédié aux jeux Olympiques pour évoquer, en français cette fois, tout ce que l’on traverse en tant que sportif : le regard des autres, la confiance en soi, la gestion des émotions, la pression, la valeur que l’on s’accorde à soi-même, les sacrifices que notre choix de carrière induit. Comme je suis parti du principe qu’il n’y a pas plus multiculturel comme événement que les JO, j’ai voulu mêler trois styles : l’afro, la pop et du piano-voix. »
UN PREMIER TITRE SUR LE POINT DE SORTIR
Avant d’aborder le plus grand événement de son parcours de rugbywoman - des jeux Olympiques à la maison, Séraphine Okemba s’apprête à effectuer un premier saut dans le vide. Artistiquement parlant : « Je projette de sortir le premier titre de mon album après cette tournée, nous racontait-elle entre les deux étapes nord-américaines. Et il y en aura un ou deux autres d’ici les JO. Tout le reste ne verra le jour qu’après la compétition. » Pour une évidente question de priorités personnelles : « Je n’ai pas envie de m’éparpiller et je ne veux pas avoir de reproches si je venais à « contre-performer », affirme-t-elle sans sourciller. Il faut dire que je travaille aussi sur un dessin animé. Tout ça m’amuse et me permet de m’évader mais le rugby reste au centre. » Ses performances sont là pour le rappeler, si tant est qu’il le fallait..
Séraphine Okemba a été élue dans l’équipe type de l’étape de Vancouver à l’occasion de son retour à la compétition. En médaillon, la pochette de son premier titre. Photo Icon Sport